COVID-19 : Les enfants sont-ils contaminateurs, oui ou non ?

Une nouvelle étude allemande vient de conclure qu’il n’y avait pas de différence marquée entre le niveau de charge virale chez l’adulte et chez l’enfant. De quoi affoler tout- es- celles et ceux qui s’apprêtent à reprendre le chemin des crèches, des écoles, et du travail le 11 mai prochain. Pour autant, même si cette étude tend à démontrer que les plus jeunes sont aussi contagieux que les adultes, elle ne le prouve pas encore. Et le mystère reste entier…

Les études se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Certaines ont dès le début du confinement pointé du doigts les petits en les désignant comme de dangereux propagateurs du coronavirus. D’autres ont ensuite tempéré en affirmant, au contraire, que les plus jeunes n’étaient pas les vecteurs que l’on croyait car moins infectés. Aujourd’hui, une nouvelle étude allemande, pré-publiée le 29 avril, vient rebattre les cartes en constatant une charge virale identique entre les adultes et les enfants. Autrement dit, la question de leur contagiosité pourrait se poser dans les mêmes termes que chez les adultes…

Pas facile de se repérer dans ce dédale de publications scientifiques souvent contradictoires. Alors, à 4 jours du 11 mai et de la date officielle du « déconfinement », les enfants sont-ils contagieux ou pas ? La réponse reste floue. Car nombre de facteurs et de questions en suspens sont à prendre en considération.

Que dit la nouvelle étude allemande
L’étude allemande, dirigée par le virologue Christian Drosten, menée auprès de 3712 patients atteints du Sars-CoV-2 (dont 37 enfants positifs âgés de 1 à 6 ans, 16 de 7 à 11 ans et 74 de 11 à 19 ans) n’a pas observé de différence notoire entre la charge virale des adultes et des 127 petits et adolescents étudiés. Dans chaque sous-groupe, et quel que soit l’âge,  les chercheurs ont constaté des niveaux de charge virale de toutes intensités. La population pédiatrique semble donc présenter un taux de contagiosité identique à celle des adultes, les scientifiques partant du postulat que plus la charge virale d’un individu est importante plus il est susceptible de contaminer d’autres personnes.  

Attention à l’emballement
Pour autant, certains autres chercheurs invitent à la prudence par rapport aux résultats de cette étude, rappelant que la charge virale n’est pas le seul facteur déterminant la contagiosité. Les contacts sociaux, par exemple, et particulièrement rapprochés entre les plus jeunes, le nombre de cas asymptomatiques, peuvent également jouer un rôle dans la propagation du virus. Mais surtout, la charge virale ne semble pas forcément représenter systématiquement un risque d’augmenter les risques de transmissions.

Question à tiroirs
Le Dr Marie-Aliette Dommergues, infectiologue au CH de Versailles, souligne ainsi la difficulté d’appréhender la problématique de la contagiosité infantile face au COVID-19 : « Cette question complexe en soulève d’autres : - Est-ce que les enfants sont moins infectés ?  Jusqu’à présent les données dont nous disposons l’ont démontré. – Ont-ils la même charge virale que les adultes. C’est ce qu’a observé l’étude allemande. – Sont-ils autant contaminateurs ? Sur ce point, nous manquons encore de recul. Il est possible qu’ils sécrètent et expectorent le virus moins longtemps, mais nous n’avons pas encore la réponse. Des études sont en cours ». Et la pédiatre de conclure : « Nous devons rester extrêmement humbles face à cette épidémie. Les résultats des recherches ne cessent d’évoluer, d’être débattus, et nos connaissances doivent s’adapter en conséquent ».





 
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 07 mai 2020
Mis à jour le 07 mai 2020