Médiation animale à la crèche : les enfants reçoivent autant qu’ils donnent !
Apprendre à se connaître et à se respecter
Si la médiation animale est connue et reconnue pour ses vertus dans le milieu du handicap voire même dans les prisons, elle l’est beaucoup moins dans le milieu de la petite enfance, très normé et réglementé. C’est une démarche pourtant riche en enseignements qui permet d’apprendre aux enfants à bien se comporter avec un animal, à le respecter, et à comprendre ses réactions. « Spontanément, les tout-petits ont envie de courir vers le chien et de le caresser. Quand on rencontre un chien qu’on ne connaît pas, rappelle Elorah, on marche vers lui. Et si éventuellement on a envie de l’approcher, on tend la main vers lui. Si le chien bat la queue et s’avance vers l’enfant, il peut le caresser. Mais si le chien détourne la tête et met la queue entre les pattes, il ne faut surtout pas le toucher. » Avec des enfants plus grands, on peut apprendre à demander la permission au maître, mais à la crèche ils sont encore trop petits pour le comprendre. Enfin, apprendre à connaître et prendre soin d’un animal, c’est aussi une démarche qui permet d’appréhender ses peurs, qui renforce l’estime de soi et responsabilise ! C’est enfin l’occasion de découvrir l’anatomie de l’animal, son mode de vie, et de créer des liens avec lui dans une relation équilibrée.
Préparer le projet, avec le soutien des parents
Avant de mettre en place le projet, l’équipe du Mas des p’tits loups s’est assurée du soutien de ses différents partenaires (élu petite enfance, mairie, psychomotricien et psychologue), a demandé l’avis du Centre Canin qui suit la chienne depuis longtemps et sollicité l’autorisation de chaque parent concerné. « Nous avons fait une petite vidéo, un document et une affichette pour convaincre et rassurer les parents du bien-fondé de notre projet. Tous ont été très enthousiastes, relève Elorah. Une maman a avoué avoir de l’appréhension mais nous faire confiance. Une autre s’est même réjouie que son fils puisse apprendre à aimer ces chiens dont elle a elle-même très peur… ». Les enfants ont également été préparés de manière ludique à la venue de Nala à la crèche avec des mises en situation à l’aide d’une grosse peluche pour savoir comment se comporter : ne pas crier ni gesticuler et rester calme.
Un rendez-vous mensuel avec Nala
Une fois par mois, la chienne vient donc passer une heure et demie à la crèche. Elle rencontre les enfants au jardin, par petits groupes de 4 ou 5 enfants (seulement les plus grands de 2 ans et demi à 3 ans) par petits moments de 15 minutes entrecoupés de pauses entre chaque groupe. Bien sûr, les enfants sont préparés avant de venir par la professionnelle qui les accompagne. Hors de question d’arriver en courant et de se jeter sur Nala ou de faire de grands gestes ! Auprès d’Elorah et de sa chienne qui les attends couchée, les petits parlent bas et sont attentifs. Ils apprennent à la caresser, à la brosser et se laissent même lécher la main ! Ils nomment les parties de son corps (et comparent avec le leur), lui donnent à boire et à manger, lui parlent et la câlinent et questionnent sa maitresse pour tout savoir de leur nouvelle amie. « Dès la première rencontre, les enfants ont été très à l’aise, obéissants et coopératifs », s’étonne Elorah. Sur vingt enfants, seuls quatre avaient une appréhension. Mais dès la deuxième, le mois d’après, l’évolution était palpable ! Et dans le laps de temps qui les a séparées, la chienne était de tous les sujets de conversation, à la crèche comme à la maison.
Un vrai support de langage
En effet, les visites de Nala sont aussi un formidable support de langage pour les tout-petits : « Les enfants ont pu verbaliser ce qu’ils avaient vécu avec leur famille et à la crèche, se souvient Virginie. Nala était partie mais c’est comme si elle était encore là ! Une émulation vraiment particulière. Et chaque jour, un petit garçon - celui dont la maman avait peur - a demandé ou était Nala, et ce qu’elle faisait… » Et lorsqu’il l’a revue elle lui était déjà plus familière, il a pu prendre confiance en lui pour aller à sa rencontre. « Je ne pensais pas que ça puisse aller aussi vite ! », s’enthousiasme Elorah. « Jusqu’ici nous avions des tortues au jardin, qui nous aidaient beaucoup lors des adaptations, explique Virginie. Pour faire diversion quand la séparation est difficile, on emmène les enfants nourrir les tortues, leur dire bonjour… mais l’échange va bien moins loin qu’avec un chien ! Les enfants reçoivent autant d’attention et d’affection qu’ils donnent à Nala ! » A la rentrée, les rendez-vous mensuels avec la chienne reprendront pour le plaisir de tous…
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