Déconfinement : l’appréhension des ATSEM

Depuis que l’annonce du Premier ministre d'une reprise progressive des classes de maternelle et de l'école élementaire à partir du 11 Mai prochain a été faite, les ATSEM naviguent en eaux troubles. A l’instar des enseignants, elles vont être contraintes de reprendre le chemin de l’école pour s’occuper des tout-petits de maternelle et de leur environnement. Une décision qui laisse perplexe les deux collectifs ATSEM National et le Collectif indépendant des ATSEM de France.

« Nous proposons une réouverture très progressive des maternelles et de l’école élémentaire à compter du 11 mai, partout sur le territoire, et sur la base du volontariat. (...) Les classes rouvriront dans des conditions sanitaires strictes :
-  Pas plus de 15 élèves par classe ;
-  Une vie scolaire organisée autour du respect des règles barrière, demesures d’hygiènes strictes et de la distribution de gels hydroalcooliques.
-  Tous les enseignants et encadrants des établissements scolaires recevront des masques qu’ils devront porter quand ils ne pourront respecter les règles de distanciation.
Sur la question des masques pour les enfants, les avis scientifiques nous ont conduits aux décisions suivantes :
-  Le port du masque est prohibé en maternelle»

Suite à ces annonces du Premier ministre, dès le 11 mai, les tout-petits reprendront le chemin de l'école tout comme les professionnels chargés de leur éducation. Pour le gouvernement, les gestes barrières doivent être impérativement respectés, ce qui laissent dubitatives les ATSEM.

Des difficultés pratiques
Les deux collectifs sont unanimes : les gestes barrières et la distanciation sociale sont tout simplement inenvisageables avec des enfants, surtout en maternelle. « Juste avant que l’on soit confinés, on voyait bien par exemple qu’un enfant qui tousse n’a pas le réflexe de tousser dans son coude » explique Isabelle Dubois, du collectif National ATSEM.
Par ailleurs, l"amplitude horaire des ATSEM (40H par semaine en moyenne) nécessite une proximité conséquente avec les enfants. « Nous nous occupons de la partie aide pédagogique ainsi que la partie éducative, sans compter la partie hygiène. Car nous devons déjà désinfecter le matériel plusieurs fois par jour, mais s’il faut en plus désinfecter à chaque fois qu’un enfant touche à un objet cela paraît impossible. Les modalités d’accueil ne seront plus du tout les mêmes » précise Isabelle, qui partage les mêmes inquiétudes que les enseignants.  
Elle explique d’ailleurs que, dans la pratique, même si les classes accueilleront maximum 10 enfants par jour, cela ne limite en rien les risques. « Sur des grandes écoles comme celle où j’exerce, 10 enfants par classe cela fait une soixantaine d’enfants à faire déjeuner chaque midi. Avec un tel nombre, c’est impossible de maintenir les gestes barrières ».

Les ATSEM, grandes oubliées de la crise sanitaire
Pour Isabelle Dubois, les ATSEM ne sont toujours pas considérées malgré leur engagement durant cette crise sanitaire. « On parle des enseignants, des élèves, des parents, mais une école fonctionne aussi grâce aux ATSEM. Elles ont accueilli les enfants des personnels soignants en complément des enseignants mobilisés les mercredis et même certains week end selon les besoins. Et parfois, il n’y avait pas de volontaire parmi les enseignants, seulement des agents de la mairie comme les ATSEM et les animateurs. On oublie de les mentionner mais elles assurent massivement l’accueil des tout-petits durant ce confinement ».

L’incompréhension face au 11 mai
Christine Meresse du Collectif Indépendant des ATSEM de France est pleine incertitude devant la situation auxquelles elle-même et les autres ATSEM doivent faire face : « Nous n’avons pas vraiment eu de directives. Tout est confié aux maires des villes qui vont assumer la logistique sans travailler en concertation avec nous. La plupart des membres du collectif ont reçu des mails de leur mairie leur demandant de commencer à nettoyer en amont avant de recevoir un protocole. Mais nous sommes totalement dans le flou ».
Inquiète pour la sécurité des enfants et du personnel, Christine et le collectif sont déçus de la décision d’une reprise le 11 mai. « On ne comprend pas pourquoi ce sont les maternelles qui ouvrent le bal, on aurait clairement préféré une réouverture des écoles au mois de septembre » s’interroge Christine qui a malheureusement conscience de ne pas avoir le choix.
 
Article rédigé par : Nora Bussiny
Publié le 30 avril 2020
Mis à jour le 30 avril 2020