Marine, assistante maternelle : « coronavirus, mais qui croire ? »

Marine, assistante maternelle dans l’Oise avait décidé de poursuivre l’accueil des enfants pendant la crise sanitaire que nous traversons. Mais depuis deux semaines, aucun de ses parents-employeurs  ne lui confie plus d’enfant.  Marine, dans sa précédente chronique expliquait son désarroi et son inquiétude pour sa profession. Cette semaine, c’est pour la santé de tous, jeunes et moins jeunes qu’elle s’inquiète.

 
Bouleversée par les nouvelles
7 décès d’enfants, 5 ans l’âge de mon fils, 13 ans et 19 ans au Royaume Unis, 16 ans en France, 14 ans au Portugal, 12 ans en Belgique et 1 an aux États-Unis, c’est presque l’âge du petit bébé que je garde, mais c’est aussi à quelques mois près, l’âge mon fils.
Le 11 mars dernier, j’ai participé à l’émission « La France face à l’épidémie », sur le coronavirus, pour exprimer nos doutes face au maintien de l’accueil chez les assistants maternels.
Lors de cet échange avec les professionnels de la santé (virologue, infectiologue, réanimateur, médecin généraliste, urgentiste…), on nous a assuré que les jeunes enfants en bonne santé ne risquaient rien, qu’ils ne feraient que des formes bénignes de la maladie, au même titre qu’une femme de 30/40 ans et plus.
On nous a dit et répété que les enfants seraient probablement asymptomatiques  ou alors avec un très léger rhume et que cela passera.
Il est possible que les parents de cette jeune fille de 16 ans aient vu cette émission, se soit sentis rassurés pour leur progéniture en la voyant, mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Tous ces enfants étaient jeunes, en bonne santé, et pourtant ils ne sont plus là, la jeunesse n’a-t-elle vraiment rien à craindre ? Selon les critères, ils n’étaient pas considérés comme « des personnes à risques », au même titre que les enfants en bas âges que nous accueillons.
Les mesures barrières suffisent-elles vraiment ? Même en prenant toutes les précautions possibles, il suffit d’une seule erreur, pour que tout bascule.
 
J’ai vraiment peur !
« Cela touche principalement les personnes âgées »,  c’est ce que l’on nous a dit et répété et maintenant on sait que même les enfants en bonne santé sont touchés.
105 personnes ont  moins de 30 ans, cela me remet encore plus en question.
Les informations quant à la présence du virus sur des zones inertes sont contradictoires, 1h puis 3h…, maintenant le virus resterait jusqu’à 7 jours sur un sac en plastique… N’imaginons pas ce que nous laissons sur les jouets que potentiellement nous avons oublié de désinfecter.
Je ne sais plus, j’ai ce sentiment que même si je me lave les mains, le virus est là, présent, qu’on le touche, qu’on le mange…
Mes inquiétudes augmentent au fur et à mesure que les informations sont contradictoires, comment réellement protéger des enfants dans nos foyers si personne ne dit la même chose.

Nous n’avons pas besoin de masque, vraiment ?
Il y a 2 jours, l’Académie de santé préconisait désormais le port du masque dans nos déplacements, et nos interactions quotidiennes.
Tout comme ces professionnels de la santé présents dans cette émission, qui me soutenaient que se laver les mains pour les assistants(e)s maternel(elle)s suffisait, qu’il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir, que le port de masque n’était pas utile, pourtant aujourd’hui ils ont changé d’avis.
Difficile tant dans la discordance des discours, que dans la disponibilité de ceux-ci, quand on sait que même nos soignants peinent à avoir des masques et font appel aux dons. J’ai donc pris l’initiative d’en créer en tissus (vous pouvez retrouver les tutos sur mon blog).
Je ne suis pas la reine de la couture loin de là, mais si vous avez des vieux vêtements que vous ne portez plus, du fil et une aiguille vous pouvez y arriver tout comme moi j’en suis sûr.
Pour certains cela ne sert à rien, mais à défaut de rien c’est une barrière protection supplémentaire non négligeable, renforçant ce sentiment de sécurité.
 

Un manque
Nous avons la chance d’avoir un printemps doux et ensoleillé, mais le manque est grand.Les enfants ont soif de leurs copains, de sorties, de leurs familles. Nous avons la chance d’avoir un petit jardin, pas très grand, mais suffisant pour exulter toute l’énergie qu’ils ont.
Quand les enfants traversent mon pallier, c’est un troupeau d’éléphants qui sort de la maison, le pas très lourd…Ils tournent au rond comme des lions en cage. Ce besoin de mouvement est nécessaire, il est vital et incontrôlable.
 
Répondre à leurs inquiétudes
On essaie d’apporter un semblant de vie des plus naturel possible, mais les plus grands se posent des questions et c’est normal, ils nous voient et nous écoutent malgré notre prudence, et il est important de répondre à leurs questions face à ce que nous vivons aujourd’hui.
De 4/5ans à beaucoup plus grands les questions sont nombreuses, et il est parfois difficile de trouver les mots justes.
Changeant des activités traditionnelles, avec mon fils de 5 ans, nous avons fait une vidéo avec des petits personnages Playmobil, pour répondre aux questions que se posent les enfants, notamment sur comment se soigner, à quoi sert un masque de protection, le lapin de Pâques va-t-il  Autant de questions auxquels nous adultes, nous ne songeons pas forcément et qui pourtant ont leurs importances chez les tous petits !

Être enfermé avec des enfants boostés d’énergie, n’est pas tous les jours facile
Il y a des jours avec et des jours sans, la solitude, le manque de contacts et le manque de liberté pèsent sur les épaules de chacun, mais des vies sont en jeux, donc tant que cela sera nécessaire chaque jour nous devons faire de notre mieux pour occuper les esprits de chacun, leur apporter bonheur et épanouissement au quotidien.
 
Article rédigé par : Marine R
Publié le 05 avril 2020
Mis à jour le 05 avril 2020