Former un stagiaire : un travail enrichissant mais qui demande du temps

Lorsqu’une structure décide d’accueillir un stagiaire elle s’engage à le former et lui faire découvrir la vie en crèche. Un travail parfois compliqué et lourd pour les professionnels qui y consacrent énormément de temps. On fait le point sur les moyens qu’ils peuvent mettre en place pour accompagner au mieux les stagiaires tout au long de leur présence à la crèche.
De l’observation à la pratique 
Les stagiaires ne sont pas des bras, souligne Jérôme Dumortier, directeur de la crèche Les Souriceaux à Villeneuve-d’Ascq (59). Nous ne sommes pas censés avoir les mêmes exigences qu’avec un professionnel”. En effet, il faut garder à l’esprit qu’un stagiaire ne remplace en aucun cas un professionnel. Il est là pour apprendre et s’imprégner des techniques et pratiques. Il doit aussi pouvoir s'extraire du groupe pour observer et alimenter ses écrits. “Ce sont des professionnels en devenir” ajoute le directeur. 
Le stagiaire doit donc être suivi et encadré tout au long de cette période d’apprentissage. “On fait un bilan chaque semaine. Ça permet de cibler les difficultés et fixer des objectifs” explique Julie Brunel, coordinatrice des micro-crèches “Les Petites Merveilles” à Paris. Le stagiaire peut ainsi progresser tout au long de son stage. 

Mais la découverte du métier ne passe pas que par la pratique. Le stagiaire apprend aussi à travers l’observation des enfants, les actions et la parole des professionnels ou même pendant les discussions informelles lors de la pause-déjeuner, et découvrir la structure avec le point de vue de tous les employés. “Il ne faut surtout pas s’arrêter à un professionnel. Chacun à sa manière de faire. Il est important pour le stagiaire d’observer tout le monde, même les cuisiniers ou les techniciens de surface”, souligne Jérôme Dumortier.

Le guider vers son futur métier 
Chaque structure a son fonctionnement pour la répartition du temps d’observation et du temps de pratique. Jérôme Dumortier explique qu’aux Souriceaux : “les stagiaires ont toujours une semaine d’observation du fonctionnement de la structure, des enfants et des professionnels, avant de basculer vers la pratique”. La durée de la période d’observation varie en fonction de l’envie et de l’expérience du stagiaire. 
Dans d’autres structures, cette répartition va dépendre du niveau de formation du stagiaire mais aussi de sa capacité à travailler en autonomie. Tenzy Trottoux, directrice de la halte-garderie Méli-Mélo (réseau associatif Crescendo) à Paris, précise qu’un stagiaire en phase de découverte du métier ne va pas du tout avoir les mêmes objectifs qu’un stagiaire en formation depuis déjà deux ans par exemple.

Le but d’un stage pour Julie Brunel “c’est aussi de leur apprendre à aimer chaque aspect du métier, les bons comme les mauvais”. Les référents transmettent leurs connaissances, leur expérience et donnent leur avis sur les écrits que le stagiaire doit rendre à la fin du stage. Cela peut également lui permettre de créer un lien entre sa formation scolaire et son expérience professionnelle. Tenzy Trottoux aime que les stagiaires prennent des initiatives, posent des questions ou demandent de l’aide. 

Soutenir aussi le stagiaire dans ses échecs 
Autre point important pendant le stage : toujours accorder une marge d’erreur au stagiaire. Il a le droit de se tromper car il est en formation, et c’est en faisant des erreurs que l’on apprend. Mais en cas de problème, il faut prendre le temps de confronter les points de vue pour tenter d’améliorer la situation, voire même de trouver une solution. En revanche, si la discussion n'aboutit pas le directeur peut mettre fin au stage en rompant le contrat - toujours en ayant l’accord du centre de formation du stagiaire. Si par exemple, le courant ne passe pas avec certains parents, c’est au directeur de déceler le problème, le stagiaire n’est généralement pas concerné. Mais si la faute est plus grave, comme un accident avec un enfant, le stagiaire peut être renvoyé par mesure de sécurité. 

Un échange qui apporte beaucoup 
Accueillir un stagiaire est un gros investissement pour un lieu d’accueil. “Lorsqu’on veut former un stagiaire avec un vrai suivi, cela demande énormément de temps” souligne Jérôme Dumortier. Répondre à ses questions, lui faire des retours sur ses écrits ou encore lui expliquer ses erreurs afin que son stage soit constructif et qu’il progresse au maximum. 

Malgré cette contrainte de temps, accueillir un stagiaire reste synonyme d’enrichissement pour toute l’équipe - professionnels de la petite enfance ou personnel d’entretien.  Avec ses interrogations et ses remarques, il aide les professionnels à remettre en question leurs pratiques. “C’est une richesse de croisement de regards, explique Tenzy Trottoux. Chacun apprend de l’expérience de l’autre”. Le stagiaire peut aussi questionner l’aménagement de l’espace et plus généralement sur le fonctionnement de la crèche. Julie Brunel ajoute : “Accueillir des stagiaires nous tient à coeur. Si c’était une contrainte, on n’en prendrait plus”.
Article rédigé par : Julia Dumoulin
Publié le 04 septembre 2018
Mis à jour le 04 septembre 2018