COVID-19 : Crise sanitaire et pauvreté, la double peine pour les enfants

Les chiffres font froid dans le dos. Selon une étude de Save the Children et UNICEF, 86 millions d’enfants supplémentaires pourraient vivre dans la pauvreté d’ici la fin de l’année, soit une augmentation, à échelle internationale, de 15 %.

En cause : les conséquences économiques de la pandémie COVID-19 qui risquent d’aggraver la précarité des ménages les plus démunis. « La pandémie de maladie à coronavirus a entraîné une crise socioéconomique sans précédent qui obère les ressources des familles du monde entier », alerte Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF dans un communiqué. L’ampleur des difficultés financières qui touchent les familles menace de réduire à néant des années de progrès en matière de réduction de la pauvreté des enfants et de priver ceux-ci de services essentiels. En l’absence d’action concertée, les familles qui parviennent à peine à joindre les deux bouts pourraient sombrer dans la pauvreté, et les plus pauvres d’entre elles pourraient être confrontées à un dénuement qui avait disparu depuis des décennies

Répercussions de la crise économique en deux temps
Si les estimations se confirment, le nombre total d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté national pourrait atteindre 672 millions d’ici décembre prochain. Selon Save the Children et UNICEF, les effets de la crise sanitaire conjugués à ceux des politiques de confinement auront des répercussions en deux temps : d’abord, avec les pertes de revenus immédiates privant certaines familles des produits de première nécessité ; ensuite, avec les mesures de restrictions budgétaires qui compromettent la portée et la qualité des services aux personnes en difficultés.

Risques accrus face à l’épidémie
Autre danger, et non des moindres : l’augmentation de l’expositions à l’infection des familles privées d’accès aux services de protection sociale ou à des mesures compensatoires et qui ont, du même coup, plus de mal à respecter les gestes barrières. Le communiqué de presse des deux ONG rappelle que « des centaines de millions d’enfants n’ont pas accès aux soins, à l’éducation, à une bonne nutrition ou à un logement adapté. Cette situation résulte souvent d’investissements inéquitables de la part des gouvernements dans les services sociaux. » Et celle-ci entraîne fatalement une inégalité dans la lutte contre la maladie. Inger Ashing, Présidente-directrice générale de Save the Children International, souligne que « les conséquences brutales de la pandémie de COVID-19 en matière de pauvreté toucheront durement les enfants. Ceux-ci sont très vulnérables aux périodes, même courtes, de famine et de malnutrition dont ils peuvent subir les conséquences pendant toute leur vie ».

Mesures d’urgence à mettre en place
Save the Children et Unicef appellent donc à mettre en place des mesures d’urgence pour lutter contre les effets de la COVID-19 sur les enfants des ménages pauvres. Les ONG plaident notamment en faveur d’un élargissement rapide, à grande échelle, des systèmes et des programmes de protection sociale, ainsi que d’alimentation scolaire et de prestations de soutien : « Autant d’investissements essentiels qui répondent aux besoins financiers immédiats et serviront de base pour que les pays se préparent à de futures crises. » Elles insistent également sur la nécessité pour les gouvernements d’ « investir dans d’autres formes de protection sociale et mettre en oeuvre des politiques budgétaires ainsi que des interventions en faveur de l’emploi et du marché du travail afin de soutenir les familles. Il s’agit notamment d’élargir l’accès universel aux soins et à d’autres services de qualité, et d’investir dans des politiques favorables à la famille, par exemple des congés payés et des services de garde d’enfants. »

Retrouver l’intégralité du communiqué de presse.
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 28 mai 2020
Mis à jour le 28 mai 2020