La micro-crèche de Mickaël, EJE : un projet mûrement réfléchi

Mickaël Saragaço est devenu éducateur de jeunes enfants (EJE) après une reconversion professionnelle. Très vite, l’idée de créer sa propre structure a germé dans son esprit. Mais pour être sûr d’être bien préparé et de monter un projet qui a du sens, il a pris le temps de travailler auprès d’autres professionnels avant de se lancer lui-même. Pari réussi, sa micro-crèche « Le bébé est une personne » a ouvert à Tourcoing en septembre dernier. Retour sur son parcours.,
Educateur de jeunes enfants : une reconversion évidente
Après avoir travaillé pendant trois ans comme technicien de maintenance dans la climatisation, un poste dans lequel il ne se retrouve pas, Mickaël Saragaço ressent une lassitude professionnelle et décide de changer de voie. Il obtient une équivalence du Baccalauréat et se lance en 2006 dans une classe préparatoire aux concours d’entrée dans les carrières sociales. Travailler auprès des enfants s’impose rapidement à lui comme une évidence. « J’avais déjà une sensibilité pour la petite enfance car ma mère était assistante familiale, raconte-t-il. Et certaines lectures m’ont beaucoup parlé, notamment les ouvrages de Françoise Dolto : c’est elle qui m’a amené à la psychologie du jeune enfant. » Mickaël découvre la profession d’EJE au cours d’un pré-stage en crèche associative à Hem (Nord) et sait alors que c’est le chemin qu’il souhaite prendre. Il passe avec succès le concours de l’école d’EJE de Lille et effectue sa formation de 2007 à 2010, au cours de laquelle il enchaîne les stages en crèches, instituts médico-éducatifs (IME) et maisons d’enfants à caractère social.

Des grosses structures aux micro-crèches
Son diplôme d’Etat d’EJE en poche, Mickaël travaille pendant un an dans une structure associative. Puis de nouvelles opportunités s’offrent déjà à lui : la directrice du multi-accueil au sein duquel il avait effectué un de ses stages lui propose de devenir son adjoint : il endosse ses premières responsabilités de direction. Il accepte ensuite de prendre en charge la section des bébés dans une structure accueillant 80 enfants. Une expérience enrichissante mais qui ne lui convient pas. « Dans les grosses unités d’enfants, on voit les limites de l’accueil, explique Mickaël. Les professionnels sont plus fatigués, ils ont moins de temps à consacrer à chaque enfant. Ce n’était pas mon truc et c’est ce qui m’a aidé à forger mon projet : créer une micro-crèche avec mes propres valeurs. »

Mickaël se tourne alors vers ces petites structures et assume le rôle de référent pédagogique dans deux micro-crèches. Trois ans plus tard, en 2015, il s’arrête pendant 6 mois pour s’occuper de son fils qui vient de naître. Pour garder le lien avec son travail, il accompagne sur la partie pédagogique une éducatrice qui crée une micro-crèche, et prendra par la suite la tête de sa deuxième structure. « C’était une expérience très intéressante et une belle opportunité, estime-t-il, pour comprendre comment tout cela fonctionnait avant de porter moi-même un projet. »

Mickaël se sent enfin prêt, même s'il avoue que le projet était déjà écrit depuis longtemps dans sa tête. Une aventure dans laquelle il se lance avec sa femme : « ce projet s'est vraiment construit à deux », souligne-t-il. Une fois le local idéal trouvé à Tourcoing, les choses ne traînent pas : début des travaux en mai 2017 et ouverture de la structure en septembre. Infirmière libérale, sa femme installe son cabinet au sein de la structure et devient la garante des protocoles de santé et du suivi sanitaire des enfants.

La bienveillance au fondement de sa crèche
Répondant au doux nom de « Le bébé est une personne », la micro-crèche accueille les petits sur 186m2. « Il fallait un local suffisamment grand pour apporter du confort aux enfants comme aux professionnels, précise Mickaël. On a besoin de place ! Dès le démarrage, j’ai voulu pallier les difficultés que j’ai pu connaître avant. » Ce qui passe aussi pour lui par la mise en place d’un taux d’encadrement optimal pour assurer un accueil qualitatif des enfants et éviter les plannings trop tendus : trois professionnelles à temps plein et une quatrième en 20 heures.

Cette bienveillance envers tous est au cœur du projet de Mickaël. Son mémoire de fin d’étude portait d’ailleurs sur la bien-traitance et la manière de remédier aux violences éducatives. Mais dans sa crèche, pas de pédagogie spécifique, on s’appuie sur différents courants parce que ce qui compte, ce sont les valeurs de base. « Il faut réfléchir sur le fond avant de penser la forme, souligne-t-il. Il ne faut pas mettre quelque chose en place simplement pour se démarquer. Si on travaille avec de solides compétences et dans la bienveillance, c’est déjà très bien. »
La crèche de Mickaël s’inscrit dans une logique où les parents ne reçoivent pas chaque semaine des cadeaux réalisés par leurs enfants, les grandes fêtes ne sont pas nécessairement célébrées... « On avance dans le respect de ce que l’enfant peut comprendre et peut faire. »

Un projet tourné vers la parentalité et le partenariat
Autre axe majeur du projet, l’inclusion des parents. Mickaël a remarqué que les parents avaient de nombreux sujets de questionnement et ne trouvant pas toujours de réponses auprès des personnes ressources, se tournaient beaucoup vers les professionnels de leur mode d’accueil. « Nous avons un rôle de co-éducateur à jouer, explique-t-il. Dans notre crèche, nous tenons donc à accompagner le développement des enfants dans la continuité de ce que font leurs parents. »
Afin de mettre en place des repères, la période d’adaptation dure 15 jours pour tout le monde. Et il s’agit au fil du temps de créer une ambiance conviviale pour mettre à l’aise les parents, d’apprendre à se connaître, de faire tomber les barrières. « Un dialogue plus ouvert permet de parler plus facilement des situations compliquées », précise Mickaël. Ainsi la crèche organise chaque semaine un café des parents et commence à instaurer des ateliers le samedi matin qui proposent aux parents d’échanger sur des thématiques variées, avec l’appui d’une autre EJE spécialisée en psychologie.
Mickaël veut même aller plus loin, en cherchant des partenariats avec d’autres structures. « Je suis en lien avec une assistante sociale qui travaille sur un projet autour de la parentalité. Ce serait intéressant que les parents de la crèche puissent y participer. »

La crèche de Mickaël s’inscrit déjà dans une démarche de décloisonnement des milieux puisqu’elle a démarré un projet intergénérationnel avec le Centre Social des Trois Quartiers. Une fois tous les quinze jours, les enfants se rendent à son club de couture pour réaliser avec les personnes du centre des ateliers artistiques. Celles-ci seront amenées à venir à leur tour à la crèche.
Heureux de ces projets qui se mettent en place, Mickaël a encore plein d’idées en tête…
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 27 février 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019