Réingénierie du diplôme d’état d’éducateur de jeunes enfants (EJE) : les 8 points-clefs

A la veille des vacances d’été voici un point d’étape sur la réingénierie du diplôme d’Etat d'éducateur de jeunes enfants commencé fin 2016 en même temps que les 4 autres métiers du secteur social. Des groupes de travail se sont réunis régulièrement. Voici le point sur les discussions en cours sachant que rien ne sera définitivement acté avant le dernier avis de la CPC (Commission Professionnelle Consultative) et la décision finale de la DGCS et du ministère des Solidarités et de la Santé.
 
1. Le diplôme d’état d’EJE sera un diplôme de niveau II. Grade licence.
Le passage du diplôme de niveau III à un niveau II était une demande des organisations professionnelles dont la FNEJE. C’est désormais acquis. Le 27 mars dernier l’arrêté portant création du niveau II a été publié. Il vient corriger une anomalie puisque les études durent 3 ans et que le diplôme obtenu à leur issue correspond donc bien à un bac +3. Le nouveau diplôme va pouvoir s’intégrer dans un cursus universitaire LMD (Licence, Master, Doctorat) et donc permettre aux diplômés qui le souhaitent une poursuite d’études universitaires en intégrant une formation Master 1.

2. Le niveau II ne sera pas a priori rétroactif
Sur ce point évidemment les professionnels sont moins d’accord. Et en mai dernier l’association nationale des assistants de service social (anas) a publié un communiqué le spécifiant. A l'initiative de la FNEJE, les autres organisations professionnelles du secteur social ont décidé de s'associer  pour réfléchir ensemble à des passerelles permettant aux diplômes d’avant 2021 (2021 étant la date de sortie des premiers « nouveaux diplômés » qui entameront leur formation en 2018) d’accéder eux aussi à des formations supérieures. Pour la FNEJE « cette non rétroactivité nous a été imposée et nous souhaitons négocier au mieux pour qu’un maximum de professionnels puissent bénéficier de cette réforme et de cette réévaluation du niveau de diplôme ». En revanche le passage en catégorie A en 2018 concernera bien tous les EJE ayant un statut de fonctionnaire quelle que soit la date de l’obtention de leur diplôme

3. Des groupes de travail par métiers
La réingénierie a débuté après la remise du rapport de la CPC intitulé « schéma directeur global des formations du social » remis à Ségolène Neuville, alors secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, en septembre 2016. Un comité de coordination a été constitué pour préparer la méthodologie des travaux avec l’idée qu’il fallait harmoniser l’écriture des référentiels des cinq métiers du travail social concernés : éducateur de jeunes enfants, éducateur spécialisé, assistant de service social, conseiller en économie sociale familiale et éducateur technique spécialisé. Puis des groupes de travail par métiers (composés de représentants des syndicats employeurs, salariés, des organisations professionnelles et de la DGCS) se sont réunis assez régulièrement pour travailler d’abord autour du référentiel d’activités puis de compétences. Leurs réunions se termineront avec les référentiels de formation et de certification. Les groupes de travail se sont ouverts aux représentants des centres de formation depuis avril, à partir du référentiel compétences. L’ambiance de travail a toujours été très cordiale, les discussions ont  parfois été animées mais avec toujours beaucoup d’écoute et de respect. Entre ces réunions spécifiques, le comité de coordination a de son côté, a poursuivi son travail d’harmonisation et a jeté les bases du socle commun aux 5 métiers.

4. Un socle commun aux 5 métiers du travail social
Un socle commun aux métiers du travail social sera intégré à chaque référentiel de formation. Le comité de coordination qui vise les travaux cinq groupes, y travaille. En tenant compte des remarques et désidérata de chacun d’entre eux. Ce socle commun touchera à priori aux aspects relationnels et d’accompagnement (individuel et collectif) de ces métiers du social.

5. Le socle commun aux métiers de la petite enfance, ce sera pour plus tard
Comme pour le nouveau CAP accompagnant éducatif petite enfance, le fameux socle commun à tous les métiers de la petite enfance (titulaires du CAP, auxiliaires de puériculture et éducateurs de jeunes enfants) souhaité par le rapport Giampino et repris dans le plan d’action pour la petite enfance de novembre 2016, il faudra encore attendre. C’est probablement dans un deuxième temps, peut-être même après l’entrée en vigueur du nouveau diplôme, que ce socle petite enfance y sera intégré.

6. Le référentiel d’activités est terminé et validé
Le référentiel activités, fonctions et définition métier est terminé et validé. Mais il pourrait bouger encore en fonction non seulement de l’harmonisation souhaitée dans la rédaction mais aussi la conception même des 5 référentiels. Bouger aussi légèrement selon le référentiel de compétences qui suscite beaucoup de discussions et qui lui devrait être terminé lors de la prochaine réunion de juillet. Néanmoins on peut dire qu’il s’inscrit dans le prolongement du référentiel d’activités actuel (qui date de 2005) et qu’il renforce les aspects petite enfance et travail social de l’EJE tout en ouvrant des perspectives supplémentaires. Il insiste par exemple sur le décloisonnement des différents champs professionnels dans lesquels l’EJE exerce. L’EJE est pleinement reconnu comme un professionnel à la fois généraliste et spécialisé auprès des 0-7 ans. Reconnu comme un vrai travailleur social, reconnu comme compétent pour la prise en charge du handicap ou dans la protection de l’enfance. Pour la FNEJE « cela consolide les missions de l’EJE et ça le positionne comme un travailleur social spécialisé dans une vraie complémentarité avec les autres travailleurs sociaux». Autre point positif parmi les 4 fonctions actuelles des EJE, celle concernant la dimension partenariale et politique est renforcée. Il est même question de la dédoubler pour créer une 5ème fonction lui donnant un rôle dans la dimension territoriale, notamment dans la coordination de projets. Trop tôt encore pour affirmer que ce sera le cas.

7. Il n’y a pas de fonction managériale dans le diplôme d’état d’EJE
Là encore c’est une satisfaction pour les professionnels qui souhaitent que leur cœur de métier soit préservé. Et leur métier c’est d’être sur le terrain auprès des jeunes enfants et des familles. Le groupe de travail a tranché à l’unanimité dans ce sens. C’est d’ailleurs ce que préconisait le rapport Giampino. Les modules de management ouvert aux EJE souhaitant avoir des fonctions d’encadrement hiérarchique, ne seront donc pas intégrés à la formation initiale. Et la FNEJE demande par ailleurs que la possibilité d’accéder à des postes de direction soit réservée (sans dérogation possible) à des EJE ayant au moins trois ans d’expérience. La FNEJE va plus loin et souhaiterait qu' « un module de formation complémentaire consacré spécifiquement à la gestion d'un EAJE soit exigé pour tous professionnels, quels qu'ils soient, EJE ou Infirmières Puéricultrices. Ce module complémentaire pourrait être proposé dans le cadre de la formation continue. »
A noter que les organisations syndicales des gestionnaires-employeurs et leurs représentants auraient souhaité que le passage en niveau II du diplôme d’état d’EJE positionne les professionnels de facto sur des fonctions managériales.

8. Le timing sera respecté
Officiellement la réingénierie sera terminée dans les temps pour une entrée en vigueur à la rentrée 2018. Même si à la DGCS on concède « qu’on a pris un peu de retard ». L’harmonisation des travaux des cinq groupes de travail-métiers et des cinq référentiels (même validés) peut encore donner lieu à des modifications. Sauf sur un point : le niveau II et le passage en catégorie A qui sont définitivement acquis.
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 25 juin 2017
Mis à jour le 19 février 2018
Pourquoi l éducatrice jeune enfant n apparaît pas dans les professions réglementées ? Alors que souvent on demande un diplôme d état ?