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Claire Grolleau, présidente de Label Vie : « Nous imaginons le monde de la petite enfance comme une place de village qui tirerait notre société vers une transition écologique »
A l’occasion de la 3e édition de la Rentrée de la Petite Enfance qui s’est tenue le vendredi 15 septembre, nous avons échangé avec la toxicologue et présidente-fondatrice de Label Vie, Claire Grolleau, sur l’importance du lien entre écologie et petite enfance. Un entretien également axé sur la façon dont la Cnaf accompagne vers plus de développement durable dans les lieux d’accueil et sur le contrat à impact que Label Vie vient de signer avec l’Ademe et des investisseurs.
Un lien qui va de soi entre écologie et petite enfance
A la question « Pourquoi est-ce si important de faire le lien entre écologie et petite enfance ? », avec un brin d’humour, Claire Grolleau a répliqué : « Je ne comprends pas pourquoi on continue de nous poser la question. » Tant cela va de soi pour la présidente de Label Vie… Faire entrer le développement durable dans les crèches, c’est essentiel « pour la santé des enfants, leur bien-être, celui des professionnels et pour la qualité de l’accueil. » Et d’insister : « Il est urgent de réduire notre impact sur l’environnement, de changer nos modes de consommation ». Elle a aussi évoqué l’approche écologie globale de Label Vie, qui conjugue écologie environnementale et écologie humaine. « Finalement c’est un cercle vertueux tout ça pour un mieux-être global et aussi pour des économies pour les gestionnaires (…) La démarche environnementale peut amener progressivement à des économies financières, qui peuvent être réinvesties pourquoi pas dans des salaires », a-t-elle souligné. Sans oublier que « la petite enfance, selon Claire Grolleau, est un temps de bascule pour les familles. Beaucoup prennent conscience de ces pratiques environnementales plus écoresponsables à l’arrivée d’un jeune enfant. Et nous nous imaginons le monde de la petite enfance comme une place de village qui inspirerait le reste de la société et qui tirerait notre société vers une transition écologique. »
Inclure l’écologie dans les lieux d’accueil, notamment par des petits gestes au quotidien
Aller vers plus de développement durable dans les crèches, cela passe d’abord par de petites choses au quotidien, comme économiser l’eau et l’énergie, a rappelé la présidente de Label Vie. Elle a aussi précisé que nous allons devoir « nous adapter aux transformations qui sont inéluctables. En termes d’adaptation aux changements climatiques, c’est très important que les gestionnaires prennent compte de cette question et il y a beaucoup de solutions qui existent pour s’adapter. »
La Cnaf accentue son soutien sur les questions de transition écologique
Concernant l’accompagnement de la Cnaf dédié à la transition écologique des établissements d’accueil du jeune enfant, Claire Grolleau a indiqué que la branche Famille était très concernée par le sujet. Celle-ci souhaite « améliorer son engagement dans la transition écologique » et « soutenir les gestionnaires dans cette transition ». « Il y a le bonus développement durable pour les crèches en ouverture qui ont une démarche spécifique pour s’adapter à la transition climatique, il y a le fonds de modernisation avec des actions et des financements dédiés à l’adaptation des établissements aux changements climatiques mais aussi au verdissement des établissements, à leur rafraichissement. Et il y a aussi le fonds publics et territoires qui est renforcé sur ces axes environnementaux là, pour des établissements en fonctionnement, qui vont pouvoir financer des engagements dans une transition écologique, des formations… », a ainsi détaillé la présidente de Label Vie.
Contrat à impact : une expérimentation de 5 lieux dédiés à l’écologie et à la petite enfance
Le 13 juin dernier, Label Vie a signé un contrat à impact (2,6 millions d’euros) avec l’Ademe et trois investisseurs qui va lui permettre d’accélérer son développement. Parmi les objectifs : « passer de quelque 700 crèches il y a deux ans à 2500 crèches dans notre réseau. Ce n’est pas de la mégalomanie, a tenu à souligner Claire Grolleau. Et d’expliquer : C’est parce qu’on a identifié ce 2500 sur les 14000 crèches existantes comme un éventuel point de bascule pour faire en sorte que le monde de la petite enfance bascule complètement dans la transition écologique et que du coup on puisse statuer sur des lois qui imposeraient un fonctionnement éco-responsable ». Des financements qui, en pratique, a-t-elle poursuivi, vont « nous permettre d’améliorer nos outils, d’améliorer notre présence sur le territoire, d’adapter nos démarches aux gestionnaires qui souhaitent s’engager, faire des outils toujours plus performants, des formations toujours plus pertinentes. Et notamment on a le projet de créer 5 lieux dédiés à l’écologie et à la petite enfance dans 5 régions françaises. Ce seront des lieux totem expérimentaux (…). On va tester des tas de fonctionnements de plus en plus écologiques pour montrer leur impact sur le bien-être des enfants, des professionnels. Ce seront des lieux qui auront un lieu d’accueil du jeune enfant – on n’a pas encore défini le modèle (Rpe, Mam, Eaje) – un centre de ressources pour les familles et les professionnels, un centre de formation », a-t-elle spécifié.
Ecouter le podcast de l’interview de Claire Grolleau lors de La Rentrée de la Petite Enfance 2023
Caroline Feufeu
PUBLIÉ LE 25 septembre 2023
MIS À JOUR LE 12 juin 2024