Infirmière puéricultrice : reprise des travaux de réingénierie du diplôme

Pour quelque obscure raison, ils étaient en stand-by depuis 2011. Les travaux sur la réingénierie de la formation et du diplôme d’Etat d’infirmière puéricultrice viennent de reprendre. Deux réunions ont déjà eu lieu. Le point sur ce qui se dessine -   diplôme d’Etat grade Master - alors même que la profession fête cette année ses 70 ans.

 
Tout s’était arrêté, alors que les référentiels d’activités et de compétences étaient validés. Pour le référentiel de formation, il ne manquait plus que le  cadrage interministériel du niveau de sortie par le Premier Ministre. Et depuis 5 ans, les infirmières puéricultrices étaient dans l’attente sans qu’on leur donne vraiment d’explication.

Une spécialisation en 2 ans avec un diplôme de niveau 1 à la clef ?
Depuis le 21 mars, les travaux de réingénierie  de la formation d’infirmière puéricultrice ont enfin repris. La DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins), semble bien vouloir acter que la spécialisation de puéricultrice se fasse en 4 semestres soit 2 ans et aboutisse à un grade Master 2. Mais prudence. « Aucun cadrage ministériel n’a encore été donné de façon claire », remarque Anne Dannenmuller, présidente du Ceepame (Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance, auxiliaires de puériculture et puéricultrice). « Les choses semblent se préciser et aller dans le sens de ce que nous demandons c’est-à-dire l’accès à un diplôme d’Etat avec un grade de Master pour qu’ensuite il puisse y avoir une vraie filière universitaire de sciences infirmières : licence, master, doctorat » avance prudemment Charles Eury, le tout nouveau président de l’ANPDE. Mais rien n’est dit officiellement. Rien n'est confirmé, ni démenti.

En attente du rapport sur les formations paramédicales
En effet, il semble que la DGOS, avant d’acter définitivement ce passage à un niveau Master et valide une spécialisation en 2 ans, attende le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sanitaires) et de l’IGAENR (Inspection Générale de l’Administration de l’Education Nationale et de la Recherche) issu de leur mission conjointe sur les mesures de la Grande Conférence de Santé et notamment les formations paramédicales.   Les orientations de ce rapport qui devrait être rendu public fin mai, sont très attendues. Si elles allaient dans le sens d’une formation en deux ans, rien ne s’opposerait alors à ce que les infirmières puéricultrices accèdent au grade Master, comme leurs collègues infirmiers anesthésistes qui, eux, ont obtenu gain cause. Les infirmiers de bloc opératoire sont en revanche dans la même situation que les infirmières puéricultrices et dans la même attente. Le timing est serré, puisque la nouvelle formation devrait rentrée en vigueur à la rentrée 2018. « Si 4 semestres de formation est une option validée pour une rentrée en 2018, il est nécessaire de déjà préparer les cadres formateurs et les professionnels qui accueilleront les étudiants du nouveau référentiel de formation dès maintenant, reconnait Charles Eury. A cela s’ajoutera la mise en place de la validation des acquis de l’expérience ».

Deux réunions déjà
En attendant cette décision de niveau de diplôme, le groupe de travail (composé de représentants d’associations professionnelles et de formation et d’organisations syndicales), qui s’est déjà réuni deux fois, avance sur la réactualisation des référentiels d’activités et de compétences validés en 2009, et le référentiel de formation. Pour Charles Eury, « de nombreux changement ont eu lieu depuis 2011, il faut tenir compte des évolutions de la société et de l’environnement de notre métier, ainsi que de la démographie des professions avec lesquelles nous travaillons en collaboration ». Une chose est certaine : les infirmières puéricultrices veulent garder leur triple compétence sanitaire, sociale et éducative. Et elles souhaitent aussi que cette fois soit la bonne et que la rénovation de leur diplôme ne soit pas chahutée par les échéances électorales et aille à son terme dans le respect du calendrier annoncé. La réunion du 11 avril concernait le référentiel de formation. Là encore une réactualisation était nécessaire.  « Il s’agit de compléter, voire de réorienter parfois certains éléments pour tenir compte notamment de tous les rapports et recommandations de bonnes pratiques publiés depuis 2011. Comme par exemple les rapports de la CNNSE (Commission Nationale sur la Naissance et la Santé de l’Enfant)  sur le parcours de soins des enfants à pathologies chroniques  ou présentant des troubles de l’apprentissage, le rapport de l’ONDPS (Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé) sur la santé de l’enfant, mais aussi bien sûr le rapport Giampino » rappelle Anne Dannenmuller.

Entrée en vigueur : septembre 2018
La prochaine réunion aura lieu le 22 juin. « On y évoquera les activités à reconnaître dans l’exercice des infirmières puéricultrices, notamment en exclusivité du métier socle infirmier » précise Charmes Eury. En clair, les actes spécifiques liés à leur spécialisation en puériculture, quel que soit leur lieu d’exercice. A ce moment-là le rapport  de l' IGAS et de l'IGAENR sur les formations paramédicales aura été rendu. Les orientations devraient donc être claires et tout devrait pouvoir être bouclé d’ici l'automne. Restera à présenter l'ensemble de la rénovation du diplôme d’Etat d'infirmière puéricultrice dans les différentes instances du Ministère de la Santé et du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour que tout soit en place en septembre 2018, comme prévu.
 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 20 avril 2017
Mis à jour le 12 juin 2023