Le point sur les allergies alimentaires des enfants

L’allergie alimentaire est définie comme l’ensemble des manifestations cliniques liées à une réponse immuno allergique vis-à-vis des allergènes alimentaires survenant après l’ingestion d’un aliment particulier. Celui-ci, normalement inoffensif pour l’organisme, est alors appelé "allergène". L’allergie alimentaire progresse, elle a doublé en cinq ans et touche dorénavant 6 % des enfants, et 4 % des adultes.
Pourquoi de plus en plus d’enfants, même très jeunes sont sujets aux allergies alimentaires ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, nous avons tous, et les petits comme nous, un accès plus facile à des aliments de plus en plus variés. Les fruits exotiques, kiwis, mangues, litchis ou ananas, en sont un bel exemple. Par ailleurs il y a de plus en plus de manipulations technologiques dans l’industrie agro-alimentaire. Enfin, on constate d’une part une diminution de l’immunité liée à une hygiène de plus en plus poussée et d’autre part une fragilisation du système immunitaire due à la pollution environnementale. D’où ce qu’on pourrait presque appeler cette épidémie allergique !

Lait et œuf en tête des allergènes
On connaît les allergènes les plus souvent en cause chez les bébés et jeunes enfants. Ce sont le lait, l’œuf, l'arachide, les fruits à coque (amandes, noisettes, noix, noix de cajou, noix de Pécan, noix du Brésil, noix de Macadamia, pistaches) et le gluten.
Il existe aussi des allergies croisées (pouvant être déclenchées par deux substances différentes qui contiennent les mêmes éléments allergènes). Par exemple, une personne peut être allergique à la fois au pollen de bouleau et à la pomme, cette situation concerne heureusement les enfants plus âgés, mais elle est frustrante car au fur et à mesure des années, il devient impossible de croquer dans les fruits d’été crus.

Ne pas confondre vraies et fausses allergies
Il y a également les fausses allergies alimentaires qui ne sont pas d’origine immune (voir ci-dessous). Ces dernières peuvent être regroupées sous diverses dénominations
  • Hyperréactivité aux amines biogènes (histamine, histidine, tyramine,) contenues dans certains aliments (boissons et aliments fermentés, gibier, charcuterie, poissons, chocolat, le gruyère ou le parmesan râpés) ;
  • Excès de consommation d’aliments histamino-libérateurs comme les fraises, les tomates, le chocolat, les poissons, les crustacés, etc.
Les enfants présenteront  alors tous les symptômes de l’allergie alimentaire sans que le système immunitaire ne soit sollicité.

Comment évolue une allergie alimentaire ?
L’évolution de l’allergie dépend de l’aliment en cause. L’allergie au lait de vache disparaît dans 80 % des cas vers l’âge d’un et deux ans. Environ 60 % des enfants concernés par l’allergie à l’oeuf sont guéris  autour de trois ans. En revanche, lorsque l’arachide, les oléagineux, les poissons et/ou les crustacés causent une réaction allergique, celle-ci disparaît beaucoup moins fréquemment.
A savoir : après la disparition de l’allergie alimentaire, ces enfants en grandissant développent souvent de l’asthme, le terrain est malheureusement favorable car fragilisé.

Comment éviter une allergie alimentaire ?
Dans ce domaine, beaucoup de choses se jouent au moment de la diversification alimentaire. Il faut diversifier l’alimentation du jeune enfant à partir du 5ème mois mais pas après 6 mois et en lui proposer pour commencer des légumes natures, de préférence bio maison ou en petits pots car la réglementation est très exigeante quant au teneur en polluants chimiques. Il est aussi possible de proposer des compotes de mono fruits. Puis le groupe des protéines (viandes, œufs, poisson) sources de fer ou d’acide gras insaturées. Il n’y a plus d’exclusion, les fruits rouges trouvent enfin leur place au printemps au dessert !
Il y a une fenêtre de tolérance entre 4 et 6 mois où tous les aliments recommandés devraient être proposés, « Avant quatre mois, le système digestif et immunitaire n'est pas prêt, et après 6 mois, l'organisme tolère moins bien la diversification », explique le professeur Tounian.
L’un des aliments les plus allergisants comme l’œuf peut être donné entier (blanc et jaune) dès 5 mois, toujours cuit, sous forme d'œuf dur écrasé. Les aliments considérés comme sans intérêt nutritionnel particulier sont : kiwi, céleri, arachide, fruits à coque, crustacés. Dès lors leur consommation n’est pas obligatoire.

Comment gérer une allergie déclarée ?
Le seul traitement à une allergie déclarée est l’éviction en attendant que le système immunitaire évolue. Des réintroductions sont programmées en milieu hospitalier et permettent de savoir si l’allergène en cause est accepté.
En collectivité, une éviction alimentaire est possible seulement si un Projet d’Accueil Individualisé (PAI) a été mis en place afin de ne pas ôter une catégorie d’aliments pour des raisons philosophiques et mettre l’enfant en danger. Les régimes sans lait, sans gluten, sans matières grasses, sans raison sont dangereux pour les enfants.
Dans le cadre d’un PAI, les parents peuvent apporter un panier repas, l’équipe en cuisine ne peut pas toujours garantir l’absence d’allergènes dans les préparations. Il est préférable de le proposer pour des poly-allergies dont la prise en charge peut mettre la cuisinière en difficulté.

Pour aller plus loin
La liste des allergènes Identifiés comme majeurs est à consulter la liste sur le site de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Les Références réglementaires :
  • Décret n° 2008-1153 du 7 novembre 2008 modifiant l'annexe IV mentionnée à l'article R. 112-16-1 du code de la consommation, concernant la liste des ingrédients allergènes majeurs devant figurer sur l'étiquetage des denrées alimentaires.
  • Article R-112-16-1 du code de la consommation, concernant la liste des ingrédients allergènes devant figurer sur l'étiquetage des denrées alimentaires.

Un mécanisme en 2 temps

Le mécanisme est bien connu et se déroule au niveau de la paroi du tube digestif, en deux temps : 1. Un premier contact avec l’allergène reste sans symptôme mais entraîne une sensibilisation à l’aliment en cause, et la production d’anticorps dirigés contre lui (immunoglobulines E surtout). Ceux-ci se fixent sur les mastocytes (cellules participant à la défense de l’organisme). 2. Lors d’un second contact avec l’allergène, les mastocytes sont stimulés. Ils libèrent alors des substances comme l’histamine, causant des signes inflammatoires (ex. : rhinite, eczéma, colique, oedème…).

Article rédigé par : Sylvie Guillou
Publié le 18 février 2016
Mis à jour le 26 avril 2017