Mon métier ? Jongleuse

Billet d'humeur d'une assistante maternelle

Cesam International
jongleuse
Dernièrement quelqu’un m’a demandé quel était mon métier…. J’ai hésité avant de lui répondre, puis, c’est sorti tout seul !  J’ai répondu en souriant : jongleuse… et femme des cavernes !
Bon, d’accord, la personne m’a regardé d’un drôle d’air. Il m’a semblé voir passer plusieurs émotions sur son visage : stupéfaction ; incompréhension puis contrition !
(Je n'ai pas trouvé d’autres mots qui correspondaient et qui finissaient par la syllabe «tion »)
Et je pouvais lire ses pensées : « la pôôôôôvre, elle est bizarre ! Elle doit avoir un grain ! »

Pourquoi jongleuse et pas « assistante maternelle » ?

Réponse :

Pendant les 2 premiers confinements, cela n’a gêné personne que nous continuions à travailler alors que les crèches et les MAM étaient fermées pour risque sanitaire, et je pense que cela en a même soulagé certains.
 (Les parents par exemple, ce qui est normal : comment télé-travailler avec un petit à côté qui vous demande de l’attention ?).

Nous sommes une profession qui est de seconde ligne mais, profession indispensable parait-il ! (Comme il a été dit par certains politiques de tout bord)

Cela ne gênait personne que nous devions travailler chez nous dans un environnement différent par rapport à d’habitude, car toute la famille était confinée à la maison, et de ce fait notre travail en était perturbé ainsi que l’espace de travail autour (le mal-être, il est vrai, n’existe pas du tout dans notre profession) :

1. Pour la famille qui devait faire attention et c’est normal (mettre le masque en présence des enfants, quitter leur chambre pour laisser dormir les enfants accueillis, le bruit et les cris alors qu’ils étaient en télétravail…etc.), alors qu’ils sont chez eux (dans leur refuge).
2. Pour les enfants que l’on accueillait, et qui voyaient des gens auxquels ils n’étaient pas forcément habitués, et certains endroits pris par la famille, où les enfants ne pouvaient donc pas aller, mais bon, il parait que les enfants s’habituent à tout ! Si ! Si !
3. Pour nous qui devions jongler entre la famille, les enfants accueillis, les diverses mesures et guides sanitaires que l’on nous demandait de mettre en pratique, les repas, etc… (excusez-moi, je dois en oublier !)
4. Puis l’énergie et les idées que l’on devait déployer, afin que les enfants accueillis s’amusent et ne ressentent pas le manque de sorties habituelles, et le stress engendré par la situation (là, je parle en mon nom, et pas forcément au nom de toute la profession !)
5- Non ! il n’y a pas de point 5, c‘était pour voir si vous suiviez… Quoique, il y aurait bien un petit détail qui me vient à l’esprit, mais ce sera pour une autre fois !

Pourquoi femme des cavernes ? (J’ai hésité avec ermite, mais un ermite vit seul, or la plupart d’entre nous… non !)

Réponse :

Car nous travaillons chez nous, et du fait du confinement, nous étions limités pour les sorties avec les enfants accueillis. Je n’ai pas compté le nombre de fois où nous faisions, avec mes petits bouts, le tour de mon petit jardin dans un sens puis dans l’autre sens pour changer. Et encore moi j’ai un jardin !! On en profitait car dehors on pouvait crier et chanter à tue-tête (tant pis pour les oreilles des voisins !)
Je plains vraiment ceux et celles qui sont en appartement et qui devaient faire le tour du salon ou de la salle à manger ou de la pièce où ils accueillent les enfants !  (Mais non ! mais non ! tout va bien !)
Et une fois le travail terminé, ben…on restait chez nous, sauf pour aller chercher à manger (il n’y aurait pas comme une similitude là, avec la femme des cavernes ?)
J’avoue que j’aurais vu passer un mammouth ou un dinosaure, cela ne m’aurait pas étonnée !

Après, je ne suis pas historienne, donc peut être que je me trompe et que ma façon de voir les femmes des cavernes est péjorative et je m’en excuse platement auprès des spécialistes de l’histoire…

Bon d’accord, j’exagère un peu… Je vois du monde :
-  Les parents qui viennent déposer ou chercher leur enfant.
-  Des inconnus quand je vais faire les courses (c’est bien la 1ère fois que j’apprécie d’aller faire les courses)

Certes, tout le monde était confiné et nous n’étions pas les seules à rester cloitrées.
Mais bon, je ne dois pas être la seule à penser comme ça…si ?
Si en effet je suis la seule à avoir ce ressenti, la personne à qui j’ai répondu en souriant que j’étais jongleuse et femme des cavernes, avait raison :  j’ai un grain !

Je sais bien que nous ne sommes pas la seule profession malmenée, en ces temps incertains… Mais en parler, permettra peut-être à d’autres de se sentir moins seul(e)s face aux problèmes, et sinon j’espère que cette histoire vous aura fait sourire !

Signé : une assistante maternelle qui a un grain (de folie ?)
 
Publié le 04 mai 2021
Mis à jour le 13 décembre 2021