La Ville de Paris lance un plan de soutien à l’accueil individuel

Paris est le département français qui offre le plus de places d’accueil en structures collectives. C’est un bel a exemple avec ses 52% de places en crèches. En revanche, la capitale est à la traîne sur l’accueil individuel. C’est pourquoi la Ville lance un ambitieux plan de soutien à l’accueil individuel qui sera soumis au vote du Conseil de Paris en mars. Avec des réalisations concrètes et innovantes à la clef. Revue de détails des principaux projets avec Sandrine Charnoz, conseillère petite enfance auprès de l'Adjoint au Maire chargé de l'éducation, de la petite enfance et des familles.
« Nous voulons jouer la carte de la complémentarité. Nous ne souhaitons pas opposer accueil individuel et accueil collectif. Nous souhaitons que les parents aient le choix et voulons mettre en adéquation l’offre et la demande ». Pour Sandrine Charnoz, élue conseillère petite enfance à la Ville de Paris, le fait de lancer un grand plan de soutien à l’accueil individuel ne signifie en rien un désengagement de l’accueil collectif. Tout au plus un rééquilibrage.
A Paris le recours aux assistantes maternelles est faible : 5% contre 20% en moyenne dans le reste du pays. Et le taux de chômage élevé : 12% des assistantes maternelles pointent à Pôle Emploi et 40% connaissent un chômage partiel. Conclusion : cela signifie que l’offre existante n’est pas assez utilisée et sans doute peu connue.
« C’est à cela que nous souhaitons remédier, poursuit Sandrine Charnoz, en donnant notamment plus de visibilité aux assistantes maternelles, en renforçant l’accueil des enfants dont elles ont la garde par des moments collectifs et en les accompagnant pour qu’elles puissent accéder à des formations. »
Vaste programme repris par des propositions et actions très concrètes par la Ville de Paris qui dès 2015, déjà consciente de ces disparités entre les différents modes d’accueil, avait commandé une grande étude (1) pour comprendre les souhaits des parents et des professionnels. C’est à partir des conclusions de cette enquête que la Ville a construit son scénario « sauvetage de l’accueil individuel ».
   
Un espace dédié aux assistantes maternelles sur Paris.fr

Dans cette logique de complémentarité entre les différents modes de garde, la rubrique du site de la Mairie de Paris traitant de la petite enfance et des modes d’accueil comportera un espace dédié aux assistantes maternelles. Elles seront recensées et géo localisées. Chaque professionnelle aura sa fiche et pourra se présenter, exposer son projet d’accueil, faire visiter en vidéo son logement si elle le souhaite, donner ses horaires, etc. Bref, mettre en avant ses compétences et disponibilités. L’idée encore une fois, précise Sandrine Charnoz, est « de mettre tous les modes d’accueil sur le même plan » afin d’informer le plus justement les familles : crèches collectives, familiales, parentales, assistantes maternelles et éventuellement auxiliaires parentales (une charte de qualité de la garde à domicile est en cours d’élaboration). Toute l’offre de places d’accueil à Paris sera proposée et accessible sur le site de Paris. Sortie du site revu et corrigé avec cet espace dédié à l’accueil individuel à la fin du premier semestre probablement en avril.

Des mesures pour soutenir les assistantes maternelles dans l’exercice de leur métier
Soutenir les assistantes maternelles, les accompagner, les aider à renforcer leur professionnalisme, c’est d’abord leur permettre d’avoir accès à la formation continue. En accord avec les services parisiens de la PMI, sans lesquels rien n’est possible, la Ville est en train de travailler sur un système de jumelage d’assistantes maternelles (qui impliquerait donc des délégations d’accueil données de façon moins restrictive voire des dérogations ponctuelles quant au nombre d’enfants accueillis) : l’une accueillant les enfants de l’autre pendant qu’elle se forme et vice versa. Tout cela avec l’accord des parents bien entendu. Autre possibilité étudiée : l’accueil des enfants en halte-garderie durant la formation de l’assistante maternelle les ayant habituellement en charge. Ces deux systèmes pouvant coexister.
Par ailleurs, Paris va poursuivre la création de RAM-RAP, ces lieux qui permettent de rompre l’isolement professionnel des assistantes maternelles et des auxiliaires parentales. Il en existe actuellement 26. L’année dernière, un RAM-RAP itinérant (le P’tit Bus) avait été installé et au début du mois de février, un nouveau RAM-RAP a été inauguré dans le 9ème arrondissement de Paris.
Autre projet : expérimenter des conseils de parents ayant recours à une assistante maternelle, à l’instar des conseils de parents d’enfants accueillis en crèches. Une façon en favorisant les échanges, de redonner aussi ses lettres de noblesse à l’accueil individuel.
Et puisque ce mode d’accueil est méconnu des parisiens, Sandrine Charnoz prévoit de s’appuyer sur les Relais Informations familles (RIF) des mairies pour le mettre en avant.
Enfin Paris cette année lancera sa première Journée annuelle des assistantes maternelles qui se tiendra laux alentours du 19 novembre prochain, date de la Journée nationale des assistantes maternelles.

En projet : création de deux Maisons d’Assistants Maternels
Ce sera une grande première puisque Paris ne compte aucune Maison d'Assistants Maternels (MAM). La question du coût de l’immobilier étant pour beaucoup ! D’où cette idée de la Ville d’encourager la création de deux des MAM dans la capitale. Avec l’idée de faire d’une pierre deux coups. Lutter contre le chômage très fort chez les professionnelles de l’accueil individuel et proposer aux parents un mode d’accueil séduisant à mi-chemin entre l’individuel et le collectif. « Nous savons, précise Sandrine Charnoz, que les assistantes maternelles au chômage ne sont pas dans les quartiers où il y a de gros besoins de garde. Grâce aux MAM nous pourrons les faire venir là où les demandes sont fortes. Ce sont elles les assistantes maternelles qui se déplaceront. Par ailleurs, nous savons que les assistantes maternelles nouvelle génération n’ont pas forcément envie de travailler à leur domicile. Là encore la MAM est une réponse satisfaisante. Enfin cela nous permet tout en restant dans le cadre d’un accueil individuel de développer une part de collectif qui plait aux parents ».
La Mairie va impulser deux créations et faire en sorte qu’elles soient un succès. Qui puisse éventuellement se décliner à l’avenir dans de nombreux arrondissements. « Les assistantes maternelles, souligne Sandrine Charnoz, seront accompagnées par la PMI pour apprendre à travailler ensemble et à faire équipe ».
Pour lancer la première MAM, prévue d’ici fin 2018-début 2019 dans le quartier de la mairie du 18 ème arrondissement, il y a aura une réunion d’information et un appel à candidatures avec un cahier des charges très précis voté par le  Conseil de Paris. « Nous encouragerons les assistantes maternelles intéressées à s’associer avec des collègues en chômage partiel ou total » précise Sandrine Charnoz. Le local sera trouvé et aménagé avec l’aide la mairie d’une part (qui prendra en charge 66% du loyer) et de la Caf (qui financera une partie de l’aménagement et de l’équipement).

Trois crèches familiales d’ici 2020
Il existe une trentaine de crèches familiales à Paris. Et pour la première fois d’ici 2020, il y a aura trois nouvelles créations. Des projets à plus long terme, puisque pour cela la mairie construira de nouveaux locaux ad hoc. L’originalité du projet réside dans le fait que ces rèches recruteront en priorité des assistantes maternelles au chômage. Des discussions sont en cours avec Pôle Emploi.



1) Apur. Petite enfance : le recours aux assistants maternels à Paris, état des lieux et perspectives. Juin 2015.

Des Assises de la petite enfance avant l’été

La Ville prévoit de réunir environ 400 personnes pour réfléchir sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants, l’éveil et les parcours éducatifs des enfants. Seront conviés les professionnels de l’accueil collectif et individuel, les agents, les familles, les associations et les partenaires, mais aussi les mairies d’arrondissement. En effet l’idée c’est que parmi toutes les idées débattues et initiatives proposées, chaque mairie choisisse un projet pour le décliner dans son arrondissement. Cela pourra aller des couches recyclées à l’égalité filles-garçons dans les crèches ou à la lecture avec les petits... Tout est ouvert.

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 13 février 2018
Mis à jour le 08 mars 2018