Il est agité

Il arrive qu’un jeune enfant se démarque par son comportement très actif en journée : il paraît agité, excité, « turbulent, il court partout et n’arrive pas à se poser ! » se plaignent les professionnels. Au mieux, il est considéré comme un enfant « moteur », au pire d’ « hyperactif » ! Quelle attitude adopter avec ces enfants, tant sur le plan individuel que collectif ?
Pourquoi est-il agité ? 
Il est à l’âge d’un  développement moteur intense. Entre 0 et 3 ans, un jeune enfant a du pain sur la planche : il doit apprendre à maintenir sa tête, se retourner, s’asseoir, se mettre debout, se déplacer, marcher, mais aussi tenir un objet dans ses mains, le faire passer d’une main à une autre... Bref, autant d’acquisitions motrices qu’il va franchir, les unes après les autres ! On parle de motricité fine (ex : manipuler une gommette avec la main) et de motricité globale (ex : sauter à pieds joints).
Il a besoin d’action. Pour mener à bien l\'ensemble de ces acquisitions motrices, et bien se développer sur le plan moteur et psychologique, l’enfant a besoin d’éprouver ses sensations corporelles. C’est par l’action qu’il va découvrir son environnement (tiens, la surface de mon doudou est plus douce que la barbe de mon papa), expérimenter ses capacités motrices (ça y est, j’arrive à me tenir debout, sans appui !), mais aussi comprendre peu à peu les relations de cause à effet (quand je lâche cette bouteille, elle tombe sur le sol).
Toute activité physique est également un excellent moyen, pour les enfants (comme pour les adultes) de décharger les tensions et les frustrations issues de son quotidien, et de cultiver sa bonne santé émotionnelle. Ainsi, empêcher un enfant de bouger, c’est un peu comme empêcher un adulte de voir ou de parler. Tous deux en ont besoin pour s\'épanouir !
C’est l’effet de groupe. Le comportement d’un enfant est à analyser au regard du contexte de la journée. N’oublions pas que la collectivité est un univers très stimulant : il y a beaucoup d’enfants et d\'adultes en mouvement, de cris, de couleurs, de grandes pièces… Un enfant aura plus tendance à s’agiter quand son environnement est stimulant que lorsqu’il ne l’est pas.
Le stress et l’agitation sont contagieux, autant qu’un rhume ou un bon bâillement ! Ainsi, le stress des professionnels stresse et agite rapidement chez les enfants qui, à leur tour, ont tendance à stresser les professionnels. Bonjour le cercle vicieux !
Cela souligne un certain mal-être. La grande agitation d’un enfant peut parfois témoigner d’un certain mal-être qui peut être induit par le lieu d’accueil, un manque d’attention de la part de l’adulte, une fatigue répétée, une vie familiale momentanément éprouvante.
Un enfant ne fait pas « exprès » de courir partout pour vous embêter ! Son cerveau n’est pas encore en capacité de contrôler, ni d\'inhiber ses émotions ou ses impulsions. S’il est « anormalement » agité, c’est que l’un de ses besoins fondamentaux n’est pas assouvi. A vous de trouver lequel. 
A ne pas confondre avec l’hyperactivité. Attention de ne pas qualifier un enfant d\' « hyperactif ». Il s\'agit d\'un diagnostic que l\'on emploie trop souvent dans le langage courant. Pourtant, l\'hyperactivité est une réelle pathologie, connue sous le sigle de TDA/H (Trouble Déficitaire de l\'Attention avec ou sans Hyperactivité). Seule une équipe pluridisciplinaire peut poser un tel diagnostic, et ce quand l’enfant sera plus grand.

Comment réagir ?
Sur le plan collectif 

Faîtes des petits groupes, règle n°1 en collectivité. Séparer les enfants dès que possible, et les répartir dans différents lieux de la crèche (dortoirs, l\'atrium, pièces annexes…). Plus l’environnement sera serein, plus il le sera également. Chaque enfant absorbe la dynamique et l’agitation du groupe.
Adaptez la section en conséquence. Proposer des structures motrices adaptées à son âge et enlever les meubles qui le mettent en danger.
Créez des temps ritualisés de relaxation, au moins une fois par jour, toujours au même moment : avant les repas et/ ou vers 17h - avant l’arrivée des parents : ces temps permettent au groupe d’enfants, comme aux professionnels, de se rassembler et se ressourcer.
Repensez l’environnement. L’environnement influence beaucoup les comportements des enfants. Ainsi, quand l’enfant est particulièrement agité, prenez le temps d’analyser le contexte précis : combien y a-t-il d’enfants dans la pièce ? Combien d’adultes ? Les adultes sont-ils posés au sol, debout ou en mouvement ? Sont-ils réunis dans un même coin ou répartis dans la section ? Un point important : l’ambiance est-elle rassurante ou au contraire source de stress ? En fonction de vos observations, repensez l’environnement.

Sur le plan individuel 

Accordez-lui une attention visuelle positive et souriante (contenance visuelle). Si vous voulez que l’enfant change de comportement, il faut que vous commenciez par le voir autrement !
Proposez des temps réguliers à l’extérieur de la section, au cours desquels il pourra se décharger de sa tension, de son stress accumulé (si vous n’êtes pas assez nombreux pour habiller tous les enfants, n’accompagnez à l’extérieur qu’un petit groupe).
Instaurez des temps d\'échange positifs avec l\'adulte régulièrement dans la journée. Ce peut être un câlin, un jeu, une histoire...  De nombreuses agitations d’enfants en section résultent simplement d\'un manque d’attention individualisée de la part de l’adulte.
N’hésitez pas à le prendre dans les bras dès que vous le sentez nerveux, notamment après la sieste (contenance physique), et à le balancer légèrement.
Confiez-lui  des petites missions dès que vous le sentez trop nerveux, agité : celles-ci vont capter son attention, cultiver une estime positive de lui-même, d’autant plus si vous l’encouragez et le félicitez à la fin !
Faites-le régulièrement participer à des d’activités contenantes, dirigées (ex : peinture, gommettes, activités à table…) afin de capter et diriger son attention.
Proposez-lui de jouer à faire des bulles ou de souffler dans une paille afin de réguler sa respiration, l’oxygéner, et ainsi le relaxer.

Et pour les parents

Conseillez aux parents d’habiller leur enfant avec des habits amples, souples et si possible, de le laisser pieds nus en section.
Demandez aux parents s’il dort bien la nuit (car le manque de sommeil peut créer de l’agitation en journée) et s’il regarde des écrans à la maison (si oui combien de temps par jour, et à quel moment de la journée – déconseiller les écrans le matin avant d'aller à la crèche et le soir avant de s'endormir)

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne : Tout-petits qui tapent, poussent, mordent ou griffent : comment réagir à l’agressivité ?
Par
Héloïse Junier
Publié le 10 mars 2017
Mis à jour le 12 juin 2023