Petite Enfance : ce que la FFEC propose pour les 5 ans à venir

La Petite Enfance veut s’inviter dans la campagne présidentielle. Les associations réunies dans le Collectif CEP-Enfance, Construire ensemble la politique de l’enfance, avaient donné le coup d’envoi dès novembre en publiant leurs exigences pour 2022. Emmanuel Macron, mine de rien, début janvier a lancé le débat. La Fédération Française des Entreprises de crèche (FFEC) apporte sa contribution au débat en publiant un livret répertoriant ses « 11 propositions au service de la Petite Enfance ». Décryptage.
Il y a urgence, il faut un vrai plan d’investissement
D’abord, un constat : 40% des enfants de moins de 3 ans n’ont aucune solution d’accueil. Ensuite, un rappel : « un dollar investi dans les meilleurs programmes éducatifs pour la petite enfance rapporte 7,3 dollars à la société », la fameuse phrase de James Heckmann, prix Nobel de l'Économie, devenue le leitmotiv de tous les acteurs militant pour un investissement dans la petite enfance. Enfin, une conviction : les modes d’accueil doivent participer à une « primo-éducation de qualité ». Et bien sûr, une référence au service public de la petite enfance évoqué par Adrien Taquet et au droit au mode de garde annoncé par Emmanuel Macron, avec un propos clair : « pour créer un droit opposable effectif des enfants à un accueil de qualité il faut répondre à 3 enjeux : investir dans la création de places, former plus de professionnels qualifiés et décréter une mobilisation générale de nos moyens sur une petite enfance de qualité ». Des objectifs qui ne peuvent être que partagés par tous les acteurs du secteur mais dont les moyens pour les atteindre peuvent être différents selon où l'on se place.

Les 11 propositions sont classées autour de 4 grands thèmes

Pour une politique Petite Enfance de l’égalité des chances il faut des professionnels de la petite enfance
1. Former 60 000 nouveaux auxiliaires de Puériculture et éducateurs de jeunes enfants
Un objectif à atteindre sur 5 ans
2. Moderniser la formation des professionnels de la Petite Enfance et ouvrir la reconnaissance des diplômes européens
Le souhait : développer une formation continue certifiante permettant des évolutions professionnelles.
3. Valoriser les professionnels de crèches et micro-crèches, professionnels de l’éducation précoce des enfants
Un appel à une grande campagne nationale de valorisation des métiers « du bien-grandir » pour favoriser les vocations et à une revalorisation financière des métiers de la petite Enfance.

A noter. Sur ces questions, il y a un relatif consensus chez tous les acteurs du secteur. La pénurie de professionnels est un problème pour tous mais tous aussi veulent préserver une qualité de formation pour préserver une qualité d’accueil. Ainsi le Collectif CEP-Enfance, Construire ensemble la politique de l’enfance, parmi ses 11 exigences pour 2022 avaient noté : l’attribution des moyens humains et financiers (pour l'enfance) et la formation dans tous les secteurs de l’enfance. Enfin rappelons que le tout nouveau comité de filière Petite Enfance a pour vocation d’aborder tous ces questions et tout particulièrement la pénurie de pros via son groupe de travail spécifiquement centré sur la crise du recrutement. (Voir la Lettre Hebdo N° 30)

Pour une politique Petite Enfance de qualité il faut investir
 4. Créer 90 000 places de crèches et micro-crèches pour répondre aux besoins d’accueil des enfants et de leurs parents
Un objectif à atteindre sur 5 ans

A noter. Selon le président de la République, c’est 200 000 places qu’il faudrait, tous modes d’accueil confondus.

Pour la qualité d’accueil et les professionnels, il faut dépenser
5. Soutenir les employeurs socialement responsables et étendre le Crédit d’Impôt Famille (CiFam) aux indépendants
6. Sortir du subventionnement public à l’acte d’accueil pour financer la qualité d’accueil
Pour cela il faudrait revaloriser la PSU au minimum de 11,25% jusqu’en 2027. Et créer un bonus horaires atypiques.
7. Revaloriser le plafond payé par les parents en micro-crèches au-delà de 10 € par heure
Un plafond qui n’a jamais été revalorisé depuis 2013… Et qui ne permet pas la revalorisation salariale des pros travaillant dans ces structures.

A noter : Avec ces trois propositions, on retrouve des thèmes chers à la FFEC. La Fédération s’est battue pour un Cifam étendu aux indépendants lors des discussions au parlement sur le Projet de loi de finances (PLF). La revalorisation de la PSU est une « revendication » partagée par l'ensemble des gestionnaires quel que soit leur statut, il faut dire que la COG en cours ne prévoit une augmentation que de 1%. Ce qui, vu le contexte pandémique, est particulièrement peu, et ce malgré le report du Plan Rebond Petite Enfance sur 2022. Ces demandes autour de la PSU et d'un bonus horaires atypiques sont une façon de poser des jalons en vue de la prochaine COG, dont la négociation commencera en Septembre 2022.

Pour une égalité du soutien public
8. Renforcer la dépense publique du Cmg Paje pour favoriser l’égalité des restes à charge
Les micro-crèches Paje, mode d’accueil le moins cher pour les finances publiques, mais le plus cher pour les familles. Une solution : la majoration du Cmg de 30%.
9. Soutenir les dépenses des employeurs en faveur de tous les modes d’accueil des jeunes enfants
Il s’agit de relever le plafond de l’aide directe des employeurs pour co-financer une place en micro-crèche PAJE, une garde à domicile ou une assistante maternelle en le fixant à 25% du Plafond annuel de la Sécurité Sociale
10. Soutenir les micro-crèches engagées dans l’accueil des familles les plus fragiles
L’idée : ouvrir les aides au fonctionnement (notamment les bonus) aux micro-crèches qui jouent le jeu de la mixité sociale et de l’inclusion.
11. Renforcer l’offre d’accueil d’urgence et de répit en micro-crèches
En question : pour bénéficier du Cmg-Paje, il faut un minimum de 16h d’accueil. La demande : supprimer ce plancher.

A noter. Sans surprise, une défense en règle des micro-crèches (une toute petite minorité étant PSU) si souvent attaquées sur leur prix, leur côté peu « social » et accusées de coûter cher à la collectivité. Les micro-crèches ayant particulièrement souffert de la pandémie et ayant beaucoup contribué à la création de places jusqu’à ces deux dernières années. Pour rappel : les aides au fonctionnement ne concernent que les crèches PSU. Et depuis la COG-2018-2022, les micro-crèches - sauf cas
très spécifiques – ne peuvent bénéficier de des subventions à l’investissement.


Cet article a été publié la première fois dans la Lettre Hebdo n°31 du 17 janvier 2022
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 17 janvier 2022
Mis à jour le 10 juin 2023