Âge par âge, les jouets pour accompagner leur motricité

Avant ou après les premiers pas, les jeunes enfants ne comptent pas leurs efforts pour exprimer leur grande vitalité. À l’intérieur ou en plein air, du matériel de motricité et des jouets moteurs bien choisis enrichissent leur activité physique et leur procurent du plaisir. Quels jouets moteurs et pour quels bénéfices ? Conseils et explications de Fabienne Agnès Levine, psychopédagogue.
Avant 10 mois, des jouets pour être actif et réactif
Quels jouets ? Dès que les bébés passent de longs temps d’éveil allongés au sol, autour du sixième mois, ils ont besoin de jouets qui, par leur volume et leur mobilité, encouragent leur locomotion : grosse balle, culbuto, rouleau d’éveil gonflable, jouet en bois ou en peluche sur roues (grosse voiture avec poignée, animal).
À compléter avec des tapis inclinés, des montagnes à vagues et autres blocs de mousse car bien avant de tenir en équilibre sur deux pieds, le bébé a plaisir à ramper, escalader et glisser sur des pentes douces.
Des cerceaux posés au sol offrent des dénivellements qui enrichissent le territoire à explorer.
Au domicile, coussins et traversins posés par terre suffisent pour satisfaire le besoin de grimper sur une surface en relief !

Pourquoi ? Les accessoires et les jouets mis sur le chemin du bébé qui se déplace au ras du sol satisfont sa curiosité et l’encouragent à avancer, reculer, se retourner, changer de direction en rapport avec les obstacles rencontrés.
Tous ces objets qui roulent et bougent l’incitent à coordonner sa vision, la position de ses bras et tout son corps pour se déplacer. En jouant avec eux, le bébé acquiert de l’aisance dans les retournements et prend de l'assurance, y compris dans un environnement non lisse, non plat, non prévisible.

Entre 10 et 18 mois, pourvu que les jouets roulent  
Quels jouets ? Il est temps, si ce n’est déjà fait, de rajouter des ballons en mousse et d’autres jouets suffisamment volumineux et avec des roues (voitures, animaux).
Un tunnel en toile dans lequel s’engouffrer, une piscine à balles à enjamber, un petit toboggan pour escalader et glisser sont des éléments de parcours moteur stimulants.
Le chariot de marche offre un bon support pour accompagner les premiers pas, à condition d’être stable (en général, un chariot en bois bascule moins qu’un chariot en plastique). Certains sont équipés d’un frein à régler, pour limiter les chutes. Tant que l’enfant ne trouve pas son équilibre pour avancer en se tenant à la barre, il préfère le pousser et le tirer, en restant à genoux. Et il a bien raison !

Pourquoi ? Les différents supports de motricité et les jouets roulants accompagnent les progrès de la station debout et aident à renforcer la musculature. Ils contribuent aussi à mieux sentir son axe corporel et à mieux coordonner haut et bas du corps. En utilisant tous ces objets, l’apprenti marcheur teste son équilibre, s’entraîne à coordonner plusieurs actions et apprend à s’orienter dans l’espace.

Entre 18 et 24 mois, l’âge d’or du porteur
Quels jouets ? Une fois que les enfants savent marcher et commencent presque à courir, ils entrent dans une période d’explosion motrice qui ouvre la porte à une variété de jouets moteurs : toboggans intégrés ou non à une petite structure de motricité, jouets à traîner derrière eux grâce à un cordon, ballons plus lourds, balançoires à bascule, etc.
Mais les nouveaux jouets qui procurent le plaisir du déplacement et de la vitesse sont les porteurs, sur lesquels l’enfant s’assoit à califourchon et avance à l’aide des pieds posés au sol. La plupart des modèles font appel à l’imaginaire, en représentant un animal ou un moyen de transport (voiture, car, camion, moto à quatre roues, etc.) ; certains ont un coffre sous le siège, certains sont équipés à l’arrière d’un arceau qui sert soit de dossier quand l’enfant est assis face au volant, soit de point d’appui quand il se met debout et le pousse.
Les catalogues destinés aux établissements de la petite enfance proposent un modèle compact, d’une seule couleur, sans volant ni poignées, limité à une base sur laquelle s’asseoir, munie de quatre roues pivotantes : le « U-porteur ». On peut y trouver aussi de simples planches à roulettes, sur lesquelles s'allonger à plat ventre.

Pourquoi ? Le petit marcheur fait de plus en plus de progrès pour maintenir son équilibre tout en bougeant. Les déplacements de gros jouets et l’utilisation de moyens de locomotion renforcent de nouvelles compétences : savoir avancer, reculer, ralentir, accélérer, pousser, tirer, sauter, etc. Les jouets moteurs l’encouragent à répéter plusieurs combinaisons d’actions, par exemple lorsqu’il se baisse et pousse un jouet avant de se relever, ou bien lorsqu’il penche le buste, tourne un volant et garde la tête droite pour regarder où il va.

Entre 24 et 36 mois, les roues font l’équilibre
Quels jouets ? À l’âge de nouvelles compétences liées au développement du système nerveux et à la croissance du système musculaire, la liste des jouets favorisant la grande motricité est longue : ballons, rouleaux, cerceaux, tunnels, blocs de mousse, piscines à balles, toboggans, jouets à traîner, porteurs, balançoires, en plus des structures à grimper et des engins roulants. D’autres jouets offrent de nouvelles expériences : les trampolines avec ou sans barre de maintien, les jeux d’adresse simples (cible en tissu, mini panier de basket, anneaux à lancer), les grosses briques de construction en carton, légères et faciles à manipuler.
L’enfant qui a acquis la marche est assez dégourdi pour exploiter librement toutes les possibilités d’une coquille appelée « bilibo », conçue comme un jouet de motricité et de bascule.
Les structures à grimper constituent une aire de jeu à trois dimensions, avec pente, passerelle en filet, paroi d’escalade et tout autre élément incitatif à des prouesses.
Aux porteurs dont les quatre roues garantissent la facilité à les conduire, s’ajoutent les premiers tricycles (donc avec trois roues) équipés de pédales ainsi que les draisiennes, vélos sans pédales, mais avec deux, parfois trois roues. Pour les choisir, il faut vérifier qu’une fois que l’enfant a chevauché l’un d’eux pour s’asseoir, il garde les pieds bien à plat et peut donc pousser avec les jambes pour avancer.
La trottinette, à condition d’avoir deux petites roues à l’avant et une à l’arrière (plutôt que seulement deux roues), est utilisable dès deux ans, l’enfant pouvant trouver son équilibre pour rouler en tenant bien le guidon.

Pourquoi ? Les capacités à l’œuvre avec les jouets moteurs sont nombreuses : coordonner la vision et l’action, évaluer les distances, anticiper le fait de ralentir ou d'accélérer, maintenir son équilibre tout en se déplaçant, dissocier les mouvements du haut et du bas du corps, mémoriser des séries de mouvements à enchaîner.
Les progrès favorisés par les jouets cités ci-dessus concernent toutes les dimensions du développement moteur ; ils dépendent de qualités mentales et pas seulement physiques.

Et après ? Des jouets pour une grande motricité
À 3 ans, le jeune enfant a encore beaucoup d’habiletés motrices à perfectionner, au niveau de la course, du saut, du lancer, des actions et déplacements en général. De mois en mois, il joue en faisant des mouvements plus amples et parcourt des espaces plus vastes. De ce fait, son temps d'activité corporelle en plein air gagne à s’allonger, quitte à ce que les éléments de la nature - grosses pierres sur lesquelles grimper, branche à laquelle se suspendre, filet d’eau à enjamber, etc. - complètent ou remplacent le matériel de jeu.

Entre 3 et 6 ans, la panoplie s’enrichit encore, au rythme des opportunités de l'environnement et des expériences individuelles : vélos avec ou sans petites roues à l’arrière, accessoires de portique (anneaux, barre pour se balancer), mini échasses (à cordes), rollers, poutre, ballon sauteur, quilles, etc. Le programme de l’école maternelle prévoit une progression dans les apprentissages autour du domaine « agir, s’exprimer et comprendre à travers l’activité physique », qui renforcent les acquisitions faites avec les jouets moteurs et qui préparent bien à l’initiation à un sport, vers 5 ou 6 ans.

Bouger, c’est naturel et ça aide à grandir.

Bouger, c’est bon pour le développement des fonctions physiques mais pas seulement. Car c’est dans le cerveau et non dans les muscles que se situe l’origine du mouvement ! Bouger est une activité complexe, dans laquelle motricité globale et motricité manuelle sont interdépendantes. Les gros jouets et les jouets roulants sollicitent aussi l’intelligence, car l’enfant doit prendre une courte décision avant chaque action et porter de l’attention sur ce qu’il fait.
Bouger, c’est bon aussi dans les domaines de l’affectivité et de la socialisation : en jouant, l’enfant développe la conscience de son corps, prend de l’assurance au cours de petits défis, gagne en confiance en lui, collabore avec ses pairs ou se mesure à eux dans une agitation joyeuse.
Voilà pourquoi, pendant toute l’enfance les jouets moteurs sont une grande source d’épanouissement.

Article rédigé par : Fabienne Agnès Levine
Publié le 17 janvier 2018
Mis à jour le 03 avril 2018