Est-il utile de donner du lait de croissance aux enfants accueillis en crèche ?

Faut-il prévoir d’acheter du lait de croissance? Le point sur les obligations et recommandations. Et nos conseils pour ne pas grever le budget de votre structure !
Le lait est le premier aliment du nouveau-né et reste essentiel les trois premières années de sa vie. C’est un aliment bon marché à haute valeur nutritionnelle. S’il n’y a pas allaitement maternel, on doit donc acheter des laits infantiles 1er âge, 2ème âge ou lait de suite et après un an, du lait de croissance selon les conseils de nombreux médecins.Les préparations pour nourrissons (laits 1er âge) et les préparations de suite (2ème âge) sont légitimes. L’utilité des laits de croissance est plus contestable. Certes, ces laits et desserts lactés relativement chers ont permis de segmenter le marché et de créer un besoin. Certains pédiatres justifiant cette démarche par des considérations nutritionnelles. Alors que d’autres, études scientifiques à l’appui, réfutent l’intérêt de cet aliment, qui d’une part est fortement industrialisé (il suffit de lire l’étiquette pour s’en rendre compte) et d’autre part n’est vraiment utile qu’aux enfants carencés.

Lait de croissance : pas de rôle spécifique
Pour les autres en effet une alimentation diversifiée permet de couvrir les besoins nutritionnels recommandés. D’ailleurs dans la majorité des pays européens, cette culture du lait de croissance n’est pas développée et leurs enfants se portent plutôt bien. En 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réaffirmé cette position de façon très claire. Elle a déclaré que l’utilisation de préparations à base de lait dites préparations « de croissanc e» n’apporte pas de valeur supplémentaire à une alimentation équilibrée pour répondre aux besoins nutritionnels des enfants en bas âge dans l’Union européenne. Les experts scientifiques de l’EFSA n’ont pas pu identifier un « rôle spécifique » du lait de croissance dans l’alimentation des enfants âgés de 1 à 3 ans. Ils ont conclu qu’ils ne sont pas plus efficaces, en ce qui concerne l’apport en nutriments, que les autres aliments constituant le régime alimentaire normal de ces enfants.
On pourrait donc penser qu’il est facile pour les directions de crèche de se positionner. Ce serait sans compter avec les recommandations du Groupement d’étude des marchés en restauration collective et de nutrition qui elles sont moins catégoriques. Il est notamment stipulé  qu’en en collectivité, quand  les bébés (de 15-18 mois à 3 ans) ne bénéficient plus de lait maternel, la proposition de « lait » pour enfants en bas âge (ndlr comprenez lait de croissance) en l’état ou sous forme de préparations type  bouillies est vivement recommandée . Mais cela n’est pas obligatoire. En principe, l’alimentation proposée en crèche est équilibrée et couvre les besoins nutritionnels de la journée passée en collectivité. Néanmoins, pour compléter l’apport du lait de vache (qu’il faut acheter entier), en cuisine, ajoutez à la purée ou dans l’entrée, une cuillère à café d’huile végétale (colza ou tournesol de préférence) pour augmenter l’apport en acides gras essentiels et préparez au moins une fois par semaine une portion de viande rouge non hachée (agneau, bœuf, veau mais attention l’égrené ne convient pas !) pour l’apport en fer.

Pour les desserts, le lait de vache bio
Dans la vaste gamme des produits laitiers, choisissez les plus simples, nature sans sucre et si possible dans la gamme bio, plus riche en acides gras essentiels  …mais vous pouvez aussi acheter du lait entier bio et le transformer en desserts lactés, béchamels, le riz au lait et pourquoi pas en yaourt, fromage blanc ou faisselle grâce aux yaourtières plus ou moins sophistiquées que l’on trouve sur le marché. C’est un compromis économiquement intéressant qui satisfait tout le monde !

Le conseil du pro

Parce que le lait est essentiel pour les jeunes enfants, il faut leur laisser le plaisir de le boire au biberon le plus longtemps possible. C’est une erreur de remplacer le biberon du goûter par un yaourt ou un verre de lait, quand l’enfant ne le demande pas…la quantité de lait consommée est toujours inférieure à celle prise au biberon et certains petits ont encore besoin de téter… ne les faisons pas grandir trop vite !

Article rédigé par : Sylvie Guillou, docteur en chimie, www.secali.com
Publié le 15 février 2016
Mis à jour le 02 mars 2016