Comment soulager une piqûre d’insecte chez un tout-petit ?

Aïe… Un des enfants qui vous sont confiés s’est fait piquer. Difficile d’éviter ce type d’incident alors que le beau temps incite à sortir les petits au parc ou dans le jardin. Voici quelques conseils pour adopter la bonne attitude face à une piqûre d’insecte quel qu’il soit ou encore une tique. Avec  le Dr Cyrielle Estevez, pédiatre à Longwy (54).
 
Il a été piqué par un moustique ou un aoûtat
La piqûre est reconnaissable au petit gonflement rouge. Cette piqûre est le plus souvent bénigne et les traces disparaissent en deux ou trois jours. Mais ça démange !
Comment soulager l’enfant : comme pour toute piqûre, il faut laver la plaie avec de l’eau et du savon et tamponner doucement avec une serviette propre pour sécher. Pour diminuer le gonflement, il est possible de passer sur la piqûre un glaçon enveloppé dans des compresses ou dans une serviette propre (jamais en contact direct car le froid brûle), cela permet aussi de diminuer l’inconfort de la sensation de démangeaison. Vous pouvez apposer sur la piqûre une crème antihistaminique, mais attention, toutes ne sont pas indiquées pour des tout-petits. Idéalement, avant la saison des moustiques, il faut anticiper en demandant aux parents de vous fournir le produit conseillé par leur médecin ou vous être équipée vous-même selon les conseils de la PMI ou du pharmacien. Si vous avez sauté cette case, ce n’est pas grave, vous pouvez jouer votre joker en filant à la pharmacie la plus proche. Et en attendant, vous pouvez appliquer sur la piqûre une compresse imbibée d’eau et de vinaigre de vin, un remède d’antan qui soulage la sensation de démangeaison.
Les précautions à prendre : il faut empêcher l’enfant de se gratter, pour éviter le risque de surinfection. Le plus simple est d’opter pour un body à manches longues s’il a été piqué sur les bras ou/et des chaussettes ou un legging léger s’il a été piqué sur les jambes.

Il s’est fait piquer par une tique
Plus rares en ville, les piqûres de tique à la campagne sont légion, surtout si vous avez projeté une balade dans les hautes herbes ou si votre jardin est proche d’un pré ou d’un jardin où gambadent des chiens. La morsure d’une tique est en général sans gravité et indolore mais dans certaines régions (Alsace, Lorraine, Limousin, Auvergne et Rhône-Alpes), environ 20% de ces insectes véhiculent hélas la maladie de Lyme. Pour la repérer, il faut bien observer le corps de l’enfant, derrière le genou, au pli de l’aine et du bras en général.
Comment soulager l’enfant : pour déloger la tique qui s’enfonce toujours en partie sous la peau par la tête, attrapez la tique par sa tête le plus près possible de la peau avec une pince à épiler à bouts effilés, et tirez droit (surtout n’essayez pas de la déloger en tirant en zizgag). Vous pouvez aussi utiliser une carte bancaire (préalablement désinfectée), en la glissant sous le corps de la tique jusqu’à la tête et en poussant pour inciter la tique à lâcher prise. Ensuite lavez la plaie à l’eau et au savon et séchez soigneusement avec un linge propre. Si vous n’avez pas de pince à épiler sous la main ou que l’astuce de la carte bancaire vous laisse dubitative, n’essayez pas d’enlever la tique avec les doigts. Filez à la pharmacie ou au cabinet médical proche de votre domicile.
Les précautions à prendre : Comme pour les autres piqûres, veillez à recouvrir la plaie par un vêtement. Vous pouvez stocker la tique dans un bocal ou une enveloppe fermée pour que les parents la confient à un laboratoire d’analyse afin de savoir si la tique était porteuse d’une maladie (Lyme notamment). Curieusement, il semblerait qu’une piqûre de tique puisse rendre certaines personnes allergiques à la viande* et cette réaction, provoquée par la salive de l’insecte, peut se manifester plusieurs semaines ou mois après la piqûre. Il faut donc surveiller chez l’enfant les symptômes suivants : démangeaisons, urticaire, nausées et vomissements. D'où la nécessité de prévenir les parents pour qu'ils puissenr surveiller l'évolution non seulement de la piqûremais aussi de ses évenetuelles conséquences.
Il a été piqué par un insecte à dard
Abeille, guêpe ou frelon, la piqûre est souvent rouge et enflée, douloureuse et peut provoquer une réaction allergique. Prudence ! Surtout si l’enfant a été piqué à plusieurs reprises ou dans la bouche : dans ce cas, aucune hésitation, appelez les services d’urgence sans attendre.
Comment soulager l’enfant : si le dard est resté dans la plaie (abeille), retirez-le en grattant la peau avec un objet plat (par exemple une carte de crédit préalablement désinfectée) ou avec votre ongle, après avoir brossé vos mains au savon. Veillez bien à ne pas presser la glande à venin au bout du dard pour ne pas en diffuser davantage. Puis lavez la plaie à l’eau et au savon. L’utilisation d’un antiseptique pédiatrique n’est pas nécessaire. Comme pour les piqûres de moustique, vous pouvez passer sur l’endroit douloureux des glaçons emballés dans un linge propre afin de diminuer œdème et douleur. Si la douleur persiste, vous pouvez donner à l’enfant un peu de paracétamol ou d’ibuprofène, mais vérifiez bien les dosages en fonction du poids de l’enfant auprès de votre pharmacien ou de votre pédiatre.
Les précautions à prendre : comme pour les piqûres de moustiques, recouvrez la zone piquée avec un vêtement pour éviter la surinfection en cas de grattage. Et surveillez attentivement l’enfant dans les heures qui suivent pour dépister d’éventuels symptômes de réaction allergique (voir encadré). Dans certains cas, il peut s’agir d’une urgence absolue.


*Travaux de recherches du Pr Platts-Mills, allergologue, Professeur à l’Université de la Virginie (USA) dont les travaux ont été publiés dans le « Journal of General Internal Medicine » en 2012.

Comment reconnaître une réaction allergique ?

L’enfant ou le bébé peut présenter un ou différents symptômes après avoir été piqué, signe d’une réaction allergique probable. Il peut s’agir :
• d’une respiration sifflante
• d’œdèmes au niveau du cou, du visage, de la bouche et des voies respiratoires (lèvres, muqueuse bucale…)
• d’un essoufflement ou rythme cardiaque accéléré
• d’une difficulté à parler
• d’une peau devenue froide et moite
• de vomissements
• d’une perte de conscience.
Ce qu’il faut faire : allongez bébé en position latérale de sécurité et appelez le SAMU ou les pompiers de toute urgence, puis prévenez les parents.  

Article rédigé par : Mireille Legait
Publié le 10 juillet 2017
Mis à jour le 30 août 2022