Le jeu symbolique à la crèche

A la crèche, les jeux d’imitation et les espaces qui leur sont consacrés sont multiples et offrent des possibilités de jeu variées aux enfants. Ils peuvent ainsi non seulement imiter les grands mais aussi s’imiter entre eux. Ce qui est très positif pour leur développement.
A la crèche, les enfants expérimentent des jeux de différentes natures. Les jeux d’imitation y occupent une place prépondérante. Les professionnels consacrent des espaces dédiés pour permettre aux enfants d’en profiter pleinement. Il y a bien sûr la cuisine qui est assurément l’espace le plus plébiscité par les enfants, mais aussi la nurserie, les déguisements, les personnages, la ferme, la garage... « Comme la vie du tout-petit est rythmée par le repas, le sommeil, le bain et les soins, il est important de proposer des jeux qui correspondent à sa préoccupation, souligne Isabelle Guisti, coordinatrice petite enfance chez Babilou et éducatrice de jeunes enfants. Une petite baignoire, un poupon, une chaise haute. On choisit des objets réalistes, à hauteur de l’enfant, et qui sont en bon état bien-sûr. » Pour satisfaire le besoin d’imitation, du matériel simple peut être utilisé comme des petites bassines, des cuvettes, des matériaux de récupération de bonne qualité, comme des bouteilles de lait.
Les recherches de Jacqueline Nadel, spécialiste du développement, ont montré l’importance du besoin d’imitation réciproque entre jeunes enfants dans la deuxième et troisième année lorsque la communication entre eux est encore non verbale. Courir ensemble, prendre les mêmes jeux, faire des gestes similaires constituent la première base d’interactions durables et positives. Imiter l’autre permet d’être soi et d’être l’autre à la fois, donc de s’identifier à l’autre. Cela crée des émotions positives, du partage et de l’empathie. A partir de 2 ans, l’imitation favorise la coopération et le partage.

Des jouets identiques en plusieurs exemplaires
La quantité de matériel agit sur l’activité des enfants. Plus les jeux sont variés, plus ils permettent aux enfants des explorations différentes. Il est important que chaque enfant puisse changer de jeux plusieurs fois dans la journée. Néanmoins, « il faut veiller à ne pas noyer les enfants dans le matériel, souligne Isabelle Guisti. Si on mutiplie les thématiques, on multiplie les sollicitations. Sur-stimulé par un trop plein d’accessoires, l’enfant n’imite plus, s’éparpille, ne fait plus que remplir vider. Il n’est plus dans la concentration. »
Mieux vaut proposer des matériels de jeu en plusieurs exemplaires identiques pour permettre aux enfants de s’imiter entre eux. Les recherches ont montré que lorsqu’il y a plusieurs jeux semblables, les conflits diminuent fortement, la durée de jeu et les interactions positives augmentent. L’enfant a besoin d’avoir le même support pour être complice avec l’autre. « On commande en effet les jeux en différents modèles identiques. Par exemple, dans la dînette, les verres, assiettes sont dans les mêmes teintes pour que l’enfant soit concentré sur son jeu et ne soit pas tenté de prendre celui de son camarade qui est d’une autre couleur. S’il y a quatre assiettes, il y aura le même nombre de verres, de couverts et de chaises autour de la petite table. De cette manière,  les enfants et les professionnels savent que cet espace peut être investi par un nombre précis d’enfants. »

Un cadre ludique propice au jeu symbolique
L’espace doit être bien agencé pour favoriser le jeu symbolique. Les espaces de jeu sont conçus de manière à ce que l’enfant puisse y accéder par différents côtés. « Ils sont délimités mais on ne parle plus de coin, ajoute la spécialiste. La cuisine n’est plus contre les murs car les enfants avaient tendance à se bousculer. » Le décor est soigné et l’espace ludique mis en scène pour permettre aux enfants d’élaborer des scénarios. On va sortir des bassines de différentes taille qu’on dispose joliment sur le sol. Dans l’espace cuisine, les assiettes sont posées sur la table. On veille à ce que les poupons soient toujours habillés et mis en scène dans un lit ou sur une petite chaise. De la même manière, les déguisements ne sont pas en vrac dans une caisse à disposition dans une armoire. Certains vêtements ou accessoires peuvent être placés sur un table ou sur un porte-manteau afin de donner à l’enfant l’envie de se les approprier. Il va essayer différents couvre-chefs.
Le but : inciter l’enfant à investir l’espace, lui offrir des explorations variées. Les professionnels organisent une rotation des pôles  de jeu en fonction de l’intérêt des enfants. Si une zone de jeu est  trop demandée, il ne faut pas en déduire qu’il faut limiter l’accès, mais réfléchir à en augmenter l’espace, à le dédoubler, il n’est pas interdit de mettre deux espaces cuisine dans une pièce. Il est aussi judicieux de ne pas placer l’espace nurserie à côté de l’espace dînette. Le jeu symbolique est principalement un jeu libre. Pour favoriser les explorations, il faut laisser l’enfant libre d’évoluer dans l’espace sous le regard éclairé et bienveillant du professionnel.
Article rédigé par : Suzanne Godot
Publié le 08 mai 2016
Mis à jour le 01 septembre 2017