À la crèche de la Haye-Fouassière, les couches lavables sont devenues la norme

Réduire ses déchets, protéger la peau des enfants, faire des économies… Passer aux couches lavables peut avoir de nombreux avantages. La pratique reste plus rare en crèche, car sans une bonne organisation, le projet a peu de chances d’aboutir. Le multi-accueil de la Haye-Fouassière en Loire-Atlantique a lui franchi le cap en 2021. Explications et bilan.
C’est l’heure de changer la couche d’Izia, 5 mois. Sur le tapis de change, elle gazouille, occupée à attraper ses orteils. À ses côtés, Christine Benjamin s’affaire. Elle a rejoint l’équipe il y a quelques mois, après avoir validé son CAP AEPE. La couche sale est ôtée, les fesses, nettoyées. Christine attrape alors une couche lavable sur une étagère. En quelques gestes sûrs, elle ajuste le tout et rhabille l’enfant. Dernière étape, jeter le voile avec les selles à la poubelle et séparer les différentes parties de la couche qui sont stockées en attendant le lavage.

Se former pour élaborer un projet efficace
« Lors du recrutement de l’équipe, explique Hélène Lemoine, responsable du multi-accueil, nous avons sondé les candidates pour savoir ce qu’elles pensaient des couches lavables ». En 2019, l’ancienne halte-garderie municipale se modernise pour devenir un multi-accueil de 36 berceaux. L’équipe ambitionne alors d’utiliser des couches lavables. Peu soutenu par la municipalité, le projet reste dans les cartons jusqu’aux élections de 2020. Le nouveau Conseil municipal, davantage tourné vers l'écologie, va remettre le dossier sur la table. 
La structure fait alors appel à une professionnelle des couches lavables pour se former et s’équiper. « Nous avons loué pendant un mois deux modèles de couches afin de voir avec lesquelles nous serions le plus à l’aise. Nous voulions une couche lavable française, en coton bio et la plus fine possible», raconte Hélène Lemoine. À la fin du test, l’équipe se décide pour la couche Hamac, une « tout-en-deux », complètement démontable. 

Une véritable logistique 
Le projet est également pensé pour ne pas surcharger le travail quotidien des professionnelles. Pour Hélène Lemoine, c’est indispensable: « nous souhaitions que l’équipe reste à 100% avec les enfants ». Les auxiliaires ne manipulent les couches qu’à l’heure du change. Le lavage et le séchage sont gérés par la personne chargée de l’entretien. Pour une organisation fluide, la crèche a investi dans une machine et un sèche-linge supplémentaire. Vient l’étape chronophage de l’assemblage des couches. Avant chaque utilisation, l’insert absorbant est glissé dans la nacelle imperméable avec le voile jetable. Une employée de la mairie y consacre 6 heures par semaine. Selon Hélène Lemoine : « Ce poste est essentiel. L’année dernière, il n’y a eu personne pendant 5 mois et nous avons dû repasser au jetable. »

Un budget réduit de 1240 euros
L’objectif du projet était de réduire les déchets produits par la crèche. Chaque année en France, 3,5 milliards de couches sont jetées. Cela représentait 33 000 couches par an pour le multi-accueil soit un budget de 5 000 euros. Passer aux couches lavables a permis de réduire ce chiffre à 8 280 couches par an (pour un budget de 1240 euros). Le dernier change quotidien des enfants se fait encore en jetable afin de simplifier pour les familles le retour à la maison. La transition a coûté 5 800 euros en formation et en matériel. La première année, seule la section bébé est passée en lavable. L’année suivante, le reste des effectifs a été équipé.

« C’est un outil comme un autre », déclare Christine Benjamin, membre de l’équipe pédagogique, au sujet des couches lavables. Parfois, en réunion d’équipe, la question des fuites est évoquée. « Nous avions un souci récurrent de couches débordantes avec deux enfants, se rappelle Hélène Lemoine. Nous nous sommes demandées si le lavable était responsable. Mais il y avait autant de fuites en jetable ». De même pour les rougeurs. « Il est arrivé qu’un couple dont le bébé faisait des fesses rouges, questionne les couches lavables. Mais le souci était passager et tout est rentré dans l’ordre.» La plupart des familles accueillent le projet avec le sourire. Même si, regrette Hélène Lemoine, « il y a encore beaucoup de préjugés autour des couches lavables.»

Trois ans après le début de l'expérimentation, les couches lavables sont entrées dans le quotidien de la crèche de la Haye-Fouassière . Même si le matériel est bien entretenu, les couches lavables ne sont pas éternelles, et la structure devra renouveler une partie de son matériel d’ici 18 mois.
Article rédigé par : Margaux Chevalier Vasseur
Publié le 15 novembre 2024
Mis à jour le 30 novembre 2024