Les compétences pro-sociales, qu’est ce que c’est ?

La notion de « compétences pro-sociales » est assez récente. Connue, reconnue et et valorisée au Canada et aux Etats-Unis dans le secteur de la petite enfance, on en parle encore assez peu en France. On vous dit tout !
A l’origine des recherches menées sur l’acquisition chez les jeunes enfants de compétences pro-sociales puis d’habiletés sociales (notamment relationnelles), il y a la découverte de l’Intelligence Emotionnelle  (IE). En effet, tout a commencé lorsque des chercheurs se sont questionnés sur le fait que le Quotient Intellectuel (QI) n’était pas le meilleur prédicteur du succès scolaire puis professionnel. Les premiers articles, passés relativement inaperçus, ont défendu l’idée de la nécessité de mieux comprendre nos émotions et celles des autres pour être plus efficaces dans tous les champs de notre vie quotidienne. Ils ont été rédigés par deux chercheurs de Yale : Peter Salovey et John Mayer. Ils ont continué à travailler sur ce thème mais d’autres chercheurs allaient révolutionner ce champ de recherches. Paul Ekman, Seymour Epstein, Antonio Damasio ou Joseph Ledoux (universitaires à San Francisco et New York) ont permis l’essor des recherches sur l’Intelligence et le Quotient Emotionnels. Le psychologue et journaliste Daniel Goleman les a fait connaître du grand public. Et on sait aujourd’hui que le Quotient Emotionnel représente un meilleur prédicteur de réussite scolaire, sociale et professionnelle que le Quotient Intellectuel. Intéressant. D’autant plus que parallèlement à ces recherches, on a constaté sur le terrain l’augmentation de l’agressivité physique et des troubles oppositionnels chez les jeunes enfants.*

Trois notions différentes et complémentaires
Pour bien comprendre comment on peut soutenir ces compétences dans le développement du tout jeune enfant, il faut clarifier trois notions complémentaires mais distinctes, imbriquées les unes dans les autres, utilisables tout au long de la vie dans les relations sociales. Elles sont indissociables car elles correspondent à des niveaux de développement différents selon l’âge des enfants. Prenons-les à l’envers …
  1. L’intelligence Emotionnelle : c’est la capacité à analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux des autres, partant du principe que les pulsions (actes non réfléchis) constituent le moyen d’expression des émotions. Selon Goleman D. « Quiconque est l’esclave de ses pulsions – autrement dit quiconque ne sait pas se maîtriser – souffre d’une déficience morale. … De même, la source de l’altruisme est à rechercher dans l’empathie, cette capacité à lire dans le cœur d’autrui(..).. Et s’il est deux attitudes morales qu’exige notre époque, ce sont (…) la retenue et la compassion ».
  2. Les habiletés sociales : c’est capacité à comprendre et interagir de façon efficace avec ses pairs et les adultes
  3. Les compétences pro-sociales : c’est la capacité à établir des relations harmonieuses et pacifiques avec ses pairs, ainsi que la capacité à résoudre les conflits de façon pacifique.
Dans la prime enfance (les trois premières années), il faudra chercher à soutenir chez le jeune enfant le développement de ses compétences pro-sociales, qui vont concourir à terme au développement des habiletés sociales et de l’intelligence émotionnelle. D’autant que d’après les chercheurs, c’est au moment de « l’enfance » puis de « l’adolescence que se situent les périodes- clefs où se forgent les habitudes psychologiques de l’individu. »

Nouer des relations de qualité
Les compétences pro-sociales ne concernent pas seulement l’absence de d’actes d’agression produits par l’enfant, mais aussi sa capacité à se faire des amis et à déterminer avec quels pairs il aime ou non interagir. Les enfants timides et réservés socialement peuvent aussi subir le rejet des pairs en l’absence d’actes agressifs, c’est donc la question de la qualité des relations avec les pairs qui est concernée lorsque l’on parle de compétences pro-sociales.

*Centre d’Excellence pour le Développement du Jeune Enfant .2005
Article rédigé par : Claire Boutillier, psychologue
Publié le 21 septembre 2016
Mis à jour le 21 septembre 2016