La gale : bénigne mais hyper contagieuse

La Gale n’est ni pas une maladie du passé ni une maladie honteuse liée à un manque d’hygiène. Depuis quelques années, les épidémies se multiplient notamment dans les collectivités. Bénigne, mais difficile à vivre, elle est très contagieuse. Ce qu’il faut savoir pour mieux la reconnaître chez les tout-petits et prendre les mesures nécessaires.
La gale : c’est quoi au juste ?
La gale, maladie de la peau qui peut toucher tout le monde, est causée par un parasite, le Sarcopte, un acarien minuscule et invisible à l’œil nu. La femelle s’introduit sous la couche superficielle de la peau, y creuse des sillons et y pond des œufs. Les « sillons » et les vésicules spécifiques et caractéristiques de la gale qui permettent de la diagnostiquer facilement, sont malheureusement loin d’être systématiques, surtout chez les bébés. D’où la difficulté à identifier la maladie chez les petits.

La gale :  les signes qui doivent alerter.
Chez les enfants de moins de 2 ou 3 ans, la gale ne se présente pas de la même manière que chez l’adulte. Chez les touts- petits, et après la période d’incubation de trois semaines environ, la gale se manifeste par des plaques rouges et des démangeaisons notamment. L’enfant est souvent agité. Contrairement à l’adulte, le visage et le dos peuvent être touchés. Des lésions, comme les vésicules perlées peuvent apparaître au niveau de la plante des pieds et la paume des mains. Des signes qui peuvent aider à reconnaître la maladie car les autres symptômes n’étant pas ils peuvent ressembler à ceux de l’eczéma.
A bien observer aussi : le nombril, les plis au niveau des poignets, des aisselles et le cuir chevelu. Attention : chez les bébés de plus de 9 mois, des lésions de grattage peuvent apparaître et éventuellement s’infecter.

Plusieurs formes de gale
La Gale commune est de loin la plus fréquente. Comme il n’y a que 5 à 10 parasites sur la peau, les lésions sont plus limitées et la contamination moins importante.
La gale profuse et la gale hyperkératosique beaucoup plus rares, peuvent néanmoins toucher les tout-petits. Le nombre de parasites est alors très important et le risque de contamination très élevé. En général ce type de gale survient à la suite d’un diagnostic tardif, lorsque la gale n’a pas été diagnostiquée comme telle et traitée pour un eczéma par exemple, ou encore lorsque les défenses immunitaires sont affaiblies. En cas de gale hyperkératosique des croûtes peuvent apparaître.

La gale : une maladie contagieuse
La gale, contagieuse, se transmet par contact direct avec une personne infectée, comme par exemple tenir un enfant dans ses bras. La dissémination du parasite est favorisée bien sûr par la vie en collectivité. Les personnes infectées sont contagieuses dès la fin de la période dite « d ‘incubation », en clair dès le moment où les signes de la maladie apparaissent. Cette période est environ de 2 à 6 semaines (3 semaines en moyenne) pour une première infection et plus courte, environ 4 jours, en cas de récidive. Par ailleurs, même si le parasite ne survit que quelques jours à l’extérieur de la peau humaine, la contamination peut se faire indirectement par les vêtements, les draps, les jouets. Surtout en cas de gale profuse bien sûr.

En cas de gale, quelles mesures prendre ?
Une éviction de 3 jours. Dans les collectivités, les lieux d’accueil, lorsqu’un cas de gale est diagnostiqué et confirmé, et même si ce n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, elle justifie l’éviction de l’enfant durant trois jours. Le traitement prescrit - sans lui, la maladie ne guérit pas- réclame selon les cas, de 24 à 72 heures pour être efficace. L’enfant pourra alors revenir avec un certificat de non-contagion.
• Une information et un traitement de l’entourage Mais cela ne suffit à éviter la contamination et les personnes qui l’entourent (famille, autres enfants et professionnels de l’accueil notamment) devront être informées et consulter un médecin pour elles aussi être traitées. Mais afin d’éviter toute panique, la gale bien que bégnine ayant toujours une image déplorable, une analyse du contexte sera aussi effectuée afin d ‘évaluer le risque de contamination. Selon le type de gale (commune ou profuse), la proximité avec l’enfant, le nombre de cas (on parle d’épidémie à partir de 2 cas) le traitement doit être prescrit plus ou moins largement.
• Des mesures d’hygiène renforcées. Par ailleurs, des mesures d’hygiène concernant l’environnement sont également recommandées afin d’éviter l’évolution du parasite et donc de l’épidémie. Et notamment, laver les vêtements, la literie à 60°.  Les tissus ne pouvant l’être, fauteuils, canapés par exemple, devront être désinfectés à l’aide d’une poudre anti-acariens durant environ 12 heures.  Quant aux objets (jouets,doudous) ils devront être placés dans un sac en plastique fermé durant 5 jours. En l’absence de contact avec la peau en effet, le sarcopte ne survit pas plus de quelques jours.

Il faut dédramatiser !

La gale, n’est pas une maladie honteuse, la maladie des gens sales, et peut toucher tout le monde. Bénigne, elle bénéficie de traitements efficaces qui se font le plus souvent chez les tout-petits par voie locale (via des crèmes) qui peuvent l’être aussi par voie orale pour ceux qui pèsent plus de 15kg.

Article rédigé par : Pascale Pommier de Santi avec le Pr Franck Boralevi, dermato pédiatre au CHU de Bordeaux
Publié le 28 novembre 2016
Mis à jour le 13 février 2020