Audrey, ex du BTP, a créé la crèche de ses rêves

À tout juste 30 ans, Audrey Lamy a de l’énergie à revendre ! Ex-responsable de chantier dans le BTP, elle a tout plaqué pour ouvrir une micro-crèche à Vitry en Artois, dans le Pas-de Calais. Récit.

 
BTP et vie de maman : impossible !
Jusqu’alors Audrey ne s’était jamais imaginé travaillant dans la petite enfance. Elle était responsable de chantiers de plusieurs millions d’euros dans la région. Et ce encore jusqu’en novembre dernier. Douée dans son travail et très impliquée, elle ne se voyait pas changer tout de suite d’univers. Jusqu’au jour où la maternité a fait partie de sa vie. Enceinte, les conditions de travail dans lesquelles elle exerce sont difficiles. Et elle commence à se poser de plus en plus de questions quant à son avenir professionnel. Elle plonge avec délice dans l’univers de la maternité, lit beaucoup sur le sujet et embrasse ce nouvel univers.
Début 2016 son petit garçon, Gabin, voit le jour. Elle reprend le travail et très vite, elle s’aperçoit qu’il ne va pas être compatible avec une vie de jeune maman. « J’avais une amplitude horaire de travail très large ! Je déposais mon fils à 6h30 et je le récupérais à 19h30 parfois même 20h. Ce n’était plus possible » détaille t-elle. Elle décide alors de prendre les choses en mains pour amorcer un changement. Mais lequel ? Elle ne le sait pas encore. Elle fait alors un bilan de compétences entre février 2017 et juin 2017. Ce qu’il en ressort ? L’envie d’être enseignante. De travailler avec des enfants donc.

De l’idée à l’action
Dans le même temps, Audrey interroge les mamans de son village et discute de sa difficulté à trouver le mode de garde idéal pour son fils. Elle se rend compte qu’elles sont nombreuses à partager son avis : « Soit elles n’étaient pas satisfaites de leur mode de garde, soit les structures souhaitées étaient pleines… » raconte Audrey. Alors l’idée de créer une structure qui réunirait les critères tant attendus des jeunes parents commence à germer dans son esprit. Et tout s’enchaine très vite ! Elle fait des recherches sur internet, découvre des franchises. Mais, non, ce n’est pas ce qu’elle souhaite mettre en place. Elle se renseigne davantage et s’aperçoit qu’elle peut devenir gestionnaire d’une micro-crèche sans pour autant être diplômée de petite enfance. Une aubaine ! « J’ai alors lancé une étude de besoins sur la commune, j’ai suivi une petite formation à la chambre de commerce pour passer du statut de salarié à chef d’entreprise, et je me suis lancée » dit-elle simplement.
Imaginer les plans d’une structure, pour Audrey, c’est facile ! Elle qui travaillait dans le BTP n’a donc aucune difficulté à budgétiser les travaux, étudier la rentabilité financière du projet, comprendre le charabia des normes etc. Elle fait alors part de son projet au Maire, qui, même s’il ne peut la soutenir financièrement, l’encourage vivement à développer sa micro-crèche.

La crèche de ses rêves
Le maire honore sa promesse et l’aide dans ses démarches. « Il me fallait l’autorisation d’ouverture au public, donnée par la mairie, qui prend en général 5 mois à obtenir. J’avais joué la carte de la sécurité en faisant appel à une architecte pour monter tout le dossier accessibilité et incendie. En 3 semaines j’avais l’avis favorable ! » se remémore t-elle. Puis elle le contacte la PMI un lundi, qui se déplace le vendredi suivant et lui valide le lieu. Aucune difficulté donc pour Audrey qui voit son projet avancer à la vitesse de la lumière. L’une des raisons ? Avoir trouvé des locaux immédiatement. Audrey avait fait construire une maison qu’elle souhaitait vendre. Elle a eu l’excellente idée de la garder, pour la transformer en crèche ! Quelques ajustements ont été nécessaires ainsi que quelques travaux pour donner vie à la crèche de ses rêves : une salle de jeux/activités de 60m2, un jardin de 300m2, une cuisine pour des ateliers culinaires…

Plus de 200 CV reçus !
Novembre 2017, Audrey quitte son job. Et elle a changé d’avis. Elle ne veut plus être simple gestionnaire de crèche mais souhaite être impliquée dans la petite enfance. Elle décide donc de passer le CAP petite enfance en candidat libre, qu’elle a obtenu haut la main en juin dernier (18,5/20 de moyenne !). Chapeau !
A peine libérée de son premier métier, elle commence un stage dans une crèche municipale. « Je me suis nourrie autant que j’ai pu ! J’ai tout observé, analysé, décortiqué pour m’inspirer des bonnes pratiques à mettre en place et pour apporter aussi des améliorations », poursuit-elle. Et pendant ses pauses déjeuner, Audrey change de casquette. Elle endosse celle de chef d’entreprise et fait passer des entretiens pour recruter sa future équipe. « J’ai reçu plus de 200 CV ! Je me suis faite aider dans la sélection par Proch’emploi. Puis j’ai rencontré environ 40 personnes et j’ai décidé de prendre une EJE à temps plein, une animatrice titulaire du CAP et il y aura une troisième personne en 2019. » explique Audrey.

Aujourd’hui, la crèche « Le petit Prince » a reçu son agrément de la part de la PMI et ouvre le 27 août ! Audrey a hâte de déployer son projet pédagogique pensé autour des 5 sens, d’explorer les partenariats mis en place avec des personnes extérieures pour proposer des ateliers de psychomotricité, d’anglais ou encore de langage de signes. « J’ai créé la crèche que j’aurais voulu trouver pour mon fils à l’époque. Et j’en suis ravie » conclut-elle.




 
Article rédigé par : Laure Marchal
Publié le 21 juillet 2018
Mis à jour le 21 juillet 2018