Tout arrêter ... Ou presque. Par Amandine Micoulin

Puéricultrice, cadre de santé

DR
skateboard
Je cours, encore et encore… Non pas que je sois un disciple des salles de sport, de la healthy food : je suis une adepte de ce que je peux surtout, comme beaucoup de femmes (en tout cas je l’espère, sinon je serai bien la seule et cette perspective me désole).
Je cours pour faire passer des MSP, peaufiner mes cours sur le développement psychomoteur, pour corriger les évaluations, donner des rendez-vous.
J’accélère pour être à l’heure à la sortie de l’école des enfants et rester dans la parentalité positive. Quelle puéricultrice digne de ce nom hausse le ton sur ses enfants ? Une mauvaise assurément !
Me voilà partie aussi pour la fac, on est jeudi, j’ai cours trois jours d’affilée une semaine sur deux.
Voyez-vous j’étais devenue un directeur qui avait un peu (oh ça va, juste un peu !) perdu de vue la raison pour laquelle elle a décidé de faire l’école des cadres : accompagner les professionnelles, les valoriser, leur monter l’exemplarité de la bienveillance pour qu’elles puissent l’être à leur tour avec les enfants accueillis. Tiens, au passage, ça fait un bon sujet de mémoire de master non ? Original et tout et tout.
Et bien non, voyez-vous, je suis commune : apparemment 90% des cadres puéricultrices passées par le master en coaching ou des étudiants en licence gestion des structures sanitaires et sociales ont déjà eu cette brillante idée.
Il va donc falloir trouver mieux comme sujet de recherche.

Alors me voilà en train de repasser d’une main et de touiller les pâtes bouillies de l’autre (et oui, cette année on est plutôt gluten que caviar : je suis e-t-tu-d-i-a-n-t-e vu !) lorsque je me rends compte que j’ai encore un cours à préparer et que je n’ai pas fait le gâteau d’anniversaire de mon fils.
Tout cela pour vous dire que je cours toujours, ça vous intéresse ? Me voilà donc à faire semblant que je suis détendue, que j’ai eu le temps de me préparer et de planter quelques bougies sur un cake finalement acheté (après tout j’ai pris du made in France).
Maman, vient essayer le skate ? s’il te plait ? on te voit plus en ce moment.

C’est à ce moment-là, à ce moment précis que ma chère amie, qui est aussi celle de beaucoup de femmes j’en suis certaine est venue me tendre la main. Qu’il est bon d’être accompagnée tout au long de sa vie de jeune fille, de femme, de mère !
Elle, elle est toujours fraîche, disponible, prompte à vous faire monter sur un skateboard à 42 ans, alors que le seul sport que vous faites c’est quelques étirements dans une piscine avec trois ou quatre grands-mères.
Elle ne m’a pas relevée lorsque je suis tombée, ne m’a pas fait de plâtre quand j’ai rencontré l’interne des urgences, pas d’injections d’anticoagulants pour compenser mon immobilisation.
Madame culpabilité m’a juste souri : « monte sur ce satané skate, tu n’es pas beaucoup là pour ton fils en ce moment, ça lui fera plaisir ».

Et bien Madame, sachez que je me suis arrêtée de courir, je reste là, sur mon canapé à lire des articles, à regarder quelques séries, mon mari faire les tâches ménagères, à travailler ledit mémoire pour lequel au final j’ai trouvé une thématique !
Sachez que de nombreuses femmes, mères ou pas vous connaissent aussi, depuis la nuit des temps, depuis la première pomme et sans pesticides celle-là !

Alors au final, parfois dans notre parcours professionnel le destin nous stoppe au détour d’un skatepark et de quelques enfants riant de voir leur mère monter sur cette maudite planche à roulettes.
En tout cas, ce n’est pas ici que je culpabiliserai de ne parler que des femmes, vous à qui je dédie cette chronique, à celles qui courent, et ne se stoppent que lorsque la vie leur rappelle que si l’esprit n’a pas de limites, le corps lui en a.
A bientôt pour de nouvelles aventures plâtrées !
 
Article rédigé par : Amandine Micoulin
Publié le 03 mars 2020
Mis à jour le 04 mars 2020
Merci Amandine pour ce moment de partage complice, car tu as raison, nombreuses femmes se reconnaîtront... dignes de grands sportifs sans le savoir, nous courons, courons, courons. Jusqu’au jour où enfin déculpabilisées par une chute ou une maladie, nous pouvons faire une pause. Carpe Diem....