10 astuces pour atténuer le stress des enfants

La vie au sein d’un lieu d’accueil n’est pas un long fleuve tranquille, au contraire ! Celle-ci peut générer un stress important chez les enfants (notamment en collectivité) au point de les rendre nerveux, agités et parfois « ingérables » pour les professionnels. Pour optimiser leur bien-être individuel et améliorer l’ambiance du groupe, il est intéressant d’atténuer le stress du lieu de vie au niveau humain et matériel. Voici une liste non exhaustive que vous pourrez compléter au gré de vos réflexions personnelles et de vos réunions d’équipe !
Beaucoup de professionnels de crèches collectives m’ont confié qu’ils ne se rendaient plus compte que le niveau sonore de la section était très élevé et qu’ils avaient tendance à systématiquement élever la voix pour s’adresser aux enfants… N’oubliez pas que vous êtes les chefs d’orchestre du lieu de vie. A vous de donner le bon ton et le bon tempo !

Au niveau humain
1. Séparer les enfants dès que cela vous est possible. Séparer les enfants demeure une règle d’or en collectivité… voire une règle de survie ! Même si celle-ci est connue de tous, elle n’est pas toujours bien appliquée dans les lieux d’accueil. Rappelons qu’il n’est pas naturel (ni adapté) de regrouper autant de petits humains dans une même pièce. Dans des cultures traditionnelles, une poignée d’adultes gravitent autour d’un seul jeune enfant, dans des plus vastes espaces, souvent extérieurs. Ici, c’est le contraire, une poignée d’enfants gravitent autour d’un adulte, le plus souvent dans un espace clos. Cherchez l’erreur !

2. Relever le défi du « jeu du silence ». De plus en plus de professionnels s’attèlent à ce défi fort original. Chaque jour, pendant quelques minutes, ils se mettent à chuchoter - ou à se taire totalement - accompagnant essentiellement les enfants par le regard, l’expression faciale, la gestuelle, la posture (aussi étonnant que cela puisse vous paraître, ils parviennent parfaitement à se faire comprendre des enfants, la communication non verbale étant largement majoritaire dans les échanges quotidiens !). Nombreux sont les professionnels à y avoir trouvé un moyen efficace pour accompagner autrement les enfants dans leur jeu et pour réduire le niveau sonore et l’agitation du groupe.

3. Se positionner à un emplacement stratégique dans la pièce pour voir et être vu des enfants. Vous êtes semblable à un phare qui vient éclairer et sécuriser une zone. Or, les enfants ont généralement tendance à jouer dans des espaces qui sont « éclairés » par le regard de l’adulte. Ce lien visuel répond à un besoin de sécurité affective fondamental pour chez le tout-petit.   

4. Se répartir dans l’espace. Si les adultes sont regroupés dans un même espace de la pièce, une majorité d’enfants joueront autour d’eux, cherchant intuitivement leur proximité rassurante, ce qui risque immanquablement de limiter les accès aux jouets présents et d’augmenter les conflits potentiels.

5. Anticiper et ritualiser les moments de transition. Le cerveau des tout-petits aime tout particulièrement la redondance et passe ses journées à faire des probabilités sur ce qu’il va se passer pour mettre un peu d’ordre dans son environnement. Or, les temps de transition, marqués par une certaine improvisation de la part de l’adulte, ne permettent pas aux enfants de les anticiper, de savoir ce qu’il va se passer à l’instant d’après. Il s’agit du passage d’un contexte à un autre, d’une activité à une autre ou d’une pièce à une autre.  Il importe donc que vous puissiez les ritualiser au maximum afin d’accroître le sentiment de confort des enfants, et de contrôle de la situation.

6. Prévoir une journée type pour un nombre inférieur de professionnels. Il vous arrive d’être prévenu le matin-même de l’absence d’un collègue. Pour ne pas être pris au dépourvu, anticipez. Prévoyez une journée type pour le nombre de professionnels habituels de la section, mais aussi une journée type pour le nombre de professionnels -1. Imaginons que vous êtes habituellement 4 professionnels pour la section des grands. Prévoyez une journée type pour trois professionnels, voire une autre pour deux. L’anticipation est le meilleur outil pour lutter contre l’improvisation et l’absence de maîtrise d’une situation, tous deux générateurs de stress.

Au niveau matériel
7. Mettre à disposition des enfants des jouets identiques en quantité suffisante. C’est par l’imitation qu’un enfant va communiquer avec ses petits congénères. Or, imiter revient à exécuter les mêmes actions avec les mêmes objets. Inutile donc de lui proposer un avion vert si l’enfant a flashé sur l’avion jaune de son petit interlocuteur ! Les objets doivent être strictement identiques, ce qui vient contribuer à la construction de leur connaissance de l’autre.
 
8. Leur faire écouter de la musique sur des temps définis. L’écoute de la musique a un impact bénéfique sur notre organisme, dont la sécrétion de dopamine et la réduction de notre pression artérielle et de notre respiration. A vous de voir si vous souhaitez privilégier des musiques dynamisantes ou, à l’inverse, des musiques apaisantes qui induiront davantage de détente. L’effet est encore plus bénéfique si vous chantez vous-même ! En revanche, dès que les enfants ne prêtent plus attention à la musique (au bout d’une dizaine de minutes environ), veillez à l’éteindre. La musique de fond tend à procurer l’effet inverse : elle augmente le niveau sonore du lieu et exacerbe l’agitation du groupe d’enfants.

9. Disposer des meubles de moins de 70 cm de hauteur. Des études ont souligné l’importance de la hauteur des meubles dans les déplacements des enfants. Des meubles trop hauts forment une sorte d’obstacle visuel qui empêche les enfants de voir les adultes, ce qui les contraint de se déplacer plus souvent pour retrouver leur regard (rassurant et contenant). De même, il a été constaté que la mise en place de zones de jeu appelés aussi « coins » (coin dînette, coin garage, coin poupée) augmentaient la capacité de concentration de l’enfant.  
 
10. Positionner les meubles de jeu face au lieu de vie et non face au mur. Vous l’aurez compris, l’enfant éprouve le besoin de voir et d’être vu de l’adulte, lorsqu’il joue, explore et interagit avec les autres enfants. Positionner la dînette face au monde (un peu dans le style de l’îlot ou d’un bar d’une cuisine américaine) permet à l’enfant de jouer tout en conservant le regard de l’adulte. Lorsque le meuble de la dînette est positionné contre le mur, le champ visuel de l’enfant est limité. Il en est de même pour le garage ou le meuble de poupée. Pensez-y !

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne : Comprendre et accompagner les émotions de l'enfant.
Article rédigé par : Héloise Junier
Publié le 18 août 2017
Mis à jour le 09 décembre 2019