Parents défaillants, démission parentale : de quoi parle-t-on réellement ?
12 décembre 2023Personne (ou presque) dans le secteur n’a pu passer à côté des annonces du week-end d’Aurore Bergé, dont la fameuse – et très décriée – mise en place d’amendes et de travaux d’intérêt général pour les « parents défaillants ». Mais quand peut-on dire d’un parent qu’il est défaillant ? Où commence la démission parentale et quels en sont réellement les contours ? C’est sur toutes ces questions que se porte cette analyse passionnante de la sociologue Jessica Pothet. Cette dernière se questionne ici sur la notion même de démission parentale qui n’est pas basée sur « l’observation de la dimension éducative mais (…) sur l’observation du comportement des enfants, lorsque celui-ci déroge aux attentes des institutions ». Et d’opposer cette définition aux résultats de travaux qui « prennent du recul face aux théories attribuant aux seuls parents la responsabilité des comportements déviants de leurs enfants. Dans différents champs – les résultats scolaires, l’absentéisme ou la déscolarisation, les actes de délinquance des enfants – ils mettent en évidence des processus où s’entrecroise une diversité de facteurs, relevant notamment de faits sociaux », continue-t-elle dans le même article. Elle constate également la conception hypertrophiée qu’ont les pouvoirs publics de la capacité des parents à agir, tout en négligeant l’impact sociétal sur le comportement des enfants, et en filigrane, le risque accru de stigmatisation de certaines familles. Bref, pour la sociologue, l’heure est à la redéfinition de la condition parentale. S’il n’y a qu’un article à lire aujourd’hui, c’est bien celui-ci !