Soutien à la parentalité : 12 réseaux associatifs signent une contribution commune

Le 15 avril dernier, la DGCS missionnait Anne Raynaud et Charles Ingles pour définir un « socle de compétences et formations des acteurs du soutien à la parentalité ». Inquiets d’une possible « standardisation des actions proposées aux parents » et « marchandisation du soutien à la parentalité », 12 réseaux associatifs dont l’Acepp ont écrit une contribution commune, qu’ils ont adressée à Jean-Christophe Combe et à la DGCS.

Pour rappel, la charte nationale de soutien à la parentalité (arrêté du 29 juillet 2022 modifiant l'annexe de l'arrêté du 9 mars 2022) prévoit 8 principes (cf LH 39). Dans le cadre du 8e principe*, la DGCS a confié le 15 avril 2022 une mission à Anne Raynaud (directrice de l’institut de la parentalité) et Charles Ingles (Caf de la Gironde) afin qu’ils déterminent « les compétences socles attendues pour les professionnels et bénévoles de ce secteur, et dans la mesure du possible les diplômes ou qualifications permettant d’y répondre en ce qui concerne les professionnels. » 

Les craintes des associations à but non lucratif
La teneur de cette mission inquiète les associatifs du secteur. Ils redoutent en effet que cela n’entraîne « une standardisation des actions proposées aux parents et une marchandisation du soutien à la parentalité ». C’est pourquoi, le Collectif associatif du Soutien à la Parentalité qui regroupe 12 réseaux associatifs (Acepp, Uniopss, ADMR, ADT Quart Monde, UNAF, Apprentis d’Auteuil, Centres Sociaux, les pâtes au beurre, Fnepe, FNAAFP/CSE, FFER, Le Furet) a souhaité rédiger une contribution, transmise au ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées et à la DGCS. Une contribution qui a notamment pour objectif d’« affirmer notre attachement à la pluralité des approches et des savoir-faire pour garantir un accompagnement des parents dans leur diversité » et de souligner « l’importance de la posture du professionnel, salarié ou bénévole, et des formations à l’écoute, l’empathie, le non jugement, la prise en compte des besoins, et sur la valorisation des pratiques parentales pour les accompagner. »

Opter pour une politique d’accompagnement ouverte et non standardisée
Dans sa contribution de 5 pages, le collectif estime qu’il faut « répondre aux besoins des parents par une politique ouverte et non standardisée ». Selon lui, eu égard à la pluralité des dispositifs et à la diversité de professionnels nécessaires, « Définir un socle commun de compétences pour tous les intervenants de l’aide aux parents reviendrait à homogénéiser l’offre, et donc à s’éloigner de la réalité plurielle et évolutive des demandes et des attentes des parents, avec le risque de voir cette politique s’éloigner de sa cible et de ses objectifs. » Il estime aussi que la standardisation de l’offre peut transformer le parent en consommateur. Si celui-ci prend l’habitude de consommer des produits standardisés, comme les programmes triple P ou PSFP3, pour le collectif, cela pourrait entraîner une consommation standardisée. Et en conséquence, réduire « l’implication et les capacités d’auto-organisation des parents, rendus progressivement toujours plus dépendants du produit préfabriqué, ce d’autant dans le cadre d’une utilisation à domicile sans rencontre avec d’autres parents ou des professionnels. Cette demande serait alors en totale opposition avec le premier principe de la Charte du soutien à la parentalité. » 

« Améliorer la santé du secteur associatif »
Le collectif indique que le secteur du soutien à la parentalité suscite les convoitises des acteurs du secteur privé lucratif. « Plutôt que de chercher à substituer un secteur privé lucratif à ce qui existe déjà, ou contribuer à transformer la nature de ce qui est proposé, les politiques publiques ne devraient-elles pas envisager d’améliorer la santé du secteur associatif, sans lequel les pouvoirs publics ne pourraient pas revendiquer l’existence d’un « déjà là » ? », interroge-t-il. Et de plaider notamment pour la mise en place d’un « financement pérenne (financement structurel et non par appel à projet) » afin de renforcer « la complémentarité territoriale entre les différents dispositifs et acteurs de l’accompagnement à la parentalité ». A propos de cette complémentarité, le collectif évoque aussi l’importance des institutions locales et préconise : « (…) la bonne articulation des différentes politiques publiques (Schéma Départemental de Services aux Familles, Schéma Directeur de l’Animation de la Vie Sociale, Convention Territoriale Globale) doit être pensée et organisée collectivement. Les Comités Départementaux de Services aux Familles pourraient être ce vecteur, sous condition que les acteurs du soutien à la parentalité y soient pleinement représentés. » 

Concernant le professionnel de l’accompagnement à la parentalité, le collectif met en avant la nécessité pour lui d’être épaulé par « une équipe ou un réseau pluridisciplinaire et multi-référentiel ». Sans oublier que chaque « professionnel référent » doit avoir « une formation ou une expérience dans les métiers du lien ou du soin (travailleur social, psychologue, médiateur familial, éducateur spécialisé, animateur, éducateur de jeunes enfants, technicien de l’intervention sociale et familiale, …), comprenant notamment une formation à l’écoute, l’empathie et le non jugement. » Enfin, il souligne que « la formation et les savoirs acquis par le professionnel ne font pas la compétence ; c’est par la pratique et la réflexivité sur cette pratique qu’il acquiert la juste posture ». Et donc appelle à accentuer et financer « à hauteur des besoins », « les temps d’analyse de pratiques professionnelles et les supervisions (…) pour tous les professionnels, salariés ou bénévoles, intervenant auprès des parents. »

En conclusion de leur contribution, les réseaux associatifs réitèrent leur besoin d’une aide financière structurelle pour conduire leur mission et, pointant du doigt la pénurie de professionnels à laquelle ils sont confrontés, demandent que l’accent soit également mis sur l’attractivité des métiers du soutien à la parentalité. Afin qu’après « l’effondrement de la pédopsychiatrie » ce ne soit pas au tour « de la prévention du soutien aux familles ».

*Garantir aux personnes qui recourent à une action de soutien à la parentalité que les bénévoles ou professionnels qui interviennent dans ce cadre : ont une compétence ou bénéficient d’une formation dans ce domaine ; et disposent de temps de partage d’expérience et d’analyse des pratique.

Télécharger ci-dessous la contribution commune
Article rédigé par : CF
Publié le 21 février 2023
Mis à jour le 15 mai 2023