A quand, en France, une vraie loi contre les violences éducatives ordinaires ? Par Catherine Gueguen

Catherine Gueguen, pédiatre et spécialiste des neurosciences affectives et sociales, a toujours prôné la bienveillance éducative et milité pour une loi anti violences éducatives. Aujourd’hui alors que deux propositions de lois similaires (l’une déposée à l’assemblée nationale par la députée LREM Maud Petit, l’autre au Sénat par sénatrice socialiste et ex ministre Laurence Rossignol), elle regrette que ces textes soient si peu protecteurs pour les enfants.
Il reste encore beaucoup à faire pour que la France ait enfin une vraie loi contre les violences éducatives ordinaires. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu deux propositions de loi contre ces violences, une en novembre 2018 à l’Assemblée Nationale et une autre en mars 2019 au Sénat. Et finalement la formulation retenue est très minimaliste, il s’agit juste d’ajouter dans le Code civil à la définition de l’autorité parentale : « Elle s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ». Actuellement cette loi n’a pas encore été promulguée.

 A mon avis, cette proposition de loi n’est pas du tout satisfaisante car
Elle n’est pas du tout explicite : qu’est-ce que veut dire le mot violence ? Cette proposition de loi ne définit pas ce que sont les violences physiques et psychologiques. Or, pour beaucoup d’adultes gifler, tirer les cheveux, secouer etc… ne sont pas des violences. Ils pensent également qu’une humiliation verbale comme « Tu es nul ! Ce n’est pas bien ce que tu fais etc… », menacer, punir, faire peur ne sont pas des violences mais de l’éducation. Il aurait fallu définir dans la loi ce que sont les Violences Educatives Ordinaires (VEO) comme cela est fait dans beaucoup d’autres pays.

• Cette proposition de loi ne concerne pas tous les lieux de vie : elle ne s’adresse qu’aux seuls détenteurs de l’autorité parentale, or dans la journée les enfants subissent beaucoup d’humiliations verbales, des punitions dans tous les lieux où ils vivent : lieux d’accueil de la petite enfance, école, cantine, cours de récréation, centre de loisirs, activités périscolaires, colonies de vacances etc……

 Donc cette proposition de loi ne protège pas nos enfants !  Demandons une vraie loi qui définisse clairement ce que sont les violences éducatives et qui concerne tous les enfants dans tous leurs lieux de vie
Article rédigé par : Catherine Gueguen
Publié le 22 avril 2019
Mis à jour le 21 juin 2019