Les programmes petite enfance et famille d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Dimanche dernier, Emmanuel Macron avec 27,8 % de voix et Marine Le Pen avec 23,1 % de voix se sont qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle. Profitons de cet entre-deux tours pour revenir sur les propositions de l’un et l’autre candidat pour la petite enfance et la famille, avant de reprendre le chemin des urnes le 24 avril prochain. Zoom sur leurs programmes petite enfance et famille. 
Emmanuel Macron : droit opposable à la garde d’enfant et réforme du CMG
« Je suis candidat pour continuer de préparer l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants », annonçait le président sortant Emmanuel Macron dans sa Lettre aux Français officialisant sa candidature début mars. Au fil des déplacements et interventions de sa campagne, le candidat a distillé quelques mesures phares et propositions, affirmant vouloir mettre les enfants, les jeunes parents et mères célibataires au cœur du prochain quinquennat.  

Le droit opposable à la garde d’enfant 
« Parmi les combats qui restent à mener, ma priorité est de procurer dès que possible les 200 000 solutions de garde qui manquent encore aujourd’hui et amènent certains parents à devoir effectuer un choix inacceptable entre vie familiale et vie professionnelle. C’est encore plus vrai, vous le savez, pour les mères seules. C’est la raison pour laquelle nous créerons un droit opposable à la garde d’enfant de moins de trois ans. Les communes seront ainsi encouragées financièrement à ouvrir des places en crèche et à développer des réseaux d’assistantes maternelles. » 

Des mesures pour les familles monoparentales
« Nous soutiendrons le revenu des familles monoparentales, en augmentant de 50% le montant de la pension alimentaire minimale et de l’allocation de soutien familial. Elle passera de 116€/mois/enfant à 174€/mois/enfant. » (…) « Les familles monoparentales seront prioritaires pour bénéficier des horaires décalés pour faire garder leurs enfants. » (extrait de son programme)

L’extension du Cmg de 6 à 12 ans pour les familles monoparentales
« Pour les familles monoparentales, nous étendrons jusqu’à l’entrée au collège l’aide à la garde d’enfant qui s’arrête aujourd’hui à la fin de l’école primaire. Aujourd’hui, l’aide à la garde individuelle d’enfant (le complément mode de garde) s’arrête à 6 ans. Mais après 6 ans, un enfant ne se garde pas tout seul et les familles, surtout monoparentales, se retrouvent dans une situation parfois très compliquée notamment pour concilier vie professionnelle et vie personnelle. C’est pourquoi, nous étendrons pour les familles monoparentales jusque 12 ans, soit l’entrée au collège, l’aide à la garde individuelle d’enfants qui s’arrête aujourd’hui à 6 ans, soit l’entrée en primaire. Cette aide supplémentaire sera ouverte jusqu’à 50 heures par semaine, ce qui équivaut à 2h30 chaque soir après l’école. Elle pourra également être utilisée pour répondre à des besoins plus ponctuels, comme le suivi d’une formation ou un besoin de répit, ainsi que sur des horaires atypiques. » (extrait de son programme)

300 millions d’euros pour réformer le CMG annoncés au Printemps de la Petite Enfance
Lors du Printemps de la Petite Enfance, co-organisé par les Pros de la petite enfance, le 21 mars dernier, Anne de Bayser, responsable des relations avec la société civile dans l'équipe de campagne du candidat, a donné quelques précisions aux professionnels qui l’interrogeaient, sur les ambitions d’Emmanuel Macron pour le secteur de la petite enfance : « On veut promouvoir tous les modes d’accueil qu’ils soient collectifs ou individuels et on veut pouvoir garantir à toutes les familles cette solution d’accueil. A partir de là, ce que l’on constate c’est qu’aujourd’hui notamment pour les familles les plus défavorisées, il y a un taux d’effort qui est parfois du simple au double entre une famille modeste, défavorisée qui met son enfant en mode accueil collectif ou qui met son enfant en mode d’accueil individuel. On veut pouvoir laisser cette liberté de choix à tous, ce qui suppose donc une réforme en profondeur du complément mode de garde de manière à ce que le taux d’effort des familles soit quasiment le même quel que soit le choix que l’on ait fait en termes de mode d’accueil. (…) On l’a même chiffrée (ndlr : cette ambition), c’est 300 millions d’euros qui permettent d’engager cette réforme du complément mode de garde. (…) » et  « Globalement, on sait qu’on aura un effort supplémentaire de plus d’un milliard, d’un milliard et demi sur l’évolution des modes de financement pour ces modes de garde. (…) C’est pour l’ensemble des dispositifs incitatifs et d’accompagnement des modes de garde. » Anne de Bayser a également évoqué « une vraie valorisation de la formation initiale », dans le prolongement des 40 millions déjà dégagés pour la formation continue des professionnels de la petite enfance jusqu’à 2023. Avec « un socle minimum de formation initiale pour l’ensemble des professionnels de la petite enfance ». 

Voir en replay l'intervention de Anne de Bayser lors du Printemps de la Petite Enfance

Les promesses faites à l’UNAF 

Enfin, le 6 avril dernier, Emmanuel Macron écrivait aux associations représentant les familles (UNAF, URAF, UDAF) pour attirer leur attention sur le bilan de son quinquennat et sur les projets à mettre en œuvre s’il était réélu, assurant pouvoir et devoir faire plus. 
Voici les principales propositions qu’il évoquait : 
-    Accompagner davantage les familles d’accueil par le biais de supervision, analyse de pratiques, formation continue, thérapie familiale, etc. Recruter des assistants familiaux et élargir le profil des parents d’accueil. Tenir un fichier des familles d’accueil avec vérification des antécédents d’agréments dans d’autres départements.
-    Créer un fonds national de garantie des salaires des assistantes maternelles financé par la CAF.
-    Organiser une formation obligatoire de tous les professionnels en contact avec les mineurs, y compris au sein de l’Éducation nationale, sur les violences sexuelles, leurs conséquences, leurs repérages et sur les procédures de signalement, les procédures judiciaires, le dépistage de la maltraitance
-    Protéger les professionnels lanceurs d’alerte des pressions, mesures disciplinaires et procès pour diffamation.

Retrouver le projet famille et petite enfance d’Emmanuel Macron

Marine Le Pen : une part fiscale pleine pour le 2e enfant et un prêt public à taux zéro sur dix ans
Candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen propose 22 mesures pour 2022, dont « soutenir les familles françaises ». L’un des 9 livrets thématiques qui développe son programme est consacré à la famille qu’elle souhaite mettre au cœur de son projet présidentiel pour « refaire de la famille un pilier de la nation ». En février dernier, elle affirmait « j’ai pleine conscience de la dégradation des conditions de vie des familles dans notre pays, grâce notamment aux échanges que j’ai eus avec elles ces cinq dernières années. Le soutien aux familles est essentiel, c’est la cellule de base de la société. (…) je veux mettre en place une politique nataliste. » Cependant, dans son programme, elle n’évoque pas la petite enfance, ses propositions pour la famille étant centrées sur l’instauration d’une politique nataliste pour la France, la fiscalité des familles, la réorganisation des aides aux familles et les grands sujets sociétaux (PMA, GPA, euthanasie…). Marine Le Pen n’a pas non plus souhaité participer au Printemps de la Petite enfance, co-organisé par les Pros de la petite enfance, le 21 mars dernier. Les représentants de six candidats avaient pourtant fait le déplacement pour répondre aux questions des professionnels du secteur. De nombreuses questions sur sa vision de la petite enfance restent donc dans l’ombre. 

Voici néanmoins ses mesures phares : 

• Réserver les allocations familiales et primes de politique familiale aux familles dont au moins un des deux parents est Français pour renforcer « les familles nationales » et consolider « la communauté nationale » (proposition qui sera validée par les Français au travers d’un référendum). Les économies substantielles réalisées seront notamment
consacrées à la revalorisation des aides dont bénéficient les nationaux.

Instaurer une part fiscale pleine, contre une demi-part actuellement, pour le deuxième enfant pour soutenir financièrement les Français qui souhaitent agrandir leur famille et d’envisager sans crainte un projet familial ambitieux, nécessaire à la relance de la natalité.

Instaurer un prêt public à taux zéro sur dix ans, pouvant aller jusqu’à 100 000 euros, qui viendra compléter tout prêt immobilier souscrit auprès d’une banque par les couples dont la moyenne d’âge est inférieure à trente ans, et dont au moins l’un des deux membres est
Français. Et pour encourager les projets familiaux, le capital restant dû sera transformé en don à la naissance de leur troisième enfant.

Doubler l’allocation de soutien familial (ASF) pour les parents isolés français la portant à 230 €. Cette allocation sera réservée aux familles françaises. Pour limiter tout risque d’abus ou de fraude, les contrôles seront parallèlement renforcés.

• Marine Le Pen s’engage à un moratoire de trois ans sur les sujets sociétaux (PMA, GPA, euthanasie, IVG…) La seule façon d’ouvrir des débats sur ces sujets ne pourra se faire que par le biais d’un Référendum d’Initiative Citoyenne. L’interdiction de la Gestation pour Autrui (GPA) sera renforcée pour éviter les contournements de la loi en ayant recours à des filières étrangères et la filiation des enfants nés à l’étranger par GPA ne sera pas reconnue.

Retrouver le projet Famille de Marine Le Pen
Article rédigé par : Laurence Yème
Publié le 12 avril 2022
Mis à jour le 25 avril 2022