Smartphones, tablettes, TV : le constat et la mise en garde des pédiatres

Captivant pour les jeunes enfants par leur praticité, leur instantanéité et leur aspect ludique, les écrans interactifs (Smartphone, tablette, ordinateur, console de jeux) ou passifs (télévision) peuvent, lorsqu'ils sont mal utilisés, interférer négativement dans le développement de l'enfant, rappelle l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA).
Pour dresser un portrait de la consommation de ces écrans, notamment par les moins de 3 ans, l'AFPA a ainsi réalisé une enquête* descriptive auprès de parents d'enfants suivis par quelque 144 pédiatres membres de l'association. Celle-ci montre notamment que 44% des parents prêtent leur téléphone portable à leur enfant de moins de 3 ans pour l'occuper ou encore le consoler.
Tablette ou smartphone : les moins de 3 ans les utilisent 30 minutes par semaine !
 Alors que, selon l'enquête, 47% des moins de 3 ans utilisent des écrans interactifs (tablettes ou smartphones), dont 93% d'entre eux à la maison et 12% en voiture, qu'ils y passent en moyenne 30 minutes par semaine et que 30% l'utilisent sans la présence d'un adulte, l'AFPA souligne qu'avant 3 ans, l'enfant a essentiellement besoin d'interagir avec son environnement. Il construit ses repères spatiaux, interactions de ses 5 sens avec l'environnement, et temporels à travers les histoires qu'on lui raconte et les livres qu'il feuillette. Les jeux traditionnels et les livres sont donc à privilégier. "L'enfant n'a pas besoin d'une tablette pour se développer. S'il n'en a pas, il ne prendra pas de 'retard' sur les autres, explique le Dr François-Marie Caron, Pédiatre à Amiens et membre de l'AFPA. Et si l'enfant est demandeur, on peut l'initier à son utilisation, à partir de 2 ans et demi. Il est important de privilégier le jeu à partager, sans autre but que de jouer ensemble".
La télévision  : 61% des petits regardent le JT 
Toujours selon cette étude, 37% des moins de 3 ans et 17% des plus de 3 ans visionnent des programmes TV non adaptés, notamment le JT pour 61% des moins de 3 ans. Des chiffres qui inquiètent les spécialistes car, selon eux, les programmes diffusés et la publicité incessante provoquent chez les plus jeunes une très forte charge émotionnelle. Avant l'âge de 5 ans, un enfant ne sait pas distinguer une publicité d'un programme TV, c'est pourquoi il est important que l'enfant soit accompagné dans le décryptage des messages diffusés afin de ne pas se retrouver en situation de vulnérabilité. "Avant 3 ans, il n'existe pas de programme tv réellement adapté, précise l'AFPA. À cet âge, l'enfant a une intelligence sensorielle et motrice, et non une intelligence conceptuelle et imagée. Jouer, toucher, manipuler les objets, se familiariser avec l'espace en 3 dimensions est fondamental. D'autant que plusieurs études prouvent que la télévision allumée nuit aux apprentissages de l'enfant même s'il ne la regarde pas".
Les conseils de l'AFPA
Selon l’association, il y a trois grandsgrands principes à retenir quel que soit l'âge de l'enfant
  1. Apprendre à l'enfant à s'autoréguler en fixant des tranches horaires pour regarder des programmes spécifiques, choisis avec les parents pour les plus jeunes.
  2. Alterner les activités pour varier les stimulations et encourager leur création en développant des occupations qui, pour les plus jeunes, mobilisent les 5 sens et les 10 doigts.
  3. Inviter l'enfant à parler de ce qu'il a vu à la télévision ou fait sur son écran interactif. Aidé par l'adulte, l'enfant apprend à construire le récit de ce qu'il a vu, et passe de la pensée spatialisée propre aux écrans à la pensée linéaire du langage parlé ou écrit.

*Enquête réalisée en février 2016 par 144 pédiatres de l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire auprès de parents de 197 enfants de moins de 3 ans (âge moyen : 20 mois) et 231 enfants de plus de 3 ans scolarisé en école primaire (âge moyen : 6,5 ans).
Plus d'infos. : www.afpa.org

 
Article rédigé par : Catherine Alexandre
Publié le 06 septembre 2016
Mis à jour le 05 juin 2017