Le 19 novembre, les professionnels de la petite enfance, les parents, et les citoyens ont manifesté à l’appel du Collectif Pas de bébés à la consigne. Une quarantaine de rassemblements ont eu lieu dans toute la France : plus de 1000 participants à Paris, 350 à Toulouse, 300 à Lyon, 150 à Nantes, 100 à Nice, Bayonne, Rennes, Saint‐Etienne et Limoges, 50 à Strasbourg. Preuve que la colère du secteur face à la dégradation des modes d'accueil ne retombe pas.
Des pros écoutés, mais sont-ils entendus ?
Le jour même Pas de bébés à la consigne a été reçu par Agnès Canayer, ministre de la Famille et de la petite enfance. « Elle a écouté nos propositions, mais rien de plus , nous confiait Emilie Philippe, membre du collectif dès le lendemain. Tout est suspendu à la publication du référentiel qualité des modes d'accueil attendu en décembre.» Le communiqué précise : « la ministre nous a renvoyé à une nouvelle étape de discussion en janvier 2025.»
Néanmoins à sa sortie du ministère, le Collectif était partagé entre le sentiment d’avoir été écouté, l’impression d’être enfin considéré, - avec dès à présent un rendez-vous fixé en janvier - , et la frustration de ne pas avoir obtenu d’avancées concrètes.
Une interview qui ne passe pas
Mais le lendemain, lors d'une interview sur France Info, la ministre fait marche arrière et change radicalement de positionnement relate le communiqué. Elle « paraît alors écarter toute évolution favorable du taux d'encadrement des enfants qui, à l'entendre, ne serait pas corrélé aux enjeux de qualité, prétextant la pénurie actuelle de professionnels mais ignorant le consensus de tous les récents rapports officiels à ce sujet ; elle semble également écarter une revalorisation salariale des métiers de la petite enfance qui, selon elle, ne serait pas corrélée à leur attractivité, tout en affirmant que des augmentations de salaires ont eu lieu ; pourtant les assistantes maternelles n'ont bénéficié que de quelques centimes horaire au titre du relèvement du SMIC et la plupart des professionnel.les de l'accueil collectif n'ont pas vu la couleur du bonus attractivité ; elle développe une idée de la formation des professionnel.les du secteur, écartant la centralité de connaissances spécifiques et approfondies sur la petite enfance, pourtant indispensables à la qualité des pratiques professionnelles auprès des tout‐petits, la renvoyant à des formations‐passerelles entre métiers de la petite enfance, du handicap et du grand âge.»
Menace d'une nouvelle mobilisation
De là à dire que c'est la fin de la lune de miel entre les professionnels de la petite enfance et Agnès Canayer, il n'y a qu'un pas. Le collectif, furieux, réclame « des annonces concrètes et claires en janvier.»
Et ajoute. « À défaut de telles mesures assorties d'un calendrier d'application, nous appellerons à un mouvement d'ampleur, massif et prolongé, des professionnel.les de la petite enfance avec les parents, car nous n'abandonnerons jamais la cause de la qualité d'accueil, au moment où tous reconnaissent le bien‐fondé de nos revendications pour la cause des tout petits.»
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