Déconfinement : pour un accueil de qualité, durable et tenable ! Par Claire Grolleau

Claire Grolleau, présidente de Label Vie (ex Ecolo crèche) milite pour un déconfinement « écologique ». Elle explique dans cette tribune libre pourquoi au nom de la sécurité sanitaire il ne faut pas faire n’importe quoi …Et propose des mesures respectueuses de la santé et de l’environnement.


 
Comment contrôler la circulation des germes avec des enfants qui éternuent sans retenue, bavent et crachent sans cesse, lèchent les surfaces ? Comment faire de la distanciation sociale quand ils ont tant besoin de sociabilisation, de contact humain, de soin ?
Comment réaménager l’espace d’accueil sans stress ajouté au quotidien des professionnels et de leurs familles dans le cas des assistants maternels ? Comment désinfecter le lieu d’accueil sans pour autant s’intoxiquer par la peau, les yeux et les poumons avec de l’eau de Javel ?

Équilibre, durabilité, bon sens, apaisement et réalisme
 Le guide ministériel pour le « plan d’action du déconfinement pour les modes d’accueil du jeune enfant » est en cours de diffusion, pour autant toutes ces questions restent entières. Aussi nous souhaitons vous aider à y répondre par cette tribune et une note de travail  (adressée aux services de l’État la semaine dernière) et corédigée par une dizaine de professionnels de la petite enfance, partenaires et experts en santé environnementale. Nous y avons associée notre connaissance profonde du quotidien des lieux d’accueil à la compréhension des enjeux sanitaires et écologiques qui y sont liés.
Au-delà des recommandations pratiques, c’est un appel au bon sens et à l’équilibre que nous lançons : l’enjeu de la réouverture des lieux d’accueil, au-delà de la reprise économique, est de permettre à chacun d’entre nous (parents, enfants et professionnels) de retrouver une vie sociale et épanouissante tout en appliquant des mesures permettant de maitriser la vitesse de contamination du virus.
Equilibre, durabilité, bon sens, apaisement et réalisme : tel est l’état d’esprit que nous souhaitons insuffler pour cette réouverture, et via ces recommandations pratiques qui ont pour objectif d’être à la fois efficaces face au virus, réalistes et durables en matière de mise en œuvre, et impérativement non nocives pour la santé, le bien-être mental et l’environnement.

Parce qu’aucune pratique professionnelle ne peut être universelle, nous appelons également au partage de vos retours d’expérience et des solutions trouvées par chacun pour maintenir cet équilibre essentiel entre maitrise du risque sanitaire et mission d’épanouissement de l’enfant.  Pour faciliter ces échanges, nous lancerons des canaux d’échange via notre page Facebook dans les prochains jours.  
                 
Mettre à l’abri les personnes à risque et limiter la propagation du virus par les adultes
Il est évidemment impératif que les personnes dites « à risque » (pathologies chroniques), professionnel ou enfant, restent chez elles, protégées ; cela concerne également les personnes ayant un membre de leur foyer considéré comme « à risque ». De même, que toute personne (professionnel ou enfant) ayant un symptôme lié à une affection au Covid 19 ou toute fièvre doit rester chez elle, y compris un enfant dont un membre de la famille semble atteint.
Afin d’éviter l’entrée du virus et d’en limiter la propagation par les adultes, il est recommandé de maintenir les gestes barrières (dont le masque, lavable de préférence !) lors des contacts prolongés et rapprochés entre professionnels eux-mêmes et avec les familles ou tout adulte venant de l’extérieur (fournisseur, intervenant …). Rappelons également l’importance du bon usage du masque pour qu’il garde toute son efficacité (protéger les autres en priorité) : il faut le toucher avec précautions, le laver régulièrement, et continuer d’appliquer les autres gestes barrières (le lavage de mains notamment).

Maintenir des conditions d’accueil propices aux missions essentielles du lieu
Il est essentiel, malgré le climat anxiogène et les inquiétudes liées à l’épidémie, de rappeler les missions centrales que remplissent des lieux d’accueil des enfants que sont les crèches et les assistants maternels : sociabiliser, prendre soin, éveiller, accompagner les familles, coéduquer…
Cette mission sociale se révèle d’autant plus importante dans le contexte actuel de déconfinement, où ces lieux de vie vont accueillir des enfants parfois désociabilisés depuis deux mois, des parents inquiets et perdus face aux recommandations nationales. Les lieux d’accueil se doivent d’incarner et de porter un message rassurant et de bon sens sur la façon la plus sereine, pragmatique et durable de vivre au temps d’une épidémie.
De ce point de vue, la distanciation sociale, les gestes barrières dont le port du masque peuvent être un obstacle à l’accomplissement de ces missions essentielles. La distanciation sociale peut générer une forte incompréhension et du stress chez les enfants comme les professionnels ; le port du masque réduit la communication corporelle si importante pour le jeune enfant.

Intégrer l’épanouissement global de l’enfant et le respect de l’environnement
Concernant les interactions entre enfants, il est illusoire et non souhaitable d’imaginer pouvoir contrôler les interactions et échanges entre les enfants et donc également les échanges de mirco-organismes. En revanche, il est important d’aménager l’espace et le temps d’accueil afin de créer des groupes réduits. Plutôt que de systématiser le port du masque pour les professionnels, il est plus vivable de l’utiliser avec les enfants qu’en cas de contact prolongé et rapproché avec eux (soin, change, biberon…).

Concernant la gestion du lieu, il est impératif de ne pas recourir à des produits d’entretien hautement toxiques et biocides tels que le chlore (eau de Javel) qui affectent dangereusement les voies respiratoires, éradiquent les populations bactériennes bénéfiques du lieu d’accueil et impactent l’environnement.  Plutôt, utiliser les protocoles d’entretien habituels qui garantissent une bonne hygiène globale, aérer très fréquemment et n’employer des recours virucides qu’en cas de cas Covid 19 avéré et de façon maitrisée.
Également, c’est le moment de privilégier et développer les activités en extérieur autant que possible : à l’air libre les polluants chimiques ou microbiologiques sont moins nombreux.

Enfin, il nous parait fondamental de veiller à une alimentation basée sur des ingrédients de bonne qualité nutritionnelle (de saison, sans pesticide...) qui constitueront les meilleurs alliés de la santé des enfants. Rappelons que l’alimentation est notre premier médicament !
Pour un accueil de qualité et des professionnels soudés, partagez vos solutions et vos retours d’expérience
Une fois ces recommandations non exhaustives exprimées, il est fondamental que chaque professionnel et chaque établissement adapte ces principes à sa pratique et partage les solutions trouvées avec le reste de la communauté – pour que nous ressortions plus forts et unis que jamais de cette crise !
PS : Nous allons travailler sur le guide ministériel pour vous en proposer la traduction pratique la plus respectueuse des enfants, des professionnels et de l’environnement.  

Voir les recommandations pratiques de la note de travail de Label Vie

 
Article rédigé par : Claire Grollleau
Publié le 07 mai 2020
Mis à jour le 16 mai 2020