La bronchiolite en 15 questions/réponses

La bronchiolite touche 30% des enfants de moins de deux ans  chaque hiver en France soit entre 450000 et 500000 petits.  Dans les établissements  d’accueil de jeunes enfants le risque de contagion est important compte tenu de la concentration d’enfants. Questions-réponses pour mieux connaitre  et prévenir cette maladie respiratoire.
1. C’est quoi exactement une bronchiolite ?
C’est une maladie respiratoire virale épidémique saisonnière. Elle débute durant les mois d’octobre ou de novembre atteint son pic en décembre ou janvier puis  s’étend sur 3 à 5 mois. La bronchiolite   touche principalement les enfants entre 1 mois et 2 ans. On considère  que 90 % des enfants  avant deux ans ont fait une infection due à ce virus. L’infection, bégnine le plus souvent  atteint d’abord les voies respiratoires supérieures et se limite le plus souvent à une rhino-pharyngite voire reste asymptomatique. Dans 30 % des cas, elle s’étend aux bronchioles pulmonaires et provoque une gêne respiratoire accompagnée de signes respiratoires. Cette bronchiolite peut être grave chez les nourrissons et conduire à une hospitalisation. « 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an seraient hospitalisés pour une bronchiolite plus sévère chaque année » selon Santé Publique France. En France ce sont entre 450 000 et 500 000 nourrissons  qui sont touchés chaque hiver, un chiffre en constante augmentation qui fait l’objet d’une surveillance épidémiologique.

2. A quoi est-elle due ?
La bronchiolite est due principalement au virus respiratoire syncytial (VRS). Beaucoup plus rarement au virus parainfuenza ou au rhinovirus.

3. Pourquoi le bébé est-il  plus à risque d’infection par le VRS?
Le système pulmonaire des bébés est immature à la naissance. Sa maturation se poursuit jusqu’à l’âge de 18 mois  pour ce qui concerne les alvéoles pulmonaires et jusqu’à 3 ans pour la différenciation cellulaire des bronches. Il possède 50 millions d’alvéoles contre  300 millions chez l’adulte. Autre particularité des tout-petits, la longueur de leur arbre bronchique beaucoup plus court que chez l’adulte d’où une moins grande distance à parcourir pour le virus depuis la bouche. Leurs bronchioles sont aussi environ deux fois plus petites que celles des adultes (120 µm chez un bébé entre 2 et 4 mois contre 250 µm chez l’adulte). Autre différence par rapport aux adultes,  les bébés possèdent davantage de cellules sécrétrices de mucus d’où une hypersécrétion et un risque plus important d’obstruction bronchique lors d’une une attaque virale. En outre, chez les bébés il n’existe pas chez eux de canaux inter-alvéolaires susceptibles d’établir une ventilation collatérale en cas d’obstruction. Et comme leurs muscles thoraciques sont peu actifs, il ne peuvent pas tousser pour libérer les bronches si elles sont encombrées. Enfin, l’immunité due aux anticorps maternels décroît au cours des 6 premiers mois de la vie, période où leur propre immunité est encore immature.

4. Quels sont les signes d’une bronchiolite ?
Les 2/3 premiers jours, les signes sont principalement d’ordre ORL : rhinite avec obstruction nasale variable : toux sèche, irritative, avec  plus ou moins de quintes, accompagnée ou  non d’une fièvre modérée. Puis, dans 30 % des cas, l’infection s’étend aux voies aériennes inférieures : la toux devient de plus en plus productive et l’enfant a des difficultés à respirer. La respiration devient rapide (polypnée), le volume du thorax augmente, un battement des battements des ailes du nez apparait ainsi que des signes de lutte respiratoire (tirage intercostal) et des sifflements à l’expiration. L’alimentation peut être perturbée ainsi que la déglutition.  Compte tenu de la fièvre, de la polypnée et du refus de s’alimenter il existe un risque élevé de déshydratation.

5. Combien de temps dure l’infection ?
Dans la majorité des cas, la bronchiolite guérit spontanément au bout de 5 à 10 jours. Une fois sur cinq une toux légère et isolée peut persister 2 à 4 semaines.

6. Quels sont les signes qui doivent amener à consulter?
Santé publique France recommande aux parents de consulter le médecin habituel si l’enfant est gêné pour respirer ou s’il a des difficultés pour manger ou téter. Et de se rendre aux urgences :
-Si le bébé a moins de six semaines.
-S’il s’agit d’un ancien prématuré âgé de moins de trois mois.
- S’i l’enfant a une maladie respiratoire ou cardiaque identifiée.
- S’il  boit moins de la moitié de ses biberons à trois repas consécutifs.
-s’ il vomit systématiquement.
-s’il dort en permanence, ou au contraire, pleure de manière inhabituelle et ne peut s’endormir.
En cas d’aggravation l’enfant peut présenter des signes de cyanose (coloration bleue de la peau) autour de la bouche, des malaises, faire des pauses respiratoires ou dormir dort tout le temps.  Ces signes  impliquent un appel d’emblée au 15.
En France 2 à 3% des nourrissons de moins d’un an seraient hospitalisés pour une bronchiolite sévère chaque année.

7. Comment se transmet-elle ?
La bronchiolite est très contagieuse. Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux et les mains. Egalement par les objets souillés : jouets, tétines, “doudous”. Le virus survit 30 minutes sur la peau et de six à sept heures sur les objets. La période d’incubation est de quatre à cinq jours. La porte d’entrée sont les muqueuses nasales et conjonctivales Le  virus se multiplie tout d’abord dans les cellules du nasopharynx puis poursuit  sa route vers le tractus respiratoire inférieur et les poumons deux à trois jours plus tard. C’est là que se manifestent les signes respiratoires (toux, augmentation des sécrétions de mucus, gêne respiratoire). Le virus s’élimine en moyenne au bout de sept jours.

8. Comment la traite-t-on ?
Il n’existe pas de traitement anti-virus spécifique. En 2019, la haute autorité de santé a émis des recommandations concernant les nourrissons de moins d’un an. Dans les formes légères, l’hospitalisation n’est pas nécessaire.  La prise en charge repose sur une approche non médicamenteuse comme le lavage de nez au sérum physiologique pour évacuer les sécrétions nasales  et cela plusieurs fois par jour. Cela permet au nourrisson – qui ne respire pas par la bouche avant 3-6 mois - de mieux respirer. Il est aussi primordial de maintenir des apports en boissons et aliments suffisants à l’hydratation et aux besoins énergétiques d’où la recommandation de fractionner les repas (proposer plus souvent mais en petites quantités). La toux pouvant provoquer des vomissements après un biberon, il faut plutôt réduire le volume des biberons que de les épaissir. Les antitussifs et les fluidifiants sont totalement inefficaces dans la bronchiolite (et contre-indiqués avant 2 ans). On ne donne pas non plus de bronchodilatateurs. De même les antibiotiques ne servent à rien contre le virus.

9. Quels gestes faut-il éviter pour ne pas transmettre le VRS ?

Les autorités sanitaires recommandent :
- d’éviter, d’emmener son enfant dans les endroits publics confinés (transports en commun, restaurants, centres commerciaux, etc.), pour limiter le risque de contact avec des personnes enrhumées.
- de ne pas partager les biberons, sucettes ou couverts non lavés.
-  Ne pas fumer à proximité des bébés et des enfants.
- de limiter les visites (surtout par des jeunes enfants, avant 3 mois)  et d’éviter les contacts trop rapprochés avec le bébé comme le passage de bras en bras.
- d’éviter l'entrée en collectivité avant 3 mois, ne pas confier son enfant en collectivité les jours où il présente des symptômes d'infection virale

10. Existe-t-il des mesures préventives pour limiter sa propagation ?
Quelques mesures d’hygiène  simples permettent de limiter la diffusion du virus de la bronchiolite comme:
-    Se laver les mains avec de l’eau et du savon (ou en utilisant une solution hydroalcoolique) avant de toucher un bébé.
-    Aérer la chambre en ouvrant les fenêtres au moins 10 minutes par jour
-    Nettoyer régulièrement les objets avec lesquels le nourrisson est en contact (jeux, tétines…).
-    Porter un masque en cas de rhume, de toux ou de fièvre
-    Prévoir ses premières vaccinations sans retard afin qu'il soit protégé au plus vite
-    Etre soi-même à jour de ses vaccinations contre la coqueluche, se faire vacciner contre la grippe (idéalement pendant la grossesse en saison épidémique).

11. Existe-t-il des mesures particulières dans les EAJE ?
Il n’existe pas de protocole spécifique national anti-bronchiolite mais en période de bronchiolite les professionnels de la petite enfance veillent particulièrement :
-    A utiliser des mouchoirs individuels et jetables.
-    A jeter les mouchoirs usagés dans des poubelles fermées.
-    Au lavage fréquent des mains tant pour le personnel que les enfants.
-    A bien laver les jouets et les objets.
-    Au port du masque (obligatoire en crèche pour les adultes).
-    A laver soigneusement les surfaces, les jouets et autres objets.
-    A éviter les échanges de jouets, d’objets, etc.
-    Aux conditions du local (aération, température, humidité...)

12. La kiné est-elle efficace ?
Non. Sauf situations particulières, la Haute Autorité de Santé ne recommande plus la  kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique en cas de 1er épisode, depuis 2019. Ces différentes techniques – parfois impressionnantes pour les parents -  consistent  à faire remonter les secrétions pulmonaires encombrant le bébé, vers la gorge, par des pressions au niveau des côtes et du thorax.  Elles étaient auparavant pratiquées en cas de bronchiolite mais les experts ont considéré qu’on manquait de données quant à leur efficacité. « On ne propose la kinésithérapie respiratoire qu’aux enfants qui souffrent par exemple d’une pathologie respiratoire chronique ou d’une maladie neuromusculaire. » précise la HAS dans ses recommandations.

13. La bronchiolite est-elle une maladie à éviction obligatoire ?
Non, mais le guide* Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses développé par le Ministère de la Santé et l’Assurance Maladie précise que  « pour le confort de l’enfant et si les symptômes sont sévères, la fréquentation de la collectivité à la phase aiguë de la maladie n’est pas conseillée »

14. Pourquoi une recrudescence de la bronchiolite en 2021 ?
En 2020, les gestes barrières et les mesures de confinement  mises en place contre le covid-19 ont bloqué les virus respiratoires. Cela a  provoqué une baisse de stimulation du système immunitaire (on parle de " dette immunitaire»). Dans son avis du 5 octobre 2021, le conseil scientifique précisait que "l’épidémie de bronchiolite pourrait être de grande ampleur compte tenu d’un déficit d’immunité collective acquise significatif pour les enfants nés après mars 2020".

15. Les enfants qui ont fait une bronchiolite sont-ils immunisés ?
Non. Les réinfections par le VRS sont fréquentes : entre 23 et 60% des enfants feront une nouvelle bronchiolite durant les 2 premières années de leur vie.

 


 
Article rédigé par : Isabelle hallot
Publié le 24 novembre 2021
Mis à jour le 24 novembre 2021