Aménagement de l’espace : son rôle dans la qualité d’accueil des parents

Les parents attendent parfois longtemps de bénéficier d’une structure qui accueillera leur enfant pendant leur absence. Mais qu’attendent-ils une fois qu’ils l’ont trouvée ? Accueillir est une démarche active qui devrait débuter par un aménagement propice à la rencontre et aux échanges.
L'accueil marque le premier temps d’une rencontre. On est bien ou mal accueilli. Bien accueillir, c'est donner l'hospitalité, c'est aussi accepter, admettre, écouter, loger, offrir, recevoir et saluer.

Traduire une relation de confiance
La crèche est un système enfants-parents-professionnels. Penser ce système par l'aménagement, c'est avoir accès à ce que l'on souhaite avoir et ce que l'on veut offrir. Penser la place du parent en crèche, c’est penser l’environnement dans son ensemble parce que la crèche est un environnement qui accueille et qui prend soin des enfants et aussi de leurs parents. La qualité de l'aménagement des espaces d'accueil c'est être dans l'optimisme. Pourquoi ? Parce que les familles ressentent les professionnels qui font les choses pour eux*. Si l’aménagement de l’espace des crèches était un moyen de faire comprendre aux familles et aux professionnels quel service ils ont face à eux, il deviendrait alors un moyen de traduire une véritable relation de confiance pour les parents. L'aménagement et le mobilier sont de puissants organisateurs des comportements et des relations de communication entre individus. Il est important de le savoir et de s'en saisir.

Garantir un accès visuel
Il existe encore de véritables forteresses à l'entrée des espaces de vie en guise de banque d'accueil où poser le cahier des transmissions. Faire en sorte que les familles puissent voir les personnes qui les accueillent et voir ce qui se passe derrière inspire la confiance. En effet, l'accès visuel répond à un besoin de sécurité du lieu pour les parents et un besoin de sécurité affective fondamental pour le jeune enfant.** L'organisation matérielle de la « zone d'accueil » devrait inviter à la rencontre et aux échanges verbaux et non verbaux. Partager ensemble et aussi pouvoir regarder à travers une vitre, pouvoir entrer partiellement ou complètement dans les espaces de vie. Il s’agit d’éviter les « barrières visuelles » telles que des meubles portes, des portes, des murs… Les parents ont besoin de sentir qu’on ne leur cache rien. Julie Thellier directrice de crèche dans la région de Saint-Etienne confirme : « Un vrai bonheur notre journée du lundi avec l'émerveillement des enfants ainsi que la curiosité des parents qui a permis qu'ils s'autorisent plus à rentrer dans la salle de vie (...) ».

Un bureau ouvert et rassurant
Créer un environnement de confiance commence dès l'inscription, qui est le premier lien avec la crèche. Faisons en sorte que les familles aient un accès direct au bureau de la directrice, qu'ils la voient et qu'elle le voit. En aucun cas la porte (fermée) et l'ordinateur doivent faire office de paravent ou mieux d'isoloir ! Pour résister à la fascination de l'écran, l'ordinateur est placé soit légèrement sur le côté avec un fauteuil sur roulette pour garantir l'ergonomie, soit à une hauteur qui permette que le visage dépasse de l'écran une fois assis, ce qui évite d'être figé vers l'écran et d'être plus ouvert au dialogue. Le bureau doit rassurer les familles, en facilitant les déplacements, la circulation pour que l'enfant venu avec ses parents puisse venir voir qui est là. L'agencement du bureau, son confort et son rangement ont un impact sur la qualité de la relation que nous voulons établir.

Une entrée qui donne envie de découvrir
L’entrée doit représenter une « invitation à entrer ». Un « sas » entre l'intérieur et l'extérieur entre la maison et la crèche, le dedans et le dehors, le « moi » et le « non-moi » qui sert de contenant rassurant qui mène directement à l'espace de vie, ce lieu où se jouent les « séparations-retrouvailles ». Un lieu qui donne à voir, à rassurer, à accorder la confiance par une ambiance sereine.
On peut commencer par alléger les affichages qui surchargent visuellement l'espace, et exposer des messages d'informations qui vont donner à rassurer, à mettre en confiance les parents, qui leur offrent de l'enthousiasme et du bien-être. Oser les citations qui font du bien, les pensées positives qui permettent aux parents de partir travailler ou faire leur journée avec le sourire. Le sourire qui illumine un visage inspire la confiance, permet de casser des barrières. Notre devoir d'optimisme en tant que professionnel se situe aussi dans la relation avec les parents et ce que l'on peut leur offrir en termes d'accueil.
On peut aussi des fauteuils qui permettent de structurer un espace de rencontre pour montrer aux parents qu’une place leur est faite et offrir la possibilité de créer du lien social - trop peu existant encore aujourd'hui en EAJE.
Enfin la zone d'accueil qui précède les espaces de vie de la crèche doit apporter tout ce qui est agréable, rassurant, confortable, ce que l'on appelle « cosy ». Cela passe par un choix stratégique du mobilier, de l'éclairage, des couleurs, des matières et des formes. Une entrée où les parents se sentent accueillis de part l'agencement.


*Selon l'ONaPE (l'Obervatoire National de la petite enfance), les familles ont aujourd'hui un niveau de satisfaction très élevé vis-à-vis des lieux d'accueil collectifs et notamment des micro-crèches.
** Hubert Montagner (psychologiste, ancien directeur de recherche à l'INSERM) parle d'espaces « sécures ». C'est-à-dire qui garantissent la sécurité affective de l'enfant. Il décrit la sécurité affective comme « le sentiment de ne pas être abandonné et en danger(...) ».
Article rédigé par : Marina Lemarié, formatrice et consultante
Publié le 30 mars 2018
Mis à jour le 30 mars 2018