4 bonnes raisons de recruter des hommes dans les structures petite enfance

Les hommes ne représentent qu’une petite minorité (moins de 3%) parmi les professionnels de la petite enfance. En cause une conception encore très féminine du secteur. Mais depuis quelques années les mentalités changent et des directrices de structures jouent la carte de la mixité professionnelle. Deux d’entre elles nous expliquent leurs choix, en dehors de tout cliché et toute pensée réductrice.
1. Donner aux enfants une représentation plus juste de leur environnement
« Pourquoi pas d’hommes en petite enfance ? » serait la vraie question à se poser pour Marie-Pierre Avril, directrice de la crèche municipale l’Orange Bleue à Rueil-Malmaison, auparavant responsable d’une structure qui comprenait un éducateur de jeunes enfants et deux assistants petite enfance. Un monde où les enfants sont entourés uniquement de femmes est une fausse représentation de la réalité. « Leur environnement est composé des deux. Les hommes n’apportent ni quelque chose de moins bien ni de mieux que les femmes dans le secteur, simplement la vraie vie. » Elle a d’ailleurs pu observer que certains enfants issus de familles monoparentales où le papa était absent recherchaient une interaction particulière avec les figures masculines.

2. Apporter une complémentarité dans le travail auprès des enfants
Les hommes ont des positionnements différents de ceux des femmes auprès des enfants. Que ce soit dans la pratique comme en témoigne Sylvie Blangeot, responsable technique du multi accueil parental « Les p’tits Loups » à Etrechy avec Loic, auxiliaire de puériculture qui y travaille depuis 7 ans. « Il organise beaucoup de jeux moteurs, il met en place des activités différentes, il invente des solutions pour gérer l’agressivité de certains tout-petits... Il imagine d’une autre façon. » Dans la posture également car ils ont un timbre de voix et une autorité naturelle qui posent facilement les limites auprès des enfants. Marie-Pierre Avril relève aussi cette complémentarité mais tient cependant à éviter tout généralité. « On n’est pas du tout dans les stéréotypes de genre. Certains professionnels adorent se déguiser et apprécient de passer du temps à donner le biberon aux bébés. Mais il ne s’agit pas de vivre dans un monde aseptisé où on aurait gommé toute la gente masculine. »

3. Créer une ambiance différente au sein de l’équipe
La présence d’un homme peut parfois éviter les tensions constatées au sein d’équipes exclusivement féminines, comme les comparaisons ou les jalousies, auxquelles les hommes sont un peu plus hermétiques. Ainsi Sylvie Blangeot observe que les relations sont un peu plus équilibrées et que la parole circule mieux avec un professionnel dans les effectifs. « Sa propre personnalité joue un rôle bien sûr, précise-t-elle, tous les hommes ne sont pas pareils. » Une nuance que fait aussi Marie-Pierre Avril qui ne travaille actuellement qu’avec une équipe de 35 femmes. « Il y a une énergie extraordinaire entre nous. Mais cet équilibre est aussi dû aux différentes sensibilités que nous développons chacune. Certaines ont un côté plus masculin que d’autres – comme certains hommes ont un côté plus féminin que d’autres. » Ce qu’elle retient de son expérience dans sa précédente structure, c’est la richesse apportée par le point de vue des hommes pendant les temps de réflexion. « Par exemple lors d’une journée pédagogique, nous avons effectué des jeux de rôle. Les hommes s’y exposaient naturellement de manière différente des femmes. »

4. Proposer d’autres figures de référence aux parents
Une chose est sûre, les pères sont aujourd’hui beaucoup plus présents à la crèche. Marie-Pierre Avril constate en effet que dans la majorité des familles qui fréquentent son établissement, les deux parents se relaient pour accompagner ou venir chercher leur enfant et faire les transmissions. « Il y a dix ans, on voyait surtout les mamans ou les grands-mères. » Parfois même ce sont les pères qui s’impliquent dans la période d’adaptation. « Et pour ces papas, c’est rassurant d’arriver dans un lieu où il n’y a pas que des femmes. Ils considèrent un peu les hommes comme leurs alliés et une sorte de connivence se créent entre eux. » Dans la crèche parentale de Sylvie Blangeot, la figure masculine est déjà bien représentée par les pères qui font partie de l’équipe d’encadrement. Eux aussi semblent beaucoup apprécier la présence d’un homme, « ils peuvent échanger avec lui sur des problématiques du quotidien qu’ils rencontrent en tant que papas. » Les deux directrices n’ont été que très rarement ou jamais confrontées à des familles pour qui la présence d’un homme auprès de leur jeune enfant posait problème. En tout cas, elles ne regrettent en rien ce choix d’intégrer une figure masculine dans leur équipe et souhaiteraient d’ailleurs que les formations petite enfance puissent attirer plus d’hommes.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 17 novembre 2017
Mis à jour le 09 décembre 2019