Petite Enfance : le point après la grève nationale du 2 février

Hier mardi 2 février, c’était jour de grève nationale dans le secteur de la petite enfance, à l’appel du Collectif Pas de bébés à la consigne et de plusieurs syndicats.  Une journée qui a mobilisé nombre de professionnels. Tous n’ont pas manifesté mais nombreux ont manifesté leur mécontentement et inquiétudes face à la réforme des modes d’accueil en cours. Les derniers ajustements se feront d’ici vendredi , date à laquelle le projet de décret sera envoyé au Conseil national d’évaluation des normes.

A l’appel du Collectif Pas de bébés à la consigne et de plusieurs syndicats, les professionnels de la petite enfance ont été invités aujourd’hui à débrayer. L’objectif : faire entendre leurs voix contre la réforme des modes d’accueil menée par le secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles, Adrien Taquet.  « 1200 à Paris, 250 à Toulouse et à Lyon, 200 à Grenoble, 100 à Lille, Toulon, Limoges, Nantes, Angoulême, Toulon, Marseille, Le Mans... Des centaines de crèches étaient fermées totalement ou partiellement sur tout le territoire » notait avec satisfaction Pas de bébés à la Consigne en fin de journée.
De son côté, la FFEC annonçait 3% de grévistes parmi les 20 000 salariés de ses crèches adhérentes. Globalement donc une mobilisation supérieure à celle de décembre 2020 et assez proche de janvier 2020 ou mai 2019.

Une délégation de Pas de bébés à la Consigne reçue par le cabinet d’Adrien Taquet
A Paris, la manifestation a débuté à 10 heures, Place Saint-Sulpice (6e arrondissement), et s’est dirigée vers le ministère de la Santé et des Solidarités où une délégation de 4 personnes a été reçue par David Blin, Conseiller Services aux Familles au cabinet du secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles.
« Pas de bébés à la consigne a exprimé ses revendications et nous avons également échangé sur la méthode d’élaboration de la réforme, sur les concertations auxquelles le Collectif a participé. Pour rappel, nous avons envoyé en relecture le 15 décembre dernier une version ajustée du projet de décret, avec la possibilité pour les organisations de rendre leurs commentaires pour le 6 janvier au plus tard. Nous avons bien reçu les contributions notamment celles de Pas de bébés à la consigne. Tout a été regardé. Hier, nous avons eu une séance de travail, demain nous en aurons une autre et le but est d’aboutir un texte stabilisé cette semaine afin que le projet de décret soit envoyé au Conseil national d’évaluation des normes ce vendredi », a précisé le cabinet d’Adrien Taquet.

Le message d’Adrien Taquet aux professionnels de la petite enfance
Adrien Taquet a lui choisit de s’adresser à tous les professionnels de la petite enfance , grévistes ou pas , dans un long message où il remercie les professionnels de l’accueil individuel et collectif du jeune enfant pour leur engagement en cette période difficile de crise sanitaire et où il défend sa réforme dont il rappelle qu’elle est le fruit d’une longue concertation. « C’est un texte d’équilibre entre toutes les sensibilités qui traversent le secteur – raison pour laquelle, comme dans tout compromis, chacun trouve des motifs de satisfaction et de regret : regret notamment qu’il n’aille pas assez vite, ou pas assez loin, dans un sens ou dans l’autre, et certains d’entre vous ont souhaité́ l’exprimer ce 2 février. Je le comprends. Mais rien n’aurait été plus insatisfaisant qu’un statu quo devenu de l’avis de tous intenable – règles imprécises, embrouillées, sans vision d’ensemble et semant la tension entre des acteurs qui tous pourtant partagent le seul objectif qui doit nous rassembler : faire aux enfants qui nous viennent le meilleur accueil dont nous sommes capables ».
Enfin le message revient sur sa promesse de créer un comité de filière petite enfance où employeurs et employés seront représentés.

Pas de bébés à la consigne prêt à un printemps des modes d’accueil
Cette longue lettre (à télécharger ci-dessous) est-elle de nature à rassurer les pros ? difficile à dire. Dans son communiqué Pas de bébés à la Consigne intitulé « un ministre des enfants sourd aux besoins des bébés » semble plus déterminé que jamais.   
Le Collectif regrette de n’avoir pas été reçu par Adrien Taquet lui-même et relève que toutes ses demandes ont reçu une « fin de non-recevoir ».
Et de poursuivre : « Le gouvernement écouterait-il plus le secteur privé lucratif et son souci de rentabilité des crèches que les besoins des bébés et les conditions d'accueil ? En quoi est-ce de bonne politique favorable à la petite enfance que d'ouvrir la possibilité aux gestionnaires d'accueillir 15% d'enfants en surnombre tous les jours, de choisir un taux d'encadrement d'un adulte pour 6 bébés, d'y intégrer pour partie les apprentis ? En quoi est-il conforme aux principes de la charte d'accueil du jeune enfant dont le gouvernement fait la promotion que de concéder une malheureuse demi-heure de temps d'analyse de pratiques par mois aux professionnelles de crèches et de laisser cette mesure au bon vouloir des collectivités locales pour les assistantes maternelles ? »
Il conclut  : « Nous demandons solennellement au ministre de nous recevoir, d'écouter les demandes du monde de la petite enfance et d'ouvrir une vraie négociation dans la phase ultime de sa réforme », en prévenant « nous nous tenons prêts à nous mobiliser à nouveau pour un véritable printemps des modes d'accueil ! ».

A suivre.
Article rédigé par : C.L
Publié le 03 février 2021
Mis à jour le 14 juin 2021