Pauline, d’AP à EJE : un travail de titan

Pauline, 37 ans aujourd’hui, était fâchée avec l’école mais avait un projet : devenir EJE en pouponnière. Elle a réussi mais dans le désordre ! Elle a été Auxiliaire de puériculture en pouponnière et Éducatrice de jeunes enfants crèche. Un parcours atypique qui commence par un simple BAFA.


 
Trois ans d’animation périscolaire et en centres de vacances

« J’avais des compétences mais l’école ne m’intéressait pas et aucun prof n’a su me motiver. J’ai quitté le lycée à 17 ans avant de passer le bac » raconte Pauline. Elle passe son BAFA et, pendant près de 3 ans, travaille en périscolaire et en centres de vacances, des jobs plutôt précaires. Pourtant déjà à cette époque, elle a une idée en tête : devenir EJE et travailler en pouponnière.

Mais sans le bac, elle ne peut prétendre à cette formation. « J’avais deux options, dit-elle, soit  reprendre un cursus scolaire pour passer le bac et ensuite présenter le concours d’EJE soit devenir AP pour ensuite entrer en formation EJE. J’ai fait le choix de préparer le concours d’auxiliaire de puériculture ».
Elle passe le concours, le réussit, obtient son diplôme, et travaille en néonatologie où elle avait été remarquée durant son stage. Une  période où t besoin et envie d’être dans la vie active. On lui propose une place en pouponnière sociale, elle accepte et y passe 5 ans.

2 ans de sacrifice pour valider sa VAE
L’idée de devenir EJE ne l’a pas vraiment quittée, mais reprendre des études… On lui parle de la VAE. « Au départ j’étais réticente, explique-t-elle, j’avais le syndrome de l’imposture. » Hésitante, « pour voir », elle demande néanmoins le livret 1 et le renvoie sans trop y croire en se disant « au pire cela m’aura couté le prix d’un timbre ! ». Et contre toute attente, elle reçoit le livret 2. Piquée au vif, elle s’y consacre corps et âme pendant 2 ans. Pour Pauline, sa VAE a été comme une entrée en religion.  « Pendant deux ans, dit-elle, je n’ai fait que ça. Je n’ai vu personne, ni famille, ni amis. Je n’ai fait que travailler. Je lisais tout ce qui concernait la petite enfance, regardais toutes les émissions où des pédiatres, psychologues et psychiatres parlaient. J’ai ingurgité des tonnes de livres, fait toutes les formations que mon employeur me proposait… ». Elle pensait VAE nuit et jour.

Elle s’est débrouillée seule, sans aucun accompagnement. Trop cher (près de 2500€ pour 21h d’aide) et de soutien.  Plus tard, elle découvrira que comme salariée, elle cotisait et pouvait avoir un financement pour cet accompagnement… mais son employeur ne lui avait pas dit.
 Elle a mis un an à « remplir son livret 2. », l’équivalent d’un mémoire « où il faut décrire la structure dans laquelle on travaille, expliquer les missions qu’on a et avoir un regard sur ses pratiques professionnelles ».  Et enfin l’oral de 30 minutes face à un jury de 3 pros qui faisaient tout pour la déstabiliser. Mais au bout : le succès, la validation de ses compétences, elle devient EJE. Son objectif est atteint. Et là plus de sentiment d’imposture. « J’ai mérité ce diplôme, j’ai bossé et ait été jugée sur mes écrits et compétences ; je ne l’ai pas volé. Oui, je me suis sentie légitime ».

Très vite des postes à responsabilités
Mais ironie du sort, elle ne sera pas EJE en pouponnière car son employeur n’a pas de poste pour elle. Elle quitte donc la pouponnière pour prendre la direction d’une halte -garderie. Une sacrée expérience pour une jeune diplômée. Et depuis elle a  bien mené sa barque Pauline  et a décroché la direction de plusieurs micro-crèches. Elle vient de démissionner car dit-elle «  je perdais l’essence même de mon travail. Je ne pouvais plus accompagner correctement les parents, les enfants, l’équipe. Je ne faisais que remplir des plannings et veiller à la rentabilité ». Alors aujourd’hui Pauline, 8 ans après l’obtention de sa VAE d’EJE  a d’autres envies. Mais ça,  c’est une autre histoire…



 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 05 juillet 2021
Mis à jour le 26 février 2022