Ateliers langage : ce qui est mis en place dans les crèches

En tant que professionnels de la petite enfance, vous avez un rôle à jouer dans le développement du langage des enfants. A travers différents petits ateliers, vous pouvez les aider à communiquer d’une part, et à mieux s’exprimer d’autre part. Voici quelques pistes de réflexion.
Créer un espace propice à l’interaction
La première étape, avant même de mettre en place un atelier d’éveil au langage, est de délimiter un espace favorable à ce moment.  « Avant le langage, il y a la communication. Et le plus important est de créer les bonnes conditions pour favoriser le bon échange », explique Françoise Garcia, orthophoniste. Cela passe alors par un espace qui répond aux critères suivants :
- une faible intensité sonore, dans lequel l’écoute peut être favorisée
- une faible sollicitation visuelle.

« Pour créer de la communication, il faut être dans des conditions dans lesquelles l’interaction est possible. S’il y a trop de bruit, l’enfant est gêné dans sa capacité à écouter. S’il y a de trop de jouets, le petit va aller vers eux, ce qui est tout à fait naturel », poursuit Françoise Garcia. Pour capter l’attention des enfants, optez pour un espace calme. « Souvent, les professionnels ont l’idée de réaliser l’atelier dans le dortoir. Le dortoir, c’est pour dormir, » rappelle l’orthophoniste. L’exercice réside donc dans le fait de trouver un endroit adéquat pour ces ateliers, et de faire baisser le niveau sonore global de la crèche.

Des jeux pour créer le besoin de communication
Pour communiquer avec les enfants, nous devons en créer le besoin. « Il faut que l’on ait quelque chose à se dire. Si on demande à un enfant de simplement nommer une image, cela n’a pas grand intérêt », souligne Françoise Garcia. « Si l’on veut favoriser le développement du langage comme outil de communication, il ne faut pas qu’on fasse dire à l’enfant des choses qu’il sait qu’on connait, » poursuit-elle. Il faut donc trouver des jeux qui permettent de créer le besoin de communiquer.
L’activité idéale pour cela ? Le coucou/caché. « C’est un jeu naturel, utilisé depuis des millénaires dans toutes les civilisations, qui crée la surprise et la découverte. Et c’est justement grâce à cela, qu’on va favoriser le développement de l’enfant, » explique Françoise Garcia. Quand vous lui demandez qui est caché, il va vous répondre. Vous créez ainsi une communication. Puis, c’est à votre tour de vous couvrir les yeux ou d’aller dans une cachette. A ce moment là, vous lui montrez que ce jeu s’effectue à tour de rôle : ce sont les prémices du « tour de parole », essentiel entre deux locuteurs.

Il y a aussi « l’attention conjointe » qui peut être mise en exergue dans ce jeu. Prenez un petit objet ensemble. Faites semblant de le cacher dans une boite. Le petit pense qu’il est en effet dedans, il s’attend à ce qu’il y soit or ce n’est pas le cas. Il est alors surpris ! Il va donc être dans la recherche de cet objet mais aussi dans la découverte. A ce moment là, il va intégrer les mots que vous allez prononcer : « Oh ! Il n’est plus là », « Il est parti ? », « Il s’est caché ? ». « Tout ce petit langage va aider l’enfant à avoir du vocabulaire mais aussi à raisonner et à pouvoir montrer sa pensée », explique Françoise Garcia.

Les comptines pour les imprégner du langage
« L’environnement doit permettre à l’enfant de capter les sons du langage distinctement. Mais on va aussi l’amener à écouter autre chose que ces sons. On va par exemple l’inviter à se repérer dans un environnement sonore et à écouter des indices : identifier une cloche qui sonne, une porte qui grince… car c’est ça aussi qui leur permet de comprendre le monde, » insiste l’orthophoniste. Plus les enfants vont être discriminants sur les bruits qui les entourent, plus ils vont l’être sur des mots qui se ressemblent : « douche », « bouche », « mouche »…
Vous pouvez donc imprégner les enfants de ces petits termes qui se rapprochent phonétiquement,  grâce à des comptines, des histoires, des chansons. A cette occasion, ils vont d’ailleurs entendre des mots qui n’existent pas : abracadabra, plic, ploc, boum,… Et c’est tout aussi important ! Cela va leur permettre de s’imprégner de différentes formes de langage, de les discriminer et d’affiner ainsi le leur. « Et un enfant qui aura bien développé son langage oral apprendra plus facilement à lire », témoigne Françoise Garcia.

Les histoires pour enrichir le vocabulaire
Grâce aux petits récits l’enfant va identifier des nouveaux mots et apprendre du vocabulaire. « L’histoire parle d’une petite fille dans sa cabane. Même si le petit n’en a pas et n’en a jamais vu, il va comprendre au fur et à mesure qu’il s’agit d’une petite maison », développe l’orthophoniste.
Mais ce n’est pas tout ! Quand on lit une histoire, on a un débit de parole différent, on exagère le ton, on prend une grosse voix ou une petite selon les situations. « L’enfant va ainsi prendre des indices sur les différentes intentions du langage, sur les nuances, » poursuit-elle.
Toutes les manipulations que l’enfant va faire sont également importantes dans le développement du langage. Il va empiler des cubes, l’adulte lui va lancer : « bravo, tu l’as mis en haut ! ». Le petit intègre ainsi d’autres mots et de nouvelles notions (en bas, à côté, en haut, en bas…).
Article rédigé par : Laure Marchal avec Françoise Garcia, orthophoniste
Publié le 15 mars 2016
Mis à jour le 12 juin 2023