Une journée de formatrice. Par Bernadette Moussy

EJE, formatrice (enseignement des courants pédagogiques)

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formation à la nature
Que reste-t-il chez les stagiaires après une journée de formation ? Ceci est une constante interrogation dont les différentes données ne peuvent pas se dévoiler dans leur complétude. Et qu’en est-il du côté du formateur ? Je fais donc ce court partage. Ce n’est pas un modèle mais l’évocation d’un bon souvenir.  

Il y a quelques mois la responsable de la Fédération  des éducateurs de jeunes enfants du sud de la France, m’a demandé une intervention autour de « La pédagogie à la nature. » Elle m’avait entendue lors d’une journée à la FNEJE-nationale.
C’est un sujet que j’avais fréquemment traité avec des étudiants EJE, mais je voulais renouveler ma façon de faire et préparer « comme si c’était la première fois ». Quitte à regarder mes notes précédentes par la suite.
Entre le moment où j’ai fait une proposition et l’ultime programme j’ai eu l’occasion de faire différentes rencontres dont une avec une professeure de danse qui intervient dans les crèches. Elle m’a envoyé des photos de créations enfantines, me proposant d’en faire autant lors de la journée sur la nature. De plus un échange avec une amie formatrice m’a amenée à relativiser une trop lourde organisation des groupes.

Quant au contenu, grâce aux publications actuelles sur les bienfaits des plantes, des arbres en particulier, j’en ai profité pour préciser mes arguments concernant l’intérêt de mettre l’enfant en contact avec la nature. N’y en faut-il pas pour celles et ceux qui sont confrontés aux refus de sortir avec les enfants que ce soit de la part des parents ou du personnel ? Je comptais aussi sur les vidéos d’Ecolo-crèche-Label vie pour affiner des observations d’enfants en contact avec les éléments de la nature.

J’avais évidement pensé aux échanges avec le public mais n’en connaissant ni le nombre, ni la composition je pensais me réajuster au fur et à mesure. J’appris entre temps par la responsable, qu’il serait composé plus ou moins d’une soixantaine de personnes. Et que différentes professions de la petite enfance seraient là. Un noyau de participants étant des habitués de ces fabuleux rendez-vous organisés par la FNEJE-Paca. D’autres questions se posaient aussi sur l’architecture des locaux et l’environnement : pourrons-nous y trouver des éléments naturels ?
Je suis arrivée dans le Sud la veille et l’accueil que j’y ai reçu qui fut très chaleureux a été aussi efficace car je pus être informée du contexte du lendemain. Nous avons été nous promener au bord la mer. J’y ramassais un galet, un bois flotté et une branche de bambou. Le tout travaillé par l’eau…Le lendemain je les apportais et commençais par les présenter au public. Je ne sais s’il y eu de la surprise mais à tort ou à raison j’ai senti un lien entre ce que je montrais et les habitués de la région qui connaissaient bien ces « résidus » de la mer.
Je les remerciais d’être là : faire une formation un samedi, premier jour d’un long pont de trois jours était louable.
Après avoir présenté ce que je pensais de l’urgence du contenu du thème, je leur demandais d’écrire pour eux-mêmes ce qui leur paraissait important. Commencer par un apport personnel qui exprime, même de façon fugitive, son implication par rapport au sujet est une façon d’enclencher une participation active.

Je commençais ensuite par raconter de courtes histoires vécues avec quelques enfants dans la nature et mettais ainsi en relief l’importance des petits détails. Qui n’en n’a pas vécu ? Je continuais avec notre rapport avec la nature car nous faisons partie d’un TOUT. Ensuite quelques rappels sur « l’enfant-graine » et tout ce que cela entraine de notre implication d’éducateur m’a permis d’évoquer quelques essentiels pédagogiques. « L’enfant jardinier » et ce que cela lui apporte d’être non seulement en contact avec la nature mais aussi d’en être responsable ont complété la présentation du sujet. Les observations et les écrits de Valérie Roy me servant entre autre de références. Ensuite les vidéos d’écolo-crèche ont suscité de nombreux échanges.

J’ai profité du moment du repas pour aller voir dehors ce qu’il y avait comme éléments de la nature. J’ai rapporté quelques feuilles dorées par l’automne, mais cela n’avait rien à voir avec ce que l’on l’on aurait pu trouver dans un parc. Nous étions en ville. Même le petit parc pour enfant, tout près, ne nous offrait rien d’autre que du revêtement synthétique. Quelques jolie fleurs dépassaient des grilles, mais pouvait-on y toucher ?
L’après-midi nous avons revu quelques vidéos avec entre autre des créations enfantines. Après avoir raconté encore une courte rencontre avec un enfant parti à la recherche de « trésors » dans les bois, j’ai proposé au public d’aller en faire autant et même d’en profiter pour faire la pose, à leur rythme. J’avais à peine terminé ma phrase que la moitié des participants était sortis.

Comme si chacun était aspiré par l’extérieur. Ils sont revenus peu après qui avec des branches, qui avec des feuilles ou des cailloux. Peu à peu de petits groupes se sont formés dans toute la salle autour de créations « land art ». Ils se sont installés sur des chaises, par terre, sur des tables, prenant ainsi possession de l’espace. J’allais de l’un à l’autre, de bonnes surprises en bonnes surprises. Des créations structurées de façon variées révélaient une écoute des uns et des autres ou s’ouvraient à différentes façon de les regarder.
Reprise par mon sens de l’organisation j’ai marqué au tableau « à 16h55 on reprend ». Mais tous ont continué à échanger, créer...
Pourquoi interrompre ? Il y avait une belle ambiance à la fois calme et dynamique. Le respect du timing n’est pas une priorité lorsque l’essentiel se construit.

A la fin de l’après-midi, lors de la reprise finale nous avons échangé sur ce qui venait de se passer : certains ont parlé de la fluidité entre eux durant la création, comme si leur organisation était venue d’elle-même.
A leur avis pourquoi cette facilité à créer ? : « Il n’y avait pas de pression et nous étions bien ensemble.» N’est-ce pas les deux éléments essentiels à la création : une impression de liberté et une bonne ambiance relationnelle, que ce soit pour les enfants et pour nous ?  C’est une multiplicité de détails qui a construit cet aboutissement, que ce soit l’accueil de la veille, dans les premiers contacts et lors du déroulement de la journée.
 
Article rédigé par : Bernadette Moussy
Publié le 01 décembre 2019
Mis à jour le 01 décembre 2019