A Rennes, des tenues de service recyclées pour les enfants des crèches

La ville de Rennes a lancé une expérimentation pour recycler les vêtements de travail usagers ou abîmés des agents communaux en tenues et accessoires pour les enfants de ses crèches.

 
Pour sortir au jardin, les enfants de la crèche de la Poterie de Rennes enfileront bientôt leur nouvelle tenue de lumière : une salopette jaune et orange à bandes réfléchissantes… qui rappelle quelques peu les vestes de travail des agents d’entretien des espaces verts de la ville! Et pour cause : ces petits pantalons ont été confectionnés à partir des tenues de service usagées du personnel communal.

Une initiative portée par la ville
Depuis avril, la ville de Rennes a impulsé cette expérimentation dans le cadre d’un projet plus global, « On agit pour nos habits ». Tous les services ont été sollicités, et notamment celui de la Petite enfance. « J’ai été invitée à faire partie d’un groupe de travail sur les vêtements de la ville, raconte Mélanie Blouin, infirmière-puéricultrice et directrice de la crèche de la Poterie. Et très vite, on s’est adressé à moi pour réutiliser les vêtements usagés des adultes pour les enfants. J’ai trouvé l’idée géniale! »
Si le groupe de travail a pensé à Mélanie Blouin pour lancer cette initiative, c’est parce que sa crèche, l’une des plus anciennes de Rennes - elle fête cette année ses 30 ans-, fait partie des établissements qui sollicitent déjà, chaque lundi, l’une des quatre agents techniques polyvalentes et notamment couturières du service Petite enfance de la ville : Isabelle.

Gilets jaunes, sacs, salopettes, pantalons, couffins, tapis d’extérieur…
« On lui demandait déjà souvent des sacs, des turbulettes d’été, des tapis à histoire, des poches à doudous… », poursuit Mélanie Blouin. Mais jusqu’alors, elle utilisait des tissus de récupération interne à la crèche comme des alèses de lit, des coupons donnés par les parents et quelques matériaux achetés avec une petite enveloppe de 80 à 100 euros par an. L’arrivage des tenues de travail décuple considérablement son stock.
Pour coordonner le recyclage de ces tenues par les couturières, Anne Morillon, chargée de mission Transition écologique au sein de la Direction Petite enfance (poste créé en avril 2024 pour favoriser les projets de ce type), a organisé une réunion à la crèche de la Poterie avec un premier stock de vestes. Les idées ont commencé à émerger et les échanges ont continué via un groupe Whatsapp. Gilets de sécurité, sacs, salopettes, pantalons, couffins, tapis d’extérieur, sacs de lavage… les premiers patrons ont été échangés et les premiers prototypes réalisés.

« L’idée, c’est vraiment de soulager les équipes, de faciliter la vie des enfants, pour sortir plus »
« Tout ce qui est jeux, jouets, comme les couffins, a été utilisé de suite mais la salopette faite par Isabelle a plutôt servi de modèle, précise Mélanie Blouin. On en aurait besoin d’une vingtaine d’autres, pour compléter avec les pantalons d’extérieurs que nous avons déjà. » De quoi équiper les 64 enfants de la crèche dès lors qu’ils se déplacent à quatre pattes et de pouvoir faire un roulement : pendant que certaines salopettes sèchent, d’autres sont prêtes à l’emploi. « Pour l’instant, le prototype est en taille unique, mais il nous la faudrait deux tailles, estime la directrice. Isabelle va aussi nous faire des prototypes de capes. »

Au-delà de participer au réemploi de matériaux considérés comme hors d’usage, l’objectif, pour Mélanie Blouin et l’ensemble du service Petite enfance, c’est de sortir davantage. « Quand je suis arrivée à la crèche, il y a six ans, je trouvais que les enfants n’allaient pas assez dehors, confie la directrice. J’ai demandé quels étaient les freins et c’étaient, notamment, les vêtements. Le temps d’habillage, de déshabillage. Nous avons réfléchi et eu l’idée des bottes en caoutchouc. Depuis, on demande aux parents de nous en fournir pour chaque enfant, ça facilite vraiment le fait d’aller dans le jardin. Pour les capes, on imagine les mêmes avantages : il n’y a pas d’enfilage de manches, c’est plus simple, plus rapide. » Parce qu’aujourd’hui, passer 30 minutes à habiller et déshabiller les enfants, même si cela fait partie des apprentissages à un certain stade, pour 15 minutes passées dehors, c’est plutôt… décourageant… « L’idée, c’est vraiment de soulager les équipes, de faciliter la vie des enfants, pour sortir plus », poursuit Mélanie Blouin.

« Plus de nature dans les crèches » : un projet pédagogique global
Un projet pédagogique qui s’insère dans celui, plus global, porté par la collectivité : « Plus de nature dans les crèches ». Symbole emblématique de cette démarche : l’ambitieux projet de crèche en plein air du Bois-Perrin, porté par la ville à hauteur d’un investissement de 5 millions d’euros. Ce sera la première crèche municipale en plein air du Grand Ouest. Pour nourrir ce projet, la ville a récemment envoyé une délégation dans une crèche en forêt d’Erlangen, en Allemagne, ville jumelée avec Rennes et modèle en la matière. Les portes de la nouvelle crèche en plein air de Rennes devraient ouvrir fin 2027.

D’ici là, les nouvelles tenues d’extérieur des enfants, réalisées à partir des vestes de service usagées, devraient être prêtes. « Nous faisons un point en décembre sur les prototypes testés, les besoins des 19 crèches, pour voir comment poursuivre la démarche en 2025, affirme, enthousiaste,  Anne Morillon. Nous envisageons d’établir une convention de partenariat avec un établissement et service d’accompagnement par le travail (ESAT) pour voir plus grand, éventuellement pouvoir impliquer les crèches associatives et avoir du renfort sur la confection des tenues. » Avec 1 523 places en crèches, et des besoins en hausse, les couturières ont du pain sur la planche! Mélanie Blouin est confiante : « j’imagine déjà les capes suspendues au-dessus des bottes, prêtes à être enfilées par les enfants! »





 
Article rédigé par : Elodie Buzaud
Publié le 07 novembre 2024
Mis à jour le 18 novembre 2024