Agathe Seube, assistante maternelle : « Je vais au RPE pour offrir un moment de vie différent aux enfants accueillis »
Mais le mot relais, m’évoque aussi bien des souvenirs, mais pas toujours des plus valorisants.
D’abord découvert dans le milieu professionnel, j’ai sollicité « du relais » auprès de mes collègues à plusieurs reprises, lorsque j’étais en difficulté, souvent seules, auprès de tout petits bébés. J’ai aussi moi-même été ce relais, de nombreuses fois. Un relais pour aller fumer, pour aller manger, ou tout simplement pour souffler. Être un relais a aussi été une jolie preuve de confiance, de reconnaissance. On sollicite quelqu’un aussi bien dans les moments de détresse ou de questionnement, que parce que cette personne pourra apporter une réponse de qualité à notre besoin, ou celui de l’enfant. Puis, j’ai redemandé du relais, et ait été le relais à nouveau, lorsqu’avec la fatigue les pleurs de mon propre bébé étaient devenus trop durs à supporter.
Voilà dans un premier lieu ce que m’évoque le relais : une assistance de confiance en cas de difficulté ou de nécessité.
Mais impossible pour moi de me projeter dans une explication de ce que représente ce lieu à mes yeux, sans me questionner, et aller chercher plus d’informations sur le sujet. Le relais est un mot dérivé de relayer, et plusieurs définitions lui sont attribuées. Mais dans le contexte du relais petite enfance, deux ont particulièrement attiré mon attention : « Prendre la suite de quelqu'un pour assurer la continuité d'une action » et « Remplacer, dans une course d'équipe, un équipier (une équipière) pour poursuivre l'effort commun. »
« L’effort commun » ou encore « la continuité d’une action » ne m’évoquent aucune connotation négative, et me font penser à ce célèbre poème africain : « il faut tout un village pour élever un enfant ».
Car élever a selon moi une dimension bien plus forte que celle de l’éducation. Élever, dans le sens hisser vers le haut. Apporter une réponse continuelle à leurs besoins sur le plan physiologique certes, mais surtout psychologique, car nous connaissons toute l’importance d’une réponse positive à ces derniers pour que le jeune enfant en construction devienne un adulte sécure et épanoui. Alors se rendre au relais, c’est offrir de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres, un nouveau lieu aux enfants accueillis.
C’est pourquoi, le RPE pour moi, ce n’est pas uniquement un relais en cas de difficulté, mais un relais pour éviter les difficultés. Bien que propres à chacun, les difficultés sont la plupart du temps liées à des contrariétés elles-mêmes liées à une situation avec un enfant ou son parent, ou encore bien souvent l’isolement. On dit souvent que le bien-être de l’enfant est lié en partie au bien-être de son parent. Et dans ce cas, pour moi, se rendre au relais, c’est favoriser le bien-être de l’enfant, en favorisant celui de son accueillant. Fréquenter le relais, c’est aussi avoir la possibilité de faire un pas de côté, un pas permettant d’apporter une vision différente de l’enfant, de répondre à des questionnements, tout en offrant une occasion de souffler. Souffler par les échanges interprofessionnels, d’échanges simplement différents, car on connait tous le poids de l’isolement, et l’énergie que demande le travail auprès de jeunes enfants, tout en leur offrant, un mode de sens et d’expériences.
Je parlais au début de ma réflexion sur l’animation. En écrivant ceci, je réalise aujourd’hui que c’est tout le sens que j’attribue au relais. Car animer c’est un mot issu du latin animare (« donner de la vie »), de anima (« souffle, vie »). Je réalise ainsi, que c’est très exactement ce que je viens chercher au relais. La possibilité d’offrir un moment de vie différent et de qualité aux enfants accueillis. Mais aussi, la possibilité pour eux, comme pour moi de souffler en sortant le temps d’une matinée ô combien joyeux mais parfois bien rythmé… Animé !
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