Comment réagir face à un saignement de nez

L’épistaxis, ou saignement de nez, est fréquent et souvent bénin. Le jeune enfant présente un « amas » de petits vaisseaux en avant de la cloison nasale (tâche vasculaire de KIESSELBACH), fragile et souvent responsable de ces épistaxis en cas de virus ORL, de corps étrangers dans la narine ou autre traumatisme…ou d’allergies saisonnières.
Les règles d’or avant
  1. Ne pas s’affoler mais agir et rassurer l’enfant !
  2. Ne pas pencher l’enfant en arrière : cela pourrait faciliter la formation d’un caillot en arrière de nez ou au fond de la gorge, élément provoquant une asphyxie !
  3. Prendre l’enfant à bras ou l’assoir en le maintenant, plutôt tête vers le bas.
  4. Examiner l’enfant : rechercher un traumatisme, des lésions provoquées par une chute ou un coup…
Evaluer la gravité du saignement de nez
  • Le saignement bénin sera plutôt unilatéral, peu abondant, sans retentissement sur l’état général de l’enfant. Il ne faut pas se fier à sa sensibilité pour juger de l’abondance du saignement : si le sang coule « à flots et longtemps », il est important…si le saignement mouille un mouchoir pendant quelques minutes, il est modéré.
  • Le saignement grave sera souvent bilatéral, abondant, avec rapidement des retentissements sur l’état général : tachycardie, chute de la tension, avec une pâleur « grise » de l’enfant, associée à une transpiration.
  • Un saignement causé par un traumatisme (coup sur le nez, chute avec traumatisme de la face), est à considérer comme « nécessitant une hospitalisation » en urgence, ce d’autant que l’enfant aura perdu connaissance immédiatement après le choc : SAMU.
  • Un saignement intervenant sur une maladie connue de la coagulation, est d’emblée grave et nécessite une hospitalisation en urgence :  il faut appeler le SAMU.
Il est donc important d’observer l’enfant.

Comment soigner un saignement de nez
  • Le principe est de comprimer le vaisseau qui saigne après avoir évacué le sang stagnant ou caillotant dans le nez. Il faut donc moucher l’enfant et, éventuellement laver le nez avec du sérum physiologique en dosettes. Cependant moucher un nourrisson est souvent difficile… Chez un nourrisson, il est donc plus simple de comprimer les narines entre deux doigts pendant 10 minutes afin de comprimer le vaisseau saignant.
  • Chez un enfant de 3 à 4 ans, il est plus aisé de le moucher, de laver la narine qui saigne puis de comprimer les narines entre deux doigts pendant 10 minutes. Parfois, il est utile d’introduire dans la narine une mèche hémostatique (COALGAN) à l’aide d’une pince KOCHER (pour les infirmiers), ou d’une pince à épiler… Attention, ne pas créer de lésions avec les pinces !
  • Ces gestes doivent s’effectuer avec et au calme ; celles-ci faites, l’enfant doit être surveillé et gardé dans un endroit rassurant et paisible… Si l’hémorragie reprend, refaire les mêmes gestes… Cependant, il est alors nécessaire d’hospitaliser l’enfant en faisant appel au SAMU : 15.
  • Si l’enfant présente d’emblée une épistaxis grave, des lésions traumatiques associées, des troubles de la conscience, une maladie de la coagulation connue, il faut hospitaliser l’enfant en faisant appel au SAMU et en effectuant une compression de narine en attendant les secours.
En l’absence de troubles de la conscience, l’on peut donner un peu d’eau fraiche à l’enfant afin de rincer la bouche…et de faire recracher l’eau pour limiter la quantité de sang avalée.

A savoir : Au moindre doute devant un epistaxis, comprimer les narines et appeler le SAMU, et il faut toujours examiner le tout petit afin de rechercher d’autres lésions consécutives à une chute ou un coup.
Par
Dr Pierre-Emmanuel Lebas, médecin-urgentiste
Publié le 19 février 2016
Mis à jour le 01 août 2017