Besoin de succion : le monde à portée de bouche


Dès la naissance, le bébé démontre un goût pour la succion. D’abord poussé par des besoins nutritionnels à satisfaire, il propose peu à peu à sa bouche tout ce qui lui passe sous la main. À travers son pouce, un doudou ou une tétine, il satisfait progressivement d’autres besoins : le plaisir et la sécurité.
Dans les premiers mois suivant sa conception, le fœtus développe cette première fonction motrice : la succion-déglutition.* Et dès la naissance, le bébé appréhende le monde en premier lieu avec sa bouche. Poussé par le besoin nutritionnel, l’enfant se met à téter, les 5 sens en éveil. « Le contact avec la peau, l’odeur de sa mère, le goût du lait son autant de points de rencontre à l’autre. À la naissance, la succion représente une expérience émotionnelle, un bain sensoriel pour le bébé » analyse Florence Millot, psychologue pour enfant. Aux alentours du sixième mois, le besoin de succion évolue vers une pratique non-nutritive. L’enfant s’empare alors d’une tétine, d’un doudou ou de son pouce pour rechercher un sentiment de plaisir et de sécurité.

Développement affectif
Faute de disposer de la présence de ses parents à l’envi, l’enfant déporte son besoin affectif sur son doigt ou un objet. La succion le rassure, le réconforte, le détend. Peu à peu, il découvre ainsi ses propres ressources intérieures pour s’apaiser. « Cette capacité à trouver un sentiment de sécurité en dehors de sa famille est le signe d’une maturité de l’enfant, souligne Florence Millot. Il est en confiance et va se détacher du pouce ou de la tétine pour interagir avec le monde extérieur. » L’abandon de la succion non-nutritionnelle survient généralement à l’âge de 2 ou 3 ans. L’enfant développe sa pensée, acquiert le langage, joue ; autant d’éléments qui l’incitent à échanger et partager avec les autres.

La succion peut révéler un manque de sécurité
Progressivement, le besoin de succion disparaît. Sans les forcer, les professionnels de l’enfance peuvent aider les enfants à abandonner leur tétine en leur proposant de la déposer dans une boîte pour la journée par exemple. Toutefois, certains peinent véritablement à s’en détacher. Le pouce, le doudou et la tétine sont alors le signe d’une peur et d’une fragilité intérieure. « Ce n’est pas tant l’objet qui compte que le comportement de l’enfant : s’il est en retrait et qu’il ne joue pas, il est bon d’instaurer un dialogue avec lui, de lui apporter du relationnel, de développer sa sécurité intérieure afin de l’accompagner doucement vers le monde extérieur » préconise Florence Millot. À défaut d’avoir encore le monde à portée de bouche, l’enfant aura alors le sentiment de pouvoir croquer la vie en toute confiance.


Institut Prévention Santé en Néonatologie 
 
Article rédigé par : Nelly Moussu
Publié le 03 mars 2016
Mis à jour le 18 août 2017