« Pas de bébés à la consigne ! » : des propositions pour la formation des professionnels de la petite enfance

Le collectif « Pas de bébés à la consigne ! » vient de présenter  un document «  Professionnels de la petite enfance : un plan métiers de qualité pour un accueil de qualité ». Un ensemble de propositions pour la formation des professionnels du secteur - assistants maternels, auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants ou titulaires du CAP Petite Enfance -  qui sont dans la lignée des préconisations du rapport Giampino. Mais « Pas de bébés à la consigne !  » tout en saluant les travaux de la mission Giampino  insiste sur la nécessité d’engager rapidement de vraies réformes sur le financement des modes d’accueil et les conditions de travail des professionnels qui frisent parfois le burn out.  

 
Le Collectif « Pas de bébés à la consigne ! » est en accord avec le rapport remis à Laurence Rossignol, la Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes au début du mois de mai dernier par la mission menée  par Sylviane Giampino sur les modes d’accueil, le développement et l’épanouissement du jeune enfant et la formation des professionnels ». En accord sur ses analyses, constats et recommandations (mais il va plus loin dans ses propositions) et en complet accord avec l’apport théorique sur les besoins du jeune enfant compilé grâce aux nombreuses auditions de chercheurs, universitaires ou professionnels par la mission. «Très clairement explique Collectif le rapport de Sylviane Giampino est un appui pour développer une politique ambitieuse de la petite enfance à commencer par la formation des professionnels ». Cela fait deux ans que le Collectif* , travaille sur le sujet.  

La diversité des métiers : une richesse
« Pas de bébé à la consigne ! » ne remet pas en cause la diversité des métiers dans le petite Enfance.  Une exception française qui selon lui, constitue une richesse. Grâce à la singularité de ces métiers et de leurs  formations, il peut y avoir complémentarité.  A condition, précise  cependant le Collectif que chaque professionnel  dispose des connaissances suffisantes pour accueillir des très jeunes enfants dont on connaît les spécificités et les fragilités. Le Collectif adhère donc à cette  notion de «  prime éducation », une approche énoncée dans le rapport Giampino. Préserver des diplômes différents c’est bien, note le collectif à condition d’ organiser une vraie filière « Petite Enfance » qui prévoit la possibilité de passer d’un diplôme à l’autre  et de proposer des évolutions professionnelles qui constituent de véritables promotions.

Des axes communs de formation
De ce concept de prime éducation découle que si tous les métiers (santé, social et éveil) ont leur place, tous doivent être basés sur un ensemble de connaissances transverses et partagées. Le Collectif a ainsi  dégagé  6 grands axes de formation qui pourraient constituer un socle commun de formation à l’ensemble des métiers de la petite enfance: les soins et la santé du jeune enfant, la connaissance du développement de l’enfant, l’accueil, l’accompagnement et la communication avec les familles, l’accueil du jeune enfant en collectivité ou en mode d’accueil individuel, les actions éducatives auprès du bébé et du jeune enfant et la communication et le travail en équipe. Ces six grands axes concernant à la fois les professionnels de l’accueil  collectif et de l’accueil individuel. Des enseignements communs à compléter, pour chaque métier et formation, par des enseignements plus spécifiques.

Le CAP Petite Enfance : une première marche pour rentrer dans la filière Petite Enfance
Historiquement constate le collectif, ce CAP était destiné aux professionnels qui s’occupaient d’enfants âgés de 3 à 6 ans. Depuis qu’ils exercent aussi auprès des  petits de moins de 3 ans, rien n’a bougé dans leur formation. Pour le Collectif, cette formation doit évoluer tant dans sa durée que dans ses contenus. C’est l’objet des travaux menés actuellement par le Ministère de l’Education en liaison avec la Direction Générale de la Cohésion Sociale ( DGCS).
« Pas de bébé à la consigne ! » regrette que ce type de formation puisse être dispensée par correspondance, que les stages soient trop courts et pas forcément effectués auprès des moins de 3 ans. Enfin les titulaires du CAP Petite Enfance, selon lui, ne peuvent remplacer les auxiliaires de puériculture. Le CAP Petite Enfance est la première marche d’un parcours. Ses titulaires viennent en soutien  des autres pros, mais ne peuvent être en responsabilité véritable

Auxiliaires de puériculture : des études plus longues et renforcées en psychopédagogie
Actuellement le métier d’auxiliaire de puériculture (AP) est un métier para- médical  sanctionné par un diplôme de niveau V. La formation d’AP doit être améliorée pour être mieux adapté à l’accueil du jeune enfant ? Il faut renforcer, propose le Collectif, les compétences en psychopédagogie  tout  en maintenant la dimension sanitaire. Enrichir la formation avec de nouvelles notions, sans l’appauvrir. Respecter la double compétence du métier  qui peut s’exercer à l’hôpital, en PMI ou dans les lieux d’accueil du jeune enfant. Permettre aux APO de passer de l’un à l’autre au fil de sa carrière. Pour mettre une formation sérieuse dans tous ces domaines et prépare les professionnelles à exercer dans différentes structures, le Collectif propose un allongement de la formation initiale : de 10 mois à 18 mois. Avec un rallongement de la durée des stages qui est de 24 semaines  (Six fois 4 semaines) actuellement et passerait à 38 semaines ( 5 fois 6 semaines).
Enfin de le diplôme deviendrait un diplôme de niveau 4. Ces propositions, s’inquiète le Collectif, ne semblent pas correspondre à ce qui prépare actuellement  puisque  la réingénierie actuelle de la formation et le diplôme d’AP  est menée parallèlement à celle du métier d’aide soignante, un métier qui lui ne s’exerce que dans des établissements de santé.

Les assistants maternels : une formation renforcée
Comme pour les autres métiers de la Petite enfance, la formation des assistants maternelles doit être renforcée car si les lieux sont différents, les enfants et les parents sont les mêmes. Donc les connaissances et compétences aussi doivent être les mêmes. Les assistants maternels sont souvent les grands oubliés de la formation continue. C’est pourquoi le plan métiers de « Pas de bébés à la consigne ! » prévoit qu’ils puissent avoir a minima entre 3 et 6 jours de formation chaque année. Pour ce qui est du diplôme, il ne semble pas y avoir de consensus dans le Collectif qui pour l’heure, se prononce pour un statu quo : les assistants maternels doivent suivre certains modules du CAP Petite Enfance.

EJE : les mieux formés, mais …
 Certes le Collectif l’affirme, les éducateurs de jeunes enfant (EJE) sont parmi les pros les mieux formés : 60 semaines de  stages, 1500 heures d’enseignement théorique sur 3 ans. C’est une formation bien pensée, et ces professionnels devraient  être présents dans  chaque lieu où des petits sont accueillis. Seule ombre au tableau, de très nombreux EJE sont appelés à des fonctions de direction  ( ce qui est positif en soi) alors mêmes qu’ils n’ ont pas été formés pour cela. Leur formation le prédispose à exercer auprès des enfants.  Quand ils occupent des postes à responsabilité, il est essentiel de leur proposer une formation adéquate.

Lire les détails de ce plan métiers : http://www.pasdebebesalaconsigne.com/DOC/plan_metiers_petite_enfance_propositions_pasd

* Constitué en 2009 en réaction au Décret Morano modifiant les conditions d’accueil des jeunes enfants et notamment les normes d’encadrement, et les modes de financement. Il regroupe des  organisations,  associations ou syndicats représentant l’ensemble des acteurs l’accueil collectif ou individuel du jeune enfant.
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 14 juin 2016
Mis à jour le 08 janvier 2017