Etude : le syndrome du bébé secoué rarissime en crèche

Des scientifiques français se sont penchés, de façon rétrospective, sur les modalités de garde des enfants victimes du syndrome du bébé secoué (SBS), en analysant des cas médico judiciaires. Il apparaît que le syndrome du bébé secoué se produit essentiellement au sein d’un domicile privé.

On estime qu’il y a chaque année plusieurs centaines de victimes du syndrome du bébé secoué. Il touche principalement les tout-petits de moins de 1 an et en très grande majorité les garçons. Il s’agit d’actes d’une extrême violence, qui peuvent entraîner un traumatisme crânien ou même la mort. Pour éviter ces drames, l’accent est mis sur la prévention. Et pour la cibler, il est important de savoir où cette maltraitance se déroule. Des équipes de l’unité médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu AP-HP, du service de radiologie pédiatrique et du service d’épidémiologie de l’hôpital Bicêtre AP-HP, de l’Université Paris-Saclay et de l’Inserm ont mené une étude (publiée dans la revue Pediatrics) afin de savoir où les cas de SBS se produisent.

Syndrome du bébé secoué : la très grande majorité des cas se déroulent dans un domicile privé
Les scientifiques ont analysé les dossiers médico-judiciaires de 323 enfants âgés de 2 mois et demi à 3 ans, sur une période de 18 ans (2002-2020), tous victimes du syndrome du bébé secoué. Chaque cas avait été signalé par un pédiatre puis confirmé par un expert judiciaire. Il ressort de la recherche que 98,5% des cas de SBS se sont déroulés dans un domicile privé. Au moment des blessures infligées aux enfants, les personnes en charge des tout-petits étaient en majorité des « nounous » (51%), puis des pères (27%), des mères (11%) et des beaux-pères (3%). Et elles étaient toutes seules avec l’enfant. A noter qu’il n’y a pas de précision sur le fait de savoir si les « nounous » étaient des gardes d’enfant à domicile ou des assistantes maternelles. L’étude souligne n’avoir recensé qu’un seul cas en crèche et précise que la personne ayant maltraitée l’enfant était seule avec lui pendant quelques minutes. Les auteurs de l’étude concluent que le fait que le SBS soit rare en crèche peut aider à prendre des décisions en matière de prévention. Ils ajoutent que « les récentes politiques gouvernementales concernant les décisions relatives au maintien au domicile pendant la pandémie ont donné à cette question une nouvelle pertinence. »

Les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)
Pour rappel en septembre 2017, la HAS a actualisé ses recommandations concernant le syndrome du bébé secoué. Elle a détaillé les signes et symptômes permettant aux médecins de déceler des enfants qui auraient été secoués par des adultes. Ces recommandations avaient été remises en cause par une association de parents, Adikia, qui estimait qu’elles pouvaient entraîner des erreurs judiciaires. La HAS n’avait pas tardé à répondre et avait réaffirmé « avec l’ensemble des organisations professionnelles et associations de patients qui ont été mobilisées pour les élaborer, l’importance de ses travaux et le rôle essentiel des professionnels de santé dans le repérage, le diagnostic et la prévention de ces maltraitances à enfant. »

Voir le résumé de l'étude sur le site de l'APHP
 
Publié le 12 novembre 2020
Mis à jour le 14 juin 2021