Des assistantes maternelles plutôt très satisfaites de leur travail

Évidemment tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes. Mais, et c’est néanmoins une surprise, les assistantes maternelles sont aujourd’hui plutôt bien dans leur travail. Elles expriment leur satisfaction à plus de 90%. (92% exactement). C’est l’un des enseignements du premier baromètre national sur la qualité de vie des assistantes maternelles au travail, lancé en mars dernier par l’ANAMAAF notamment.  

A plus d’un titre les résultats de ce premier baromètre national sur la qualité de vie des assistantes maternelles au travail sont surprenants. Et pourtant l’enquête, commandée par l’UNSA-FESSAD,  le SUPNAAFAM-UNSA et l’ANAMAAF a été menée de façon rigoureuse par VOUSECOUTE et diffusée par de nombreux réseaux dont les Pros de la Petite Enfance .« Autant la méthode de diffusion du questionnaire, que la structure et la taille de l’échantillon, plus de 8000 répondantes et 35 OOO commentaires recueillis, sont irréprochables assure Marie Noëlle Petitgas, co-présidente de l’ANAMAAF, l’une des associations à l’origine du baromètre. Et pourtant elle convient avoir été surprise de certains résultats : « C’est très étonnant de voir qu’elles sont à plus de 90% satisfaites de leur travail actuel. C’est un pourcentage très supérieur à ceux enregistrés pour les autres métiers du travail social » souligne-t-elle.

Les relations avec les enfants, leur principale motivation

Quand on demande aux assistantes maternelles ce qui les motive arrivent en tête les relations avec les enfants (79%) et ensuite l’autonomie dans l’organisation de leur travail (65%). Qui dira ensuite que les assistantes maternelles n’aiment pas leur travail et ne le font que pour l’argent ! En revanche, ce qui pourrait contribuer à rendre leur travail pénible ce sont en premier lieu le manque de reconnaissance (48%) et la précarité des contrats (40%).
Très étonnant aussi, une tendance que l’on ne retrouve pas chez les professionnels de l’accueil collectif, non seulement elles évaluent leur qualité de vie au travail à 7,1/10 (une très bonne note) mais encore elles considèrent que cette qualité de vie s’est améliorée depuis un an (23%), 57% la vivant comme stable. Seules 18% considèrent qu’elle s’est dégradée. Et quand elle se dégrade, c’est essentiellement en raison de difficultés avec les familles (50%) ou de la baisse du nombre d’enfants à garder (49%).  

Des conditions de travail qu’elles apprécient

Quant à l’organisation de leur travail, à 99% elles disent gérer leur charge de travail sans difficultés (autonomie, adaptation aux imprévus, variété des activités) et considèrent aussi que leur organisation leur permet d’avoir un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Elles se disent aussi plutôt en phase avec ce que les familles attendent d’elles. 97% considèrent très bien savoir ce que veulent les familles, 92% disent recevoir assez d’informations sur les enfants et 90% que tout ce qu’on leur demande correspond bien à leurs missions. Enfin 65% se disent informées suffisamment à l’avance des changements de plannings des familles. Par ailleurs et là encore c’est une surprise, 87% savent précisément sur quoi leur travail est évalué par les familles-employeurs et 73% savent précisément sur quoi leur travail est évalué par les administrations de leur secteur. Voilà de quoi clouer le bec à ceux qui évoquent de récurrentes difficultés avec les services de PMI par exemple. Ce qui est confirmé par les autres points du baromètre (voir ci-dessous.) Leurs conditions de travail seraient - elles complétement satisfaisantes  ? Oui pour 98% notamment grâce à l’autonomie dont elles jouissent (choix du matériel, des activités etc.).  

Peu (pas assez ?) soucieuses de leur santé ?

Assez curieusement, elles sont même 71% à dire qu’elles gèrent bien les contraintes posturales nécessaires à leurs activités, 68% à affirmer qu’elles se sentent bien physiquement et moralement, 43% estiment même qu’elles ne ressentent pas de douleurs et 40% affirment que leur travail n’est pas éprouvant. 47% arrêtent néanmoins leur activité si leur état de santé ne leur permet pas de travailler. Ces chiffres ne sont pas si positifs pour Marie Noëlle Petitgas :  « Si on les lit autrement dit-elle on voit que 53% des assistantes maternelles continuent de travailler même si leur état de santé s’est dégradé, si elles souffrent de Troubles Musculo Squelettiques (TMS) par exemple et  que 57% ressentent des douleurs liées à leur travail. On constate aussi que près de 30% ne savent pas gérer les contraintes posturales inhérentes à leur métier. Ce qui veut dire qu’elles ne font pas assez attention à leur santé » s’inquiète encore à co-présidente de l’ANAMAAF qui précise : « C’est pourquoi nous avons demandé qu’un module gestion des gestes et des postures soient intégré à leur formation initiale ».

De bonnes relations avec les familles 

89% des assistantes maternelles pensent que l’accueil à domicile est un choix des familles qui les emploient. On dit souvent que les assmat se sentent mal-aimées et qu’elles pensent être un mode de garde par défaut. Et cela semble être une idée reçue plutôt fausse. Par ailleurs, on a aussi souvent cette idée que les relations avec les parents ne sont pas aisées. Et bien les réponses enregistrées dans cette enquête prouvent le contraire : 92% s’expriment librement ave les familles sur leur travail, 86% affirment que les familles tiennent comptent de leurs suggestions et 85% se sentent respectées et reconnues par les familles. Plus encore, elles sont 38% à dire que l’évolution des demandes des familles (repas, sorties etc.) a un impact positif sur leur travail et 50% que cela n’en n'a aucun. Seules 10% le jugent négatif.

RAM, PMI :  des directives claires et des soutiens efficaces

La qualité des relations avec les acteurs administratifs est saluée par les assistantes maternelles, ce qui constitue également une très bonne surprise. « Effectivement note Marie-Noëlle Petitgas, il semble que l’on entende toujours parler des cas où ça se passe mal mais que la plupart du temps les relations sont plutôt très satisfaisantes tant avec le RAM que la PMI ». Ainsi côté RAM, (fréquentés à 51% par les assistantes maternelles ayant répondu au questionnaire), elles sont 69% à considérer que le RAM de leur secteur organise suffisamment d’activités entre enfants, et 59% qu’il propose suffisamment de rencontres entre professionnels. Il leur donne des conseils éducatifs (59%) et les aide à trouver des familles-employeurs (44%).  C’est auprès des RAM aussi qu’elles trouvent les informations professionnelles (44%). Elles se sentent en confiance avec leur RAM et la PMI (68%) et trouvent que l’un comme l’autre les soutient en cas de difficultés (62%). Et, - voilà qui va vraiment faire plaisir aux services de PMI si souvent mis en cause - 61% disent recevoir des directives de la PMI bien expliquées et 60% des décisions de la même PMI bien expliquées aussi.  Petit bémol : 24% seulement ont connaissance de leur dossier administratif à la PMI. « Ce qui veut dire que la grosse majorité n’y a pas accès souligne Marie-Noëlle Petitgas. Et ça ce n’est pas normal. »

Formation professionnelle continue :  peut (doit) mieux faire
 75% des assistantes maternelles ont connaissance des formations disponibles mais seules 42% ont bénéficié d’une formation en 2017. Et quand on leur demande leurs besoins de formations à 58% elles souhaiteraient aborder les troubles psychologiques ou du comportement de l’enfant, puis le secourisme (50%). Arrivent ensuite loin derrière le développement de l’enfant (28%), le développement des compétences de l’enfant (27%) et l’accueil s’un enfant handicapé ou en difficulté (26%). Ce hit-parade des demandes s’explique probablement selon Marie Noëlle Petitgas par les évolutions de la société ou les difficultés familiales plus nombreuses impactent le comportement des jeunes enfants. Mais dit-elle « ce qui est sûr c’est que les assistantes expriment leur envie et leur besoin de bénéficier de formation tout au long de leur vie professionnelle


Ces résultats et pourcentages donnent une tendance mais ne sont pas vérité absolue et ne reflètent que globablement le vécu professionnel des assistantes maternelles. Ils vont demander à être analysés encore plus précisément et affinés à la lumière des commentaires et nombreux verbatim recueillis (plus de 35 000). Néanmoins ils vont à l’encontre de quelques idées reçues qui ont la vie dure et qui faussent l’idée que l’on se fait généralement des assistantes maternelles et de l’accueil individuel en général.


Découvrir l’intégralité de l’enquête dans le PDF ci-dessous ou sur  www.votreavisadelavaleur.fr, code ASSM

Le profil des répondantes

Les 8003 assistantes maternelles ayant participé au baromètre étaient âgées »es en moyenne de 44,6 ans. Une grande majorité d’entre elles ont entre 35 et 54 ans.
La plupart n’a pas de diplômes spécialisés  mais 31% sont titulaires d’un CAP petite enfance.
Elles gardent en majorité 3 enfants (40%) ou 4 enfants (43%). Elles ont un salaire moyen brut mensuel de 1470 €. Mais 37% gagnent entre 1500 et 2500 €). Elles ont souvent exercé un ou plusieurs autres métiers avant (93%).

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 03 juin 2018
Mis à jour le 08 juillet 2018