La FNEJE, déçue du rapport du HCFEA sur la qualité des modes d’accueil

Dans le contexte actuel, la FNEJE comme tous les professionnels de la petite enfance, attendait beaucoup du rapport du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA sur la « qualité affective éducative et sociale des modes d’accueil du jeune enfant ». Elle pensait, après la mobilisation du 28 mars dernier et en attendant la teneur des futures ordonnances de la loi ESSOC, pouvoir prendre appui sur ses recommandations. Et force est de constater que ce n’est pas vraiment le cas.
Après une lecture attentive et minutieuse de  ce volumineux rapport, dans un communiqué publié ce jour, la FNEJE tout en saluant certains points positifs, exprime sa déception en ces termes.
 
En accord avec ce qui est dit sur le développement de l’enfant
« A la lecture du rapport, la FNEJE reconnait que certaines propositions vont dans le bon sens et soulignent les enjeux de l’accueil de la petite enfance. Sur deux aspects spécifiques, le HCFEA affirme que le développement langagier des jeunes enfants doit être considéré́ dans sa dimension multimodale et interactive et non cantonné à des programmes. Le HCFEA met en évidence la nécessité́ d’évaluer nos pratiques mais reste vigilant quant aux risques des évaluations et des labels opérés par des organismes extérieurs.

Méconnaissance de ce qui se fait sur le terrain
Cependant, le rapport met très peu en valeur le fait que de nombreux projets actuellement mis en œuvre sur le terrain sont riches et diversifiés et que les professionnel-les ont à cœur d’accompagner au mieux les jeunes enfants avec les moyens dont ils-elles disposent. Un sentiment de “non- reconnaissance” voire de “méconnaissance” de notre travail apparait tout au long de la lecture. »

Des critiques argumentées
La FNEJE, qui précise qu’elle n’a pas été auditionnée de façon individuelle, argumente point par point ce qu’elle défend et démonte point par point ce qui la choque.
Ainsi elle regrette qu’il n’y ait « aucun soutien explicite aux diplômes de la petite enfance (…) comme gage de qualité à l’accueil du jeune enfant » et la façon dont le métier d’EJE est décrit. Elle souligne aussi que ce qui est déjà mis en œuvre est peu valorisé et que ce qui est proposé, même si c’est souvent dans de louables intentions, n’est pas réalisable sans moyens supplémentaires, rappelant le « surbooking quotidien dans les EAJE ». Idem en ce qui concerne les RAM « la FNEJE est favorable à ce que les assistants maternels bénéficient de séance d’analyse de pratique mais comment prévoir 20 ateliers annuels quand on dispose de 35 semaines d’ouverture hors vacances scolaires ? » s’étonne-t-elle.
La FNEJE se dit très déçue que le rapport n’ait pas pris une position plus offensive sur les taux d’encadrement : « On ne peut se contenter de préserver les taux d’encadrement. (…) ». Rappelons que la FNEJE défend un taux d’encadrement de 1 adulte pour 5 enfants quel que soit l’âge des enfants.
Mais ce qui révolte particulièrement la FNEJE ,c’est cette petite phrase qui propose « d’expertiser la pertinence des EJE et des puéricultices à l’école maternelle ». Il n’est plus à démonter souligne le communiqué la pertinence de cette mesure mais bien d'affirmer que cela est nécessaire comme le défend la FNEJE depuis de longues années. Dans la continuité de cette proposition, la FNEJE est fermement opposée à ce que des directeurs d’école dirigent des crèches ».

La question des moyens en suspens
Ce qui transparait tout au long tout au long de ces remarques,  c’est bien le décalage entre ce qui est proposé et la réalité de terrain. Même quand les propositions sont jugées intéressantes la question des moyens pour leur mise en œuvre n'est pas abordée. Ce n’est sans doute pas le rôle d’un rapport et du HCFEA, mais plutôt celui des politiques, néanmoins n’y faire aucune référence enlève quelque force aux recommandations.

C’est sans doute pourquoi, le communiqué conclut : « ce rapport n’est pas à la hauteur des ambitions dont doit se doter notre pays pour l’accueil des jeunes enfants et de leurs familles. D’autant plus que la question sous-jacente et éludée dans ce rapport reste : à quand des moyens suffisants pour accueillir dans les meilleures conditions le jeunes enfants et l’arrêt d’une politique de rustine. ». Voilà, c’est dit !

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Article rédigé par : C.L
Publié le 08 mai 2019
Mis à jour le 09 mai 2019