Babillage : une étape primordiale dans le développement du langage

« Bababa », « tatatata », les enfants babillent à l’unisson dans la crèche ou chez l’assistante maternelle et s’entrainent à produire différents phonèmes. Cette étape est très importante dans le développement du langage puisqu’elle est la phase d’appropriation de la langue maternelle. Zoom sur le babillage. 
Du premier cri au babillage
Au départ, dans le développement du langage, il y a le cri. Puis, le bébé fait des petits bruits, quand il bouge, qui sont des vagissements. Il va ensuite produire des sons qui sont plutôt des voyelles comme « aaeeeuuu ». Cette phase s’appelle le jasis. Pendant cette période, l’enfant s’amuse à répéter ces sons dans son lit et joue aussi avec les aïgus et les graves.
Puis le jasis se modifie peu à peu pour devenir des « awaaa », « aye aye aye ». C’est l’ébauche du babillage puisqu’il y a une distinction d’un son à l’autre et que des consonnes apparaissent.
Vers 3-4 mois, quand le bébé commence à mieux maitriser sa tête, qu’il tient assis calé avec des coussins, qu’il commence à attraper des objets, il y a une modification physique qui s’opère. Son larynx, qui était jusqu’alors très haut, va descendre. L’espace laissé par cette nouvelle position va permettre à la langue d’être plus mobile. Naissent alors les « r » (on dit que l’enfant roucoule), « qu », « gu » et le « é ». Puis, vers 6 mois, les « bababa », « tatatatata », apparaissent. C’est le fameux stade du babillage canonique. Cette étape marque l’apparition de syllabes constituées de consonnes et de voyelles dans le langage du bébé (auparavant, c’était soit l’un soit l’autre).

L’apparition progressive de nouveaux phonèmes
Les consonnes n’apparaissent pas dans n’importe quel ordre. Elles suivent le développement moteur de l’enfant et sa maturation. Ainsi, les premières consonnes du babillage qui se manifestent vers 4/6 mois sont les « p » et les « b » pour former les fameux « papappapapa », « babababa ».
Viennent dans le même temps, d’autres phonèmes dits explosifs, (quand la langue tape contre le palais) : le « tttt » et le « ddd ». Cela explique pourquoi l’enfant prononce souvent « Papa » en premier lieu, que ce soit en Français, « Baba », en Russe, ou « Daddy » en Anglais. 
Petit à petit, le babillage évolue avec les nasales « m » « n » « an » « on » et les « qu », « gu ». Puis ça se complique pour les bébés ! Apparaissent en effet les « r » et les « l ». Certains parviennent rapidement à les produire, d’autres à l’inverse, ne trouvent pas comment mobiliser leur langue pour réaliser ces sons.
En dernier, arrivent les « s », « z », « v », « f », « ch », « j ». Cet apprentissage prend énormément de temps puisque certains petits de 4 ans n’ont pas encore le « ch » ou le « j » et vont par exemple dire « z’ai une zolie jupe ». Mais en général, à 4,5 ans, 90% des enfants ont acquis tous les sons. « Un enfant met 12 mois à marcher mais 6 ans à parler, » s’amuse Magali Dussourd-Deparis, orthophoniste.

Le babillage, une étape obligatoire dans le développement du langage
Le babillage est une étape cruciale dans le développement du langage car l’enfant s’entraine à produire ces phonèmes, à positionner sa langue pour finalement construire des mots. « Un enfant qui a la sucette dans la bouche 24h/24h ne découvre pas certains mouvements de la langue. Il arrive en cabinet d’orthophonie et ne sait pas dire le « l », « p » ou « b » car ses lèvres étaient toujours en train de téter au lieu d’explorer », explique l’orthophoniste. 
Pendant cette période, l’enfant apprend aussi les « signes supra segmentaux de la parole », c’est à dire la longueur des voyelles, le rythme, les intonations, les accentuations… L’enfant va s’entrainer à réaliser ces signes et les adopter. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre les bébés babiller en mettant une intonation, en montant leur voix dans les aigus pour formuler une interrogation, par exemple. On pense même parfois distinguer des mots, des courbes mélodiques plus marquées : c’est le protolangage. L’enfant va designer une corbeille de fruits, dire « ba » et l’adulte qui est en sa présence va lui dire : « tu veux une banane, c’est ça ? ». Petit à petit, le bébé va découvrir des phonèmes, s’entrainer, les répéter pour finalement produire des mots. Le babillage est donc une étape essentielle dans le développement du langage puisqu’il représente la phase d’appropriation de la langue maternelle.  Sans lui, l’apprentissage de la langue n’est pas possible. 

Pour plus d’informations sur le langage : http://www.info-langage.org/

Le mamané doit-il être employé par les professionnels de la petite enfance ?

Le mamané c’est la manière que tout le monde adopte pour s’adresser à un enfant. D’instinct, la façon de parler à un bébé change : la voix est douce, le débit est plus lent, la parole s’étire et on adapte notre vocabulaire. « On crée grâce à une enveloppe sonore, une communication spécifique avec le bébé », explique Magali Dussourd-Deparis. Que les professionnels de la petite enfance l’emploient avec les petits, l’orthophoniste n’y voit pas d’inconvénient. Elle précise cependant que « ce qui est important, c’est qu’ils s’adressent à l’enfant au niveau auquel celui-ci se situe. » En d’autres termes, il est pertinent d’employer le mamané avec un bébé qui babille mais pas avec un petit de 18 mois, qui possède déjà du vocabulaire et qui produit des mots-phrases.

Article rédigé par : Laure Marchal avec Magali Dussourd-Deparis, orthophoniste.
Publié le 01 mars 2016
Mis à jour le 17 janvier 2023

2 commentaires sur cet article

Je trouve étonnant que vous écriviez : vers 3/4 mois un bébé assis calê avec des coussins!! On ne peut assoir un bébé si lui même ne le fait pas. C'est une règle qui doit être appliqué.
Bonjour Concernant la posturation imposée de nécessité vous pouvez vous référer à ce document Qui existe également sous forme de livret http://www.psychomotricite.com/IMG/pdf/poster_posturation_bb.pdf?utm_source=Sociallymap&utm_medium=Sociallymap&utm_campaign=Sociallymap