Nawel Oumer, déléguée à la Petite Enfance de Paris : « Désormais, nous allons favoriser le développement de l’accueil individuel »

Paris, est sans doute la ville de France la plus investie dans la Petite Enfance. Et la capitale est aussi un modèle pour le monde entier. Il faut dire, que depuis prés de quinze ans maintenant, la Petite Enfance est l’une de ses priorités. Nawel Oumer , conseillère de Paris, déléguée à la petite enfance, dévoile les  projets de la ville de Paris : continuer à déployer les modes d’accueil collectif tout en favorisant le développement des solutions individuelles. Un vaste programme qui débitera cet automne.

 
LesPros de la Petite Enfance : Comment Paris a-t-elle relevé le défi des modes d’accueil ?
Nawel Oumer : L’engagement municipal les chiffres le prouvent (NDLR : voir encadré)  est très fort pour la Petite Enfance. On n’est pas loin d’un véritable service public municipal de la petite enfance. Depuis l’arrivée de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, c’est une vraie politique qui révèle de vrais choix d’excellence avec la mise à disposition des moyens nécessaires à la fois pour le personnel, les enfants et les parents. Depuis 2001, 11 000 places d’accueil ont été créées. En 2020, à la fin de cette mandature, 5000 nouvelles places de crèches auront été créées.
 
Quelles sont les principales spécificités de Paris pour la Petite Enfance ?
A Paris, la situation est inversée par rapport au reste de la France. Nous aurons d’ici 2020 environ 50% d'enfants de moins de trois ans  en accueil collectif pour 22% de places en accueil individuel ( assistants maternels et gardes à domicile). Pendant les deux premières mandatures, la priorité a été donnée à l’accueil collectif. D’une part par ce que cela correspondait aux demandes des familles, d’autre part, il fallait rattraper les retards accumulés précédemment. Cela peut paraître peu sur une ville de 2 millions d’habitants, mais mine de rien nous avons gagné 15 000 familles  qui auraient été obligées de quitter Paris, si nous n’avions pas mené cette politique en faveur de la petite enfance et des modes d’accueil.
Cette dynamique étant lancée, aujourd’hui nous allons pouvoir travailler aussi au développement des autres modes d’accueil.
Nous souhaitons coller au maximum aux préoccupations des familles parisiennes. Et apporter des réponses appropriées à tous les types se besoins.

Quels sont vos projets pour soutenir l’accueil individuel ?
Tout d’abord ce qui a trait à l’accueil individuel - comme l’agrément des assistantes maternelles par exemple - relève de la PMI et donc de Paris ville-département.
Nous souhaitons développer les RAM/RAP (réseaux d’assistantes maternelles et d’auxiliaires parentales). Nous souhaitons pouvoir associer les auxiliaires parentales. Cet automne, un bus RAM/RAP avec une éducatrice de jeunes enfants à son bord, sillonnera la capitale pour aller dans les lieux où il n’ y a pas de RAM/RAP. C’est peu. Mais il est vrai qu’il n’ y a que 3000 assistantes maternelles à  Paris. Nous travaillons actuellement sur la localisation de ce bus en tenant compte des spécificités territoriales de chaque arrondissement. .

3000 assistantes maternelles pour une grande ville comme Paris, c’est peu. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord je crois qu’à Paris on pâtit un peu de l’engouement pour le collectif. Ensuite, il y a des disparités qui ne facilitent pas les choses : il y a beaucoup  d’assistantes maternelles dans l’Est parisien  mais peu de demandes, et beaucoup de demandes dans l’ouest mais peu d’assistantes maternelles. Cela tient à la taille et au coût des logements notamment.
Mais au delà de ces faits, nous avons demandé une étude à l’APUR  (Atelier Parisien d’Urbanisme) pour essayer de mieux comprendre cette relative désaffection pour l’accueil individuel dans la capitale. Et à partir de là, dégager des axes de travail pour y remédier et lancer un chantier de relance et de soutien de l’offre de l’accueil individuel à Paris.

Quels sont les enseignements de cette étude ?
 A Paris, comme ailleurs, il y a une sur représentation des femmes chez les assistants maternels. La moitié a plus de 50 ans. 52% sont sans diplôme (elles sont 48% dans ce cas en Ile de France). Beaucoup sont à la tête de familles monoparentales et elles gardent plutôt moins d’enfants mais avec une plus grande amplitude horaire. Et ca, c’est vraiment lié à Paris : taille des logements, temps de transports, horaires de travail.

Concrètement comment allez – vous procéder ?
En septembre nous allons lancer des groupes de travail pour réfléchir  à différentes pistes pour soutenir l’accueil individuel. Nous voudrions inclure dans cette réflexion les auxiliaires parentales. Ces groupes de travail seront constitués par des représentants de la PMI et des associations et syndicats d’assistants maternels. Nous travaillerons sur plusieurs thèmes. L’information aux familles tout d’abord car il faut que les parents connaissent mieux le métier d’assistant maternel  qui encore méconnu voire dévalorisé. Ensuite nous plancherons sur la façon de mieux accompagner les assistants maternels notamment avec un programme ambitieux de formation continue. Un groupe de travail réfléchira aussi au développement des RAM/RAP qui sont efficaces pour lutter contre l’isolement des assistantes maternelles. Enfin il s’agira aussi de veiller à la bonne répartition de l’offre et de la demande sur tout le territoire de la capitale.
Je me donne entre 6 à 8 mois pour aboutir à quelque chose de sérieux qui puisse déboucher sur des actions concrètes.

Vous poursuivrez néanmoins vos efforts en faveur de l’accueil collectif ?
Oui, comme l'a souhaité Anne Hidalgo, nous voulons qu’il y a ait une meilleure transparence autour de l’attribution des places en crèche. Dans ce domaine,  Paris a déjà signé la charte de nationale de Maman travaille .L’attribution des places en crèches est une compétence des maires d’arrondissement. Nous allons recenser toutes les bonnes pratiques dans l’attribution des places en crèches pour permettre une harmonisation des critères. Dans ce domaine aussi nous voulons améliorer l’information aux parents.

Quels sont vos autres projets ?
Paris va se doter d’un schéma départemental de services aux familles avant l(été et une charte de qualité est en cours d’écriture. Elle devrait être terminée d’ici la fin de l’année 2016.

 

La Petite Enfance à Paris : les chiffres - clefs

• Un budget de 500 millions d’euros
• 8000 professionnels
• 750 établissements publics dont 450 municipaux ( multi -accueils, jardins d’enfants, crèches familiales, haltes garderies
• 100% de personnel qualifié travaillant auprès des enfants
• 34 255 places pour 37 000 enfants accueillis.
• 3000 assistantes maternelles
• 10 RAM/RAP avec 68 antennes

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 09 mai 2016
Mis à jour le 10 mai 2016