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3 questions à Adrien Taquet, co-président du comité d’orientation pour les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant

Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles, co-président du comité d’orientation destiné à préparer les Assises de la pédiatrie est l’un des auteurs avec le Pr Christèle Gras le Guen du rapport « Ma santé, notre avenir. Investir dans la santé des enfants d’aujourd’hui et de demain : une urgence » remis à Frédéric Valletoux le ministre délégué à la Santé, le 23 avril dernier. Alors que les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant s’ouvrent ce vendredi matin 24 mai 2024, et que l’on ne sait pas encore quelles mesures seront retenues parmi les 400 proposées, Adrien Taquet a accepté de nous accorder une interview express. Sans langue de bois.

Les Pros de la Petite Enfance : Vous êtes un fervent défenseur de la politique des 1000 premiers jours que vous avez initiée et l’une des propositions de votre rapport consiste à transformer les PMI en maison des 1000 jours et de l’enfant et d’en mailler tout le territoire. Pourquoi ? Est-ce la fin des PMI ou une façon de les relancer ?

Adrien Taquet : Je pense que la politique des 1000 premiers jours est l’une des plus belles politiques publiques  pour l’enfance et la petite enfance (Ndlr : annoncée fin 2020 et mise en œuvre à partir de 2021)  Une politique pionnière dans notre pays. Et je regrette d’ailleurs que, depuis deux ans, elle soit un peu laissée de côté. Nous sommes toujours en attente de la deuxième feuille de route…
Néanmoins et je m’en réjouis, je crois savoir que sera annoncée la généralisation du sac des 1000 premiers jours distribués depuis 2022 aux jeunes parents dans les maternités.

Le rapport Cyrulnik proposait la création des maisons des 1000 premiers jours. A l’époque, je pensais qu’il était illusoire de recréer des maisons des 1000 premiers jours partout en France alors que nous avions déjà des PMI. (Ndlr : il y a plus de 5000 sites de consultation PMI en France). Je pensais aussi que les professionnels de PMI pouvaient, étaient les mieux placés pour porter cette politique publique des 1000 premiers jours. Transformer les PMI en maisons des 1000 jours et de l’enfant, cela correspond à une réalité. Ce n’est pas juste un changement d’appellation parce que Protection maternelle et infantile c’est un peu désuet. Il s’agit plus de prévention que de protection, et maternelle cela est réducteur… Ce n’est pas non plus, un coup marketing !

Aujourd’hui peu de PMI suivent des enfants au-delà de trois ans. Donc recentrer le moyens et les énergies sur cette période cruciale des 1000 premiers jours ne me parait pas aberrant. Au contraire. Et pour moi, c’est la seule voie pour sauver la PMI. Une voie optimiste et valorisante, très importante pour la santé des enfants. Mais bien sûr, il ne s’agit pas de laisser de côté les enfants âgés de 3 à 6 ans. C’est pourquoi nous proposons aussi une réforme de la santé et prêchons pour une meilleure articulation entre la santé scolaire et les médecins de PMI. Il faut fluidifier les parcours et favoriser un exercice mixte et partagé entre PMI, santé scolaire et hôpital. Et d’ailleurs cela correspond aux aspirations des jeunes médecins.
Je sais aussi que certaines initiatives privées se sont emparées du terme maisons des 1000 premiers jours, il faudrait probablement, si cette proposition était retenue, clarifier les choses pour éviter toute confusion. Les maisons des 1000 premiers jours et de l’enfant devront être, comme les PMI aujourd’hui, une offre de service public, gratuite et universelle.  En fait cette évolution selon moi, permettrait à la PMI de redevenir ce qu’elle était en se recentrant sur une période plus précise de la vie.

Parmi les propositions assez novatrices de votre rapport, la prise en compte de la santé environnementale de l’enfant et une attention particulière au sommeil.
Moi j’ai le sentiment que sur la santé environnementale, nous ne sommes peut-être pas allés assez loin. Mais c’est vrai que nous avons insisté sur deux points : la lutte et la prévention contre les perturbateurs endocriniens et la pollution. Nous avons insisté sur la nécessité de végétaliser les espaces à proximité et dans les écoles.
Le plan sommeil est un sublime objet politique. C’est inattendu sans doute car cela n’a jamais existé, mais c’est au carrefour de nombreux sujets comme les écrans par exemple…

Quelle est la proposition qui vous tient le plus à cœur ?
Difficile de choisir. Évidemment, il y a tout ce qui concerne les 1000 premiers jours et particulièrement celles consistant à transformer les PMI en maisons des 1000 jours et de l’enfant. En fait, il y en a deux autres : la réforme de la santé scolaire et le bilan de santé mentale à l’entrée du collège. Mais je suis surtout très attaché à deux chapitres que nous développons dans le rapport : l’accès aux soins primaires des enfants en situation de handicap. C’est essentiel. Car souvent la prise en compte du handicap est prioritaire et occulte des soins qui concernent tous les enfants quels qu’ils soient : l’accès aux soins bucco dentaires par exemple ou des consultations de gynécologie pour les adolescentes. Souvent cet aspect de leur santé est négligé, et parfois seulement parce que les équipements adéquats n’existent pas.
Et puis nous avons tenu à ce que dans ce rapport il y ait tout un chapitre sur la question des Outremer qui rencontrent des situations spécifiques quant à la prise en charge de la santé des enfants.
Ces deux derniers points, j’y tiens beaucoup, car je me suis personnellement engagé auprès des interlocuteurs rencontrés à agir et faire agir. J’ai donc envie de me battre pour faire bouger les choses.

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Propos recueillis par Catherine Lelièvre

PUBLIÉ LE 24 mai 2024

MIS À JOUR LE 29 juin 2024

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